Au rond-point du Buissonnet, sur la route nationale 31, en périphérie de Compiègne (Oise). Un rond-point surgissant au milieu de nulle part, en sortie de forêt, une zone ni commerciale, ni industrielle, ni résidentielle, mais remplie de poids lourds, et, depuis midi, de manifestants contre la réforme des retraites. Depuis quelques semaines, la mobilisation reprend le chemin des ronds-points, un peu partout en France, avec le souvenir pas si lointain qu’ils avaient (très bien) fait tourner le mouvement des gilets jaunes. Josyane, 77 ans, est venue en manif en famille, avec sa fille et son fils. Ancienne syndiquée à la CGT, quand elle travaillait dans l’usine Unilever du coin, elle a connu la retraite à 60 ans. Un luxe quand elle se retourne, gommé par la maladie. Elle est de tous les rassemblements des environs, «les petits, les grands», et parle de mépris quand on la confronte au silence de Macron. «De toute façon, quoiqu’il se passe, je continuerai jusqu’au bout.» Quel bout ? Josyane ne sait trop dire. De notre journaliste Romain Boulho.