Les fermetures de boulangeries aux quatre coins de l'hexagone, dans les villes et villages sont devenues une vague qui dévaste artisans et populations desservies.
Les réactions vives à cette situation comme ce boulanger de l'Oise distribuant dans un rond-point des tracts aux automobilistes de passage à l'instar de la geste des Gilets jaunes de novembre 2018 illustre le caractère profond et grave de ce qui est en train de se passer.
Et le témoignage de cet autre boulanger rural qui lui a déjà fermé sa boutique montre que ce que réclament ces artisans, parfois animateurs du seul commerce de leur village ce n'est pas un chèque, un éphémère bouclier tarifaire, MAIS alors que nous sommes dans la période où se renégocient les contrats énergétiques avec les entreprises " concurrentes" de l'énergie, ce qu'il réclame c'est la négociation sur le niveau du coût de l'électricité.
Car comment tenir durablement quand - comme c'est le cas du boulanger de l'Oise - le tarif du contrat passe d'environ 1000 euros par mois à 12. 000 euros, cela sans remettre en cause les mécanislmes même qui aboutissent à ce résultat ?
Aucun chèque, aucune aide (d'ailleurs parcimonieuse ou totalement absente des aides gouvernementales en direction des PME) n'est en mesure d'assurer la pérenité de l'activité économique de ces entreprises dot l'utilité sociale ne peut par ailleurs être contestée!
Cette exigence s'appliquant, il va sans dire à TOUS les particuliers que nous sommes!
Négocier ce coût, imposer un " juste prix " constituera sans doute une bataille complexe et ardue parce que c'est une politique construite depuis longtemps qu'il faut déconstruire comme il faut s'en prendre également aux choix politiques récents de politique internationale qui sacrifient les intérêts français aux intérêts de l'impérialisme unifié comme le dit notre camarade Delaunay (VOIR sur le site Histoire et Société sur le développement contemporain des forces productives).
Les causes multiples de cette explosion du prix de l'énergie résultant principalement, donc au-delà de causes conjoncturelles comme l'arrêt de plusieurs centrales nucléaires par ailleurs de décisions hiératiques et politiciennes des pouvoirs successifs quant à la place du nucléaire dans la production éléctrique :
- De la dérégulation imposée par l'Union européenne et donc l'ouverture à la concurrence , l'entrée dans le " marché de l'énergie ".
En effet, la France a longtemps maintenu un monopole d’Etat sur les énergies électriques et gazières. Les deux entreprises nationales, EDF et GDF, distribuant leurs énergies respectives à des tarifs réglementés. Les règles européennes ont entraîné des changements profonds. Depuis le 1er août 2000, les marchés français de fourniture de gaz naturel et d’électricité ont été progressivement ouverts à la concurrence. La dernière étape est intervenue le 1er juillet 2007 avec l’ouverture à la concurrence du marché des particuliers.
En conséquence, les prix de référence pour le marché français sont basés sur des calculs complexes réalisés par les opérateurs du marché et sont fixés tous les jours par des enchères communes.
Les entreprises entrées dans la concurrence proposant des contrats pour lesquels ils sont libres de fixer les prix.
Avec quels résultats ?
De 50 euros le mégawattheure (MWh) en début d’année 2021, le prix de gros est passé à 222 euros en décembre 2021. Au cours de l'été 2022, il a pu monter jusqu'à 700 euros (source gouvernementale France).
Cette explosion des prix de l'électricité résultant donc de la dépendance et de la primauté du marché étant par ailleurs aiguisée par une absurdité radicale de caractère institutionnel.
Puisque en vertu de ce sacro saint caractère européen de la " libre " concurrence, l'opérateur historique - mis en place à la Libération - depuis la loi NOME (Nouvelle organisation du marché de l’électricité) du 7 décembre 2010, EDF doit vendre un quart de sa production d'électricité aux fournisseurs qui n'en produisent pas.
A un prix fixé par le dispositif dit « ARENH » qui signifie « Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique », qui permet à tous les " fournisseurs alternatifs " de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics qui est actuellement de 42 €/MW.
SAUF que ce dispositif introduit un sûrcroit de spéculation des traders de l'energie que sont en fait ces " opérateurs alternatifs " et qui permet par exemple à Mint Energie (un de ces opérateurs) d'acheter en vertu de l'ARENH le mégawattheure à EDF pour la somme d'environ 46 euros (novembre 2022), et de le revendre ensuite sur le même marché 257 euros ... au MEME EDF.
Comme en témoigne le sénateur communiste Fabien GAY sur le Média ce 7 novembre 2022.
Les mêmes "entreprises" recevant par ailleurs des aides directes de l'état par millions...
Tandis que nos boulangers doivent se contenter des propos sirupeux de Bruno Le Maire, d'Agnès Pannier- Runacher et consorts ... et fermer boutique.
- L'autre élément déterminant de cette flambée des prix résultant non-pas de la guerre en Ukraine comme le serinent les médias système,
MAIS du choix politique de l'Union européenne, des gouvernements européens et de Macron, de s'aligner sur les intérêts du suzerain américain à partir du choix de sanctions massives contre la Russie,
En effet, jusqu'il y a peu l'industrie et l'économie européenne avaient accès au pétrole et au gaz russe à des prix relativement bas et la mise en place notamment du gazoduc Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique (donc indépendamment de l'Ukraine et de la Pologne permettait d'entrevoir sur la base de contrats à long terme à des prix relativement bas une stabilité de la founiture énergétique de l'Allemagne et donc de la compétitivité de son industrie.
Depuis des années les dirigeants US - dans la poursuite de leur projet d'hégémonie sur le monde et sur leurs propres alliés - entendaient s'opposer à la mise en activité dudit gazoduc ayant pour conséquence d'assurer l'indépendance européenne et allemande à l'égard des Etats-Unis.
La guerre en Ukraine va leur en offrir l'opportunité, la politique de sanctions à cet égard étant couronnée par le sabotage de l'ouvrage le 26 septembre 2022, ouvrant ainsi la voie à la très onéreuse livraison de gaz naturel liquéfié GNL , dévastateur de l'environnement par ailleurs, " made in USA ".
Dans le silence complice et sans doute embarassé des oligarchies vassales européennes.
Situation contribuant par conséquent de ce seul fait au considérable renchérissement de l'électricité sur notre continent et en France, la dépendance géopolitique venant se surajouter à la dépendance du marché.
Nous en sommes donc là !
La gravité de la situation ne pouvant être niée les propositions pour y faire face ne vont pas manquer qui vont tenter d'opposer les uns aux autres : tailler dans les dépenses publiques, prendre quelque peu aux uns pour " venir en aide " aux autres ... se lamenter de manière poujadiste sur les entraves administratives et fiscales de la France ...
En quelque sorte DIVISER pour mieux masquer les causes profondes de la crise actuelle et les dégâts qu'elle provoque et qu'elle va provoquer.
C'est au mouvement syndical, au mouvement démocratique et révolutionnaire qu'il revient de pointer les véritables causes et les véritables responsables du désastre qui s'annonce et de le surmonter en RASSEMBLANT ses victimes, acteurs potentiels des changements radicaux nécessaires!
Publié par FSC