A l’issue de la première réunion de NAO, la direction de la SNCF a proposé une augmentation de 50 euros par mois aux cheminots. Des miettes dans le contexte inflationniste et un crachas à la gueule des travailleurs et travailleuses du ferroviaire alors que l’entreprise devrait engranger des profits records en 2023. Nous avons interrogé Anasse Kazib et Laura Varlet, cheminots et militants à Révolution Permanente.
Ce mercredi 7 décembre se sont tenues les négociations annuelles obligatoires (NAO) à la SNCF pour 2023. « Cette table ronde pour les salaires avait été avancée de quelques semaines au lendemain de la grève du 18 octobre, par peur d’une contagion de la lutte aux travailleurs et aux travailleuses du ferroviaire, mais il apparaît que la direction de la SNCF n’a pas retenu la leçon » nous explique Anasse Kazib, cheminot, syndicaliste Sud-Rail et porte-parole de Révolution Permanente.
600 euros brut d’augmentation à l’année (soit 50 euros par mois) et diverses primes (notamment une prime à l’achat d’un vélo de 150 euros) : les propositions de la SNCF peinent à convaincre. « On est très loin des 400 euros nets d’augmentation que demande SUD-Rail, ou des 300 euros revendiqués par la CGT, il n’est pas question d’indexation des salaires sur l’inflation. Cette proposition de la SNCF c’est un crachas au visage des cheminots. D’autant plus que l’entreprise va clôturer l’année avec des profits records » poursuit Anasse Kazib.
En effet, l’entreprise devrait annoncer en cette fin d’année des résultats inédits. Au premier semestre, la SNCF avait déjà annoncé un bénéfice net de 928 millions d’euros, contre une perte de 780 millions sur la même période. « Après les fêtes de fin d’année, le résultat global devrait se chiffrer en milliards » selon le cheminot.
Dans ce contexte, il va falloir « se poser la question de comment partir dans un mouvement dur, à l’image de nos collègues contrôleurs et alors que les attaques sur nos retraites se précisent ». Même son de cloche du côté de Laura Varlet, cheminote, syndicaliste Sud Rail et militante à Révolution Permanente : « Il y avait aujourd’hui une journée d’appel intersyndicale à la grève, mais il y a clairement un problème sur la question du plan de bataille et du rapport de force. On voit bien que les journées isolées et sans perspectives ne mobilisent plus. Pourtant à la base, et la grève des aiguilleurs du Bourget et des contrôleurs à échelle nationale en sont la démonstration, la colère est là ».
Et la cheminote de poursuivre : « aujourd’hui la direction de la SNCF essaie d’escamoter la question des salaires alors que l’offensive gouvernementale sur les retraites et les régimes spéciaux se rapproche à toute vitesse, mais ils ne pourront pas y échapper. La grève des raffineurs ou de Géodis dernièrement nous ont rappelé que seule une grève dure et reconductible était susceptible d’imposer au patronat une victoire sur les salaires. L’enjeu est de préparer à la base cette perspective à la SNCF et d’opérer la jonction avec le combat contre la réforme des retraites qui s’annonce ». A bon entendeur.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE