À l’appel de quatre syndicats du groupe pharmaceutique, un mouvement de grève est en cours depuis la mi-novembre sur une quinzaine de sites de production, les salariés jugeant les propositions de la direction insuffisantes face à l'inflation.
Comme le rapportent le quotidien du Parti communiste L'Humanité et le média Euractiv, un mouvement de grève d'ampleur est à l'œuvre au sein de l'entreprise pharmaceutique Sanofi et entre sur certains sites dans sa quatrième semaine, autour de la question des salaires.
Initié depuis le 14 novembre à l’appel de quatre syndicats (CGT, CFTC, FO, CFDT), le mouvement touche une quinzaine de sites de production de l’entreprise pharmaceutique française et serait suivi par 2 500 à 4 000 salariés selon la CGT, l'entreprise donnant une fourchette plus basse de 600 à 900 grévistes.
Le conflit porte, comme dans de nombreuses autres entreprises, sur les augmentations salariales, les grévistes réclamant une hausse de 10% en 2023, accompagnée d’une prime de 10 000 euros, alors que la direction a initialement proposé 3,5% d'augmentation et une prime de 1 000 euros. Ce désaccord a déjà occasionné de vives tensions et à un rassemblement devant le siège France de l'entreprise à Gentilly (Val-de-Marne) le 23 novembre, donnant lieu à des échauffourées entre les forces de l'ordre et les manifestants.
Ils ne réclament pas la lune
Les négociations annuelles obligatoires (NAO) ont à nouveau achoppé le 1er décembre, la direction proposant cette fois 4% d'augmentation et une prime de 2 000 euros, selon un délégué syndical CGT cité par L'Humanité. «En 2021, le géant pharmaceutique a pourtant enregistré des bénéfices gargantuesques», relève le quotidien, rappelant que le groupe a engrangé «6,2 milliards d’euros de profits et versé plus de 4 milliards d’euros à ses actionnaires».
«En 2021, le bénéfice net de Sanofi était en hausse de 11,8% et s’élevait à 8,21 milliards d’euros», note pour sa part Euractiv. Le 1er décembre également, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s'est rendu sur le site de Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) pour apporter son soutien aux manifestants, estimant qu'«ils ne réclament pas la lune», mais simplement «de quoi pouvoir manger et vivre dignement».
La grève se poursuivait ce 5 décembre sur la quinzaine de sites touchés, dont ceux du Trait (Seine-Maritime), a indiqué la CGT du groupe dans un tweet évoquant le blocage de poids lourds au petit matin.
La mobilisation se poursuit aussi à Montpellier (Hérault), rapporte le collectif Le Poing Levé, affilié au média de gauche radicale Révolution Permanente. «Il y a un blackout volontaire des médias français, il y a une vraie censure» a dénoncé auprès de ce dernier Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT à l’échelle du groupe, jugeant anormal de voir ce conflit largement passé sous silence, à l'exception de médias régionaux.
Le Parti communiste a apporté son soutien aux grévistes du site de Gentilly ce 5 décembre. «Nous sommes en grève depuis 22 jours pour revendiquer ce dont on a besoin, c'est-à-dire 500 euros nets par mois [...] et l'embauche de nos collègues en précarité», a fait valoir Josefa Torres, élue CGT au CSE (conseil social et économique).
La députée insoumise Nathalie Oziol avait apporté son soutien aux salariés montpelliérains le 2 décembre, jugeant que «ce sont les patrons de Sanofi qui mettent en danger la production de médicaments dans ce pays» en refusant d'augmenter les salaires, en référence aux difficultés d'approvisionnement actuelles en paracétamol et en amoxicilline.
Face à la détermination des salariés grévistes, l'entreprise a revu ses propositions à la hausse le 2 décembre, mais celles-ci seraient «encore loin des attentes des salariés et organisations syndicales», selon L'Humanité. «Entre patronat et syndicats, le dialogue semble rompu», estime pour sa part Euractiv.
L'entreprise pharmaceutique a fait l'objet de nombreuses critiques pour son échec à mettre au point rapidement un vaccin contre le Covid-19, que les syndicats et certains élus ont expliqué par les suppressions répétées de postes décidées ces dernières années dans les effectifs de la recherche.
Vu sur l’application RT News
Publié par EL DIABLO