SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux

SOURCE : Le Grand Soir


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Emmanuel LEPINE

Secrétaire de la CGT Chimie

La grève des raffineurs pétroliers avec la CGT a modifié la donne sociale en France et en Europe en même temps que le débat sur les stratégies syndicales. Par ailleurs, il y aura et il y à déjà pour les travailleurs et leurs familles un prix élevé à payer pour la guerre en Ukraine voulue par les Etats-Unis et leurs vassaux européens. Cette situation interpelle le mouvement syndical et lui pose des questions inédites auxquelles il se doit d'apporter des réponses. La fédération des Industries chimiques est une des organisations parmi les plus combatives de la CGT. Son secrétaire général Emmanuel Lepine contribue ici à la clarté à partir d'un rapport devant les dirigeants de sa Fédération. En quelque sorte, il fait l'état des lieux !

L’actualité nous montre un monde déchiré par une impitoyable guerre des classes, et aussi par des guerres impérialistes dont le fondement est à la fois le territoire comme instrument de domination, à la fois les rivalités économiques issues des contradictions nées de la poursuite de l’accumulation infinie du capital dans un monde aux ressources finies.

La guerre russe en Ukraine a franchi des caps qui rendent encore moins probable un règlement diplomatique du conflit. Ainsi, l’attentat vraisemblablement commandité par les Etats-Unis, des gazoducs North Stream 1 et 2, a sans doute définitivement mis ces tubes hors d’état de fonctionner, c’est une agression à la fois contre la Russie bien sûr, mais aussi contre l’Allemagne très dépendante du gaz russe, et par extension contre l’Union européenne, qui doit se tourner vers d’autres sources d‘énergie et aussi revoir sa programmation énergétique, comme par exemple en France, l’annonce de Macron, il y a quelques années, d’abandon du nucléaire. Les stocks allemands de gaz sont pleins à 95%, notamment grâce à des importations depuis la France.

Avec la destruction des gazoducs North Stream, c’est la première fois que le conflit se déporte en dehors des frontières des deux belligérants. Que se passerait-il si des installations américaines étaient à leur tour visées par un attentat aux auteurs soi-disant inconnus ? On aurait vraisemblablement une escalade irréversible.

De même l’explosion sur le pont de Crimée a été le prétexte de Poutine pour intensifier les bombardements en Ukraine, sur les villes de l’arrière puis les infrastructures comme les centrales électriques. La propagande fait rage des deux côtés, notons simplement que, alors que Zelensky peut déverser sa propagande en visio au sein de l’Assemblée nationale, le média RT France, lui aussi outil de propagande, mais russe, est toujours interdit en Europe. Deux poids, deux mesures.

La guerre en Ukraine comporte depuis son origine des acteurs en sous-main, les Etats-Unis d’abord, qui ont fait progresser les frontières de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie et qui aujourd’hui, fournissent pour des milliards de dollars d’aide militaire directe à Zelensky. L’intérêt des États-Unis est que ce conflit dure le plus longtemps possible, avec l’objectif d’affaiblir la Russie mais aussi l’Europe, cette dernière devenant d’autant plus dépendante des États-Unis sur les questions énergétiques mais aussi géopolitiques.

Autre acteur, l’Union Européenne qui, outre une aide militaire mais de moindre importance, inflige des sanctions économiques qui se retourne contre les travailleurs européens. D’autres pays aussi sont sommés de choisir leur camp, comme l’Arabie saoudite, accusée de faire le jeu des Russes car refusant l’injonction américaine d’ouvrir les vannes du pétrole, décision qui fait monter les cours et donc finance la Russie ; l’Iran que nos médias accusent de fournir des drones aux Russes .

Ouvrons une parenthèse pour pointer l’hypocrisie de la campagne actuelle sur le sort des femmes en Iran. On se souvient de l’hypocrisie de la campagne menée pour les femmes afghanes martyrisées par les Talibans en 2001, prétexte pour 20 années d’occupation du pays et un abandon pitoyable par les USA en 2021. Aujourd’hui les Talibans sont de retour sans que cela pose de problème à qui que ce soit. Bien sûr le sort des femmes iraniennes doit être dénoncée, mais que dire de cette récupération politique abjecte ? Car depuis quand se préoccupe-t-on en Occident du sort du peuple iranien qui subit depuis 25 ans un embargo meurtrier ? Les Iraniennes et les Iraniens sont en train d’écrire leur histoire, il est aujourd’hui indigne de leur confisquer.

Dernier grand acteur de ce grand jeu géopolitique, la Chine enfin, à qui on reproche de continuer de commercer avec la Russie et ainsi, de ne pas suivre les décisions de ce qu’on appelle « la communauté internationale », autrement dit les pays occidentaux dont nous faisons partie et qui représentent 15% de la population mondiale. La Chine justement, où le 20e congrès du Parti communiste chinois s’est achevé avec la reconduction pour un troisième mandat de Xi Jinping, fait l’objet aussi d’une montée des tensions qui pourrait mal finir. Dernier épisode en date, l’administration américaine vient de prendre une série d’interdictions visant les exportations des puces et ayant pour objectif affiché de « décapiter l’industrie chinoise des semi-conducteurs ». Est-ce une prédiction à la « Bruno Lemaire » qui prédisait que l’Europe allait mettre l’économie russe à genoux avec les sanctions ? On peut se poser la question car, pour le moment, ce sont plutôt les Etats-Unis qui sont dépendants des importations de Taïwan, qui, rappelons-le, est une province autonome certes, mais chinoise. D’où le lien à faire avec la visite provocatrice de Nancy Pelosi et d’autres politiciens américains à Taïwan.

Pour être clair, les prémisses d’une troisième guerre mondiale à base impérialiste, sont présentes. Sans intervention des peuples, on peut craindre le pire sur ce que sera le monde dans un avenir proche. Le contexte international ne peut être complet si l’on n’évoque pas les situations en Palestine et à Cuba. En Palestine, se poursuivent les arrestations arbitraires, les humiliations quotidiennes, les meurtres et les crimes de guerre envers la population civile palestinienne. Un nouveau rapport de l’ONU accuse Israël de « persécution » à l’encontre des Palestiniens. A Cuba, le blocus étasunien n’a jamais été aussi intense, qu’aucune raison ne peut justifier, qui tue autant qu’une guerre silencieuse, frappant indistinctement la population cubaine. Il nous faut régulièrement réaffirmer notre soutien pour ces deux causes.

La toile de fond de cette situation internationale, et de toutes ses répercussions nationales et locales, c’est l’économie capitaliste de prédation des ressources naturelles et du travail humain sur la planète. Cette course à l’accumulation fait forcément des gagnants et des perdants, mais le nombre de gagnants représente une infime partie des perdants, cette minorité s’arroge tous les droits, y compris contre les Etats, pendant que l’immense majorité a surtout des devoirs. Et la pensée dominante réalise le tour de force de faire croire à certains perdants que s’ils perdent, c’est la faute d’autres perdants. Ainsi les riches volent les pauvres et voudraient que les pauvres se volent entre eux.

Quand on oublie ainsi l’analyse de classe, ce qui est le cas de la majorité des travailleurs, on arrive logiquement à refuser de partager la misère, on arrive à désigner des boucs-émissaires et on arrive selon un glissement progressif, à la rhétorique de l’extrême-droite. Le scandale par exemple, ce serait prétendument le salaire des raffineurs à 2500 ou 3000 euros pendant que tant de gens sont payés au SMIC, le scandale ce n’est pas le salaire des éditorialistes des chaînes d’information ni celui des stars du ballon rond ou du CAC 40. Car sans analyse de classe, on oublie que le SMIC, c’est normalement le salaire d’un travailleur sans qualification, et non le salaire normal de tout jeune qui démarre dans la vie active, comme c’est le cas trop souvent, et encore !

C’est ce cheminement politique qui a permis l’accession au pouvoir de Giorgia Meloni, la « Marine Le Pen » italienne. Cette femme issue du Mouvement social italien, qualifié de parti politique néofasciste, a reçu samedi les félicitations de la présidente de la Commission européenne qui envisage sans problème « une coopération constructive » avec son gouvernement. Macron a été le premier dirigeant étranger à la rencontrer avec qui il promet de travailler. Pourquoi dis-je que le parti de Meloni est « qualifié » de fasciste ? Parce que le discours médiatique a changé sur ce sujet. On nous a toujours présenté ce type de formation politique, et le RN en France, comme un parti fondamentalement différent des autres partis. Force est de constater que ce parti, son idéologie, ne pose aucun problème au cartel de l’Union européenne, et que son programme économique ne remet pas en cause les politiques d’austérité menées sans mandat des peuples par la Commission européenne. Cela signifie que la droite est bien compatible, et davantage aujourd’hui qu’hier, avec l’extrême-droite, alors qu’on nous explique depuis 30 ans que la ligne de démarcation passe entre l’extrême-droite et le reste de l’échiquier politique. Nous l’avons déjà dit, pour la FNIC-CGT, cette ligne de l’inacceptable se situe beaucoup plus à gauche.

Ainsi les orientations que nous portons y compris dans la CGT, les stratégies d’action en particulier le dogme du syndicalisme rassemblé devraient être revues à la lumière de cette réalité.

L’Union européenne et ses instances parmi lesquelles la Confédération européenne des syndicats, largement financée par les subsides de Bruxelles, continuera en Italie comme ailleurs, à dicter la voie des réformes à suivre pour que se perpétue le rapport de production capitaliste.

La crise inflationniste n’a pas pour origine unique la guerre d’Ukraine, même si celle-ci a, bien sûr, un impact. L’an dernier, la moitié ou plus de l’approvisionnement en gaz était russe pour la plupart des pays d’Europe. La Russie se trouvant dans la position du fournisseur unique ou principal, l’embargo russe contre l’Europe, car c’est bien de cela qu’il s’agit, a forcément créé une ruée vers le gaz restant, l’américain, et surtout une explosion des prix. C’est un principe économique de base. Chaque gouvernement cherche d’abord à protéger les intérêts de sa propre classe dirigeante, d’où les tensions en Europe et aussi avec les EU. La baisse spectaculaire de consommation énergétique ne peut résulter uniquement des économies, mais impacte la production, ce qui est en train d’aggraver la crise. Les industries consommatrices comme la sidérurgie ou encore la chimie, sont impactées, amenant leurs propriétaires, sachant qu’elles opèrent en économie de marché, à examiner de près leur rentabilité. La baisse de production européenne renforce les importations, affaiblit l’euro face au dollar, ce qui aggrave la situation.

D’autre part, même si une partie de la crise actuelle vient des représailles russes aux sanctions imposées par les gouvernements occidentaux, la spéculation sur les céréales par exemple, avait commencé au lendemain de l’invasion russe, à une date où on était encore très loin de la récolte et encore plus loin des exportations. C’est bien le modèle économique complet qui est en cause, on doit donc avoir en tête qu’on est face à une crise systémique, et non une crise conjoncturelle due à la guerre d’Ukraine, au réchauffement climatique ou au redémarrage de l’économie chinoise.

Cet hiver, les Européens recevront leurs factures d’énergie et beaucoup seront obligés de choisir entre se chauffer et manger. Les travailleurs et travailleuses au Royaume Uni se sont mobilisés depuis cet été face à une inflation supérieure à 10%, chez les éboueurs, les cheminots, les postiers ou encore les dockers. En Belgique où l’indexation des salaires sur l’inflation existe déjà, preuve que c’est possible au XXIe siècle, les syndicats appellent à une grève générale le 9 novembre prochain. Ce ne sont que quelques exemples en Europe.

On se souvient en 2010 des révoltes sociales contre l’austérité dans quasiment tous les pays d’Europe qui avaient suivi le grand mouvement de grèves contre la réforme des retraites en France. On se souvient aussi du choix de la Confédération Européenne des Syndicats de ne surtout rien tenter en matière de convergences des luttes en Europe face à ce qui était déjà une attaque globale. Aujourd’hui on se trouve dans la même situation. Le président de la CES et pantin de la Commission européenne, Laurent Berger, est intervenu trois fois lors de cette grande grève des raffineurs dont je vais parler juste après : la première le 8 octobre pour qualifier le mouvement de « grève préventive ». La deuxième pour déclarer le 13 octobre que « ce n’est pas la convergence des luttes qui va faire l’augmentation des salaires ». La troisième le 18 octobre pour dire que « l’efficacité d’un syndicat ne se mesure pas aux emmerdements qu’il provoque ». Trois déclarations publiques pour condamner la grève, à des moments opportuns pour participer à la bataille des idées qui a fait rage depuis le 20 septembre, et toujours du côté des patrons ! Une belle preuve de l’impuissance totale dans laquelle se trouve la CGT au sein de la CES, qu’on devait transformer de l’intérieur, ne serait-ce que pour empêcher la sortie de telles déclarations.

Au contraire, en pleine bataille, alors que les salariés abordent pour les ExxonMobil leur troisième semaine et les TotalEnergies leur deuxième semaine de grève, alors qu’ils ont en face d’eux un appareil CFDT mobilisé au côtés des directions d’entreprise pour casser la grève, la CGT signe un communiqué intersyndical à 13 organisations, dont la CFDT et le CFE-CGC, qui s’intitule « déterminés pour nos retraites ». Ce choix politique confédéral confirme celui fait au début du mouvement de ne pas soutenir les raffineurs en grève, j’y reviendrai.

Le lendemain 5 octobre, un communiqué confédéral enfonce le clou en saluant l’adoption d’une directive européenne sur un salaire minimum européen, suite à une campagne là aussi de la CES. Cette directive fixe ce salaire minimum à 60% du salaire médian et 50% du salaire moyen, ce qui revient à revendiquer en France un SMIC situé entre 1055 euros (60% du salaire médian) et 1170 euros (50% du salaire moyen), alors que le SMIC est de 1678 euros. Cherchez l’erreur !

Je pose la question : quand va cesser la dérive politique de notre CGT en ne condamnant pas ce syndicalisme non d’accompagnement mais de compromission avec le capital ?

J’en viens à la situation en France et le bilan que nous devons faire de cette période particulière que nous vivons. Après de multiples demandes d’ouverture de négociation salaire depuis le 1er trimestre dans le pétrole, y compris au niveau de la branche, des négociations sont ouvertes le 20 septembre chez ExxonMobil. L’ultime proposition de la direction, relayée en direct dans les salles de contrôle sur le terrain par un blog, déclenche des arrêts de travail spontané dans deux secteurs. Rapidement, le syndicat CGT, suivi par FO, organise les grévistes qui décident l’arrêt des installations à Gravenchon puis à Fos-sur-Mer.

Chez TotalEnergies, la coordination CGT du raffinage avait déjà organisé, pour appuyer ses demandes d’ouverture des négociations, une grève de 24h en juin et de 48h en juillet. La CGT appelle à 72 heures de grève du 27 au 29 septembre, le 27 étant le jour de la négociation salariale de branche avancée de 2 mois, le 29 septembre, la journée d’action interprofessionnelle. Sur les sites de la Mède, Gonfreville, Feyzin et Dunkerque, les grévistes décident de poursuivre le mouvement avec l’arrêt des installations à Gonfreville et la Mède et l’arrêt des expéditions à Feyzin et Dunkerque. FO n’est pas dans le mouvement. La situation à Grandpuits, usine en restructuration, avec un fort taux d’intérimaires, ne permet pas de reconduire la grève, ni à Donges. La seule raffinerie qui n’entrera pas en grève, sauf le 18 octobre, est celle de Petro-Ineos à Lavera (13) car la CGT a signé un accord dont les grandes lignes sont : +5,5% d’augmentation générale, 200 euros de plancher et +20% sur la prime de transport.

Chez ExxonMobil, après 3 semaines de grèves, la CFDT et la CFE-CGC signe un accord le 10 octobre, jugé alors insuffisant par les assemblées de grévistes, mais néanmoins résultat de la lutte. Clairement, l’objectif des deux organisations syndicales signataires est de suppléer la direction pour fragiliser le mouvement de grèves.

Durant ce conflit, les directions d’entreprise ont cherché par tous les moyens à éviter la négociation directe et même, toute communication avec la CGT. Elles se sont exprimées quasi exclusivement au travers des médias, y compris pour publier des propos mensongers comme le 10 octobre, TotalEnergies qui prétend dans un communiqué que la rémunération des opérateurs en raffinerie serait de 5000 euros mensuels, ou encore celui du 11 octobre d’une réunion qui n’aura pas lieu car jamais envisagée par la direction du groupe. Dans ces communiqués, TotalEnergies conditionne toute discussion ou négociation à ce que le groupe multimilliardaire appelle « la levée des blocages », aidée en cela par la CFDT/ CES comme évoqué précédemment.

Le 13 octobre, TotalEnergies annonce une mesure unilatérale d’une prime d’un mois de salaire avant d’ouvrir une négociation, ultime provocation à 20 heures ! Comme chez ExxonMobil, il y aura les deux mêmes signataires pour un accord taillé sur un périmètre d’entreprises différent de celui où s’expriment les grèves. Là encore, nous ne pouvons que dénoncer le rôle des deux signataires pour casser la dynamique de la grève. Pour autant, le résultat obtenu ne l’est que par le conflit en cours.

L’autre point majeur de cette période est bien sûr le recours aux réquisitions. Jugées illégales sur le fond en 2010, elles sont mises en place par le gouvernement chez ExxonMobil Gravenchon à partir du 12 octobre, chez TotalEnergies Dunkerque puis Feyzin à partir du 13 octobre. Bien sûr, la Fédération et les syndicats concernés ont mené la bataille en référé pour les suspendre immédiatement, ce que nous n’avons pas obtenu, mais ce qui ne préjuge pas de leur caractère illégal que la Fédération tentera de faire valoir sur le fond, résultat dans de nombreux mois devant le tribunal.

Ces réquisitions ont déclenché une prise de conscience dans le monde du travail car c’est une attaque directe contre le droit de grève. Réquisitionner les raffineurs aujourd’hui, demain les travailleurs et travailleuses des grandes surfaces, de l’industrie pharmaceutique, etc. ? On voit la dérive possible.

Du point de vue confédéral, le premier communiqué de soutien date seulement du 5 octobre, soit une semaine après le début de la grève chez TotalEnergies et deux semaines chez ExxonMobil, alors que les pénuries de carburant font déjà la une de l’actualité. Et soyons clair, il faut attendre après le 10 octobre pour que la confédération affiche franchement son soutien. Dans le même temps, des dizaines de messages et motions de soutien affluent sur les sites et à la Fédération, dont beaucoup de l’étranger et bien entendu, de la Fédération Syndicale Mondiale(FSM).

La situation créée par la bataille des raffineurs a permis au 18 octobre de compter le double de manifestants et de grévistes dans le pays par rapport au 29 septembre, qui était pourtant une « journée d’action » connue depuis juillet dernier, mais préparée comme de coutume, dans le cadre des journées de syndicalisme rassemblé, qui ne rassemblent plus grand monde au-delà du corps militant. Il ne s’agit pas de crier victoire, mais de constater que trois semaines de grève dans un secteur stratégique ont été plus efficace pour mobiliser le monde du travail, pour obliger les autres organisations syndicales à rejoindre l’appel de la seule CGT, que plusieurs mois voire années de réunions interconfédérales. Il y a lieu de s’interroger de manière pragmatique, au-delà de toute idéologie, quelle stratégie interprofessionnelle serait à même de continuer et faire grandir ce rapport de forces que nécessite le monde du travail face aux enjeux généraux comme celui des retraites.

Le travail a repris chez ExxonMobil et TotalEnergies, sauf à Gonfreville et Feyzin où des revendications locales continuent de nécessiter une négociation, notamment sur des questions d’embauche et d’investissement.

Dans cette séquence, outre les mesures salariales dans le pétrole, nous avons gagné la bataille des idées. Plus personne ne conteste l’évidence qu’il faut augmenter les salaires, y compris la question de l’échelle mobile des salaires se pose de manière sérieuse. Qui aurait parié là-dessus il y a seulement un mois ? Rappelons-nous que mi-septembre, Macron taclait sa majorité en affirmant l’urgence d’une réforme des retraites avant la fin de l’année, peut-être même insérée dans le budget de la Sécurité sociale. On a progressé depuis et ça, seul le rapport de forces l’a permis.

Des grèves sont en cours dans de nombreux secteurs, les nôtres mais pas seulement. Les travailleurs de la filière nucléaire sont allés chercher par la grève un accord salaire meilleur que celui prévu au niveau de leur branche. Et si les patrons lâchent du lest, c’est bien par peur d’un embrasement général qu’on fait entrevoir les raffineurs dans leur lutte exemplaire qu’on ne peut que saluer avec respect et fierté.

La donne a changé, y compris sur la réflexion en cours sur ce que doit être la CGT aujourd’hui et demain dans le cadre des débats futurs du 53e congrès.

L’urgence aujourd’hui, c’est de poursuivre ce processus avec les dates de jeudi 27 octobre et 10 novembre, date à laquelle la RATP devrait se mettre en grève. Rappelons-nous du 5 décembre 2019 ! Nous ne pouvons réclamer depuis des lustres un processus de luttes et rester à côté alors que nous avons grandement contribué à le déclencher.

Donc faisons le point sur la préparation des ces deux dates et sur la situation des salaires dans nos champs professionnels et nos entreprises.

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