Voilà des infos que nos " grands " médias ne reprennent pas, tout occupés à essayer de faire croire que la page de la contre-réforme des retraites est tournée et qu'à coups de diversion ils essaient d'imposer d'autres sujets de préoccupation.
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SOURCE : Actu oise
Dans l’Oise, depuis le début de cette crise sociale et politique majeure autour du projet de Réforme des Retraites, plusieurs actions sont en cours dans le secteur des mines et de l’énergie.
C’est notamment le cas du côté de Gournay-sur-Aronde chez les gaziers de Storengy qui bloquent l’accès au site.
Alors qu’ils ont entamé, ce matin, leur 28e journée de blocage, ils préviennent : « ils ne lâcheront rien et iront jusqu’au retrait ! »
« On ne fera pas machine arrière »
La branche infra gaz du pays s’est réunie, ce matin du jeudi 30 mars 2023, en assemblée générale pour décider de la suite de leur mouvement de grève lancé depuis 28 jours.
Verdict ? A Gournay-sur-Aronde, les salariés du service public ont décidé de reconduire la grève jusqu’au… 14 avril. Jour choisi par les sages du Conseil Constitutionnel pour valider ou non le texte de la réforme que le Gouvernement d’Elisabeth Borne a choisi de faire passer en force.
Depuis le 7 mars dernier, le piquet de grève bloque l’accès au site. A partir de 5h30, chaque jour, une grosse poignée de salariés du gaz monte le camp et se relaie. Et ils ne sont pas prêts de faiblir.
On ne bougera pas. On n'est plus à ça prêt. On a perdu beaucoup de jours ouvrés. On a été trop loin pour faire machine arrière. On ne relâchera pas la pression jusqu'à ce que le gouvernement retire sa loi.
Infos le plus souvent méconnues sur l'importance de ce site :
Mis en service en 1976, le site de Gournay-sur-Aronde (60) est un stockage en nappe aquifère, qui se situe à 15 km au nord-ouest de Compiègne et s’étend sur 28 communes de l’Oise. Avec un volume utile qui représente la consommation annuelle de l’agglomération de Lille/Roubaix/Tourcoing, il contribue largement à la sécurité d’approvisionnement en gaz naturel de la région des Hauts-de-France. Le nouveau bâtiment administratif, construit en 2012, est équipé de panneaux solaires et d’un puits canadien, visant à réduire les consommations d’énergie. L’intégration des installations de surface et des puits dans le paysage a été soigneusement étudiée, afin d’en limiter l’impact visuel.
Gournay-sur-Aronde est le seul site de Storengy stockant du gaz B (gaz à bas pouvoir calorifique, qui se distingue par sa teneur plus élevée en azote), en provenance de Groningue aux Pays-Bas. Cette particularité lui confère une position stratégique déterminante dans l’approvisionnement du réseau Nord, puisque cette partie du territoire est uniquement alimentée en gaz B.
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Articlede Oise Hebdo datant du 8 mars
C’est une épine de plus dans le pied du gouvernement. Le secteur gazier français s’est mis en grève ce mercredi 8 mars au matin pour protester contre la réforme des retraites. À Gournay-sur-Aronde près de Compiègne, chez Storengy qui y possède le plus grand site de stockage de gaz du pays, la CGT revendique 80 % de grévistes et a déjà coupé une partie de l’approvisionnement du pays. Le syndicat annonce un durcissement du mouvement crescendo.
Ils auraient pu fermer totalement les vannes. Mais à midi, ce mercredi 8 mars, 12 puits «seulement» sur une centaine ont été coupés sur le site Storengy de Gournay après ce que Frédéric Ben appelle un «événement». Frédéric Ben, salarié de Storengy (filiale d’Engie) sur le site de Gournay est aussi responsable du secteur gaz en France pour la CGT. Douze puits fermés ce mercredi : comme un «coup de semonce pour le gouvernement qui affirme qu’il n’y avait que trois manifestants hier à Paris», souligne le cégétiste.
Ce mercredi, le syndicat annonce donc que d’autres actions vont suivre. «On va essayer de durer dans le temps, on s’est organisés en conséquence», raconte Frédéric Ben. C’est bien une grève perlée qu’a mis en place le syndicat. Bien qu’important par la taille, le site fonctionne avec relativement peu de salariés : 51 postes seulement à l’organigramme pour 35 salariés présents au maximum en même temps sur ce site qui fonctionne en 3 x 8. Si la CGT revendique 80 % de grévistes, chaque salarié ne fait grève que quelques heures et le site continue de fournir du gaz. Pour l’instant. Le stockage de Gournay alimente à lui seul toute la région des Hauts-de-France. «Nous sommes des gens responsables, nous ne sommes pas des terroristes, nous ne voulons pas arriver à cette extrémité qui consiste à couper totalement le gaz», assure Frédéric Ben.
Ultimatum
Dans ses négociations avec la direction, à la veille du mouvement de ce 8 mars, la CGT a demandé à ce que la production soit diminuée de 30 %. Afin de mettre la pression sur le gouvernement. Faute d’accord, le piquet a été décidé aux aurores. «Baisser de 30 % le soutirage, cela n’aura pas mis en péril la gazinière de madame Michaud dans sa cuisine, qu’elle ne s’inquiète pas, ironise Frédéric Ben. Mais cela pourrait tout de même mettre en difficulté quelques gros industriels qui ont des contrats effaçables, donc qui peuvent ne plus être alimentés pour soulager le réseau». L’ultimatum proposait donc une baisse du soutirage depuis les consoles de contrôle. Une alternative à une coupure brutale de l’approvisionnement. Un geste qui aurait des conséquences plus lourdes : «C’est très facile de revenir à 100 % après une baisse soutirage, bien plus long et complexe après un arrêt brutal», argumente-t-il.
Une baisse de 30 à 40 %
Ce jour, la direction de Storengy a donc consenti à une baisse du soutirage sur l’ensemble de ses sites. «De l’ordre de 30 à 40 %, certains sites à plus de 50 % d’autres moins», reprend Frédéric Ben. Ce qui n’empêchera pas la CGT d’aller plus loin s’il le faut «On a prévenu qu’on allait couper. Ils pensent qu’on rigole, mais on va le faire», annonce Frédéric Ben qui dresse déjà le scénario d’une France plongée dans le noir : «Disons qu’on arrête d’alimenter par exemple les Hauts-de-France en gaz… Déjà 11 % de la production électrique se fait à partir du gaz. Ensuite, si les gens n’ont plus de gaz chez eux – et on ne le souhaite pas – ils compenseraient avec des chauffages d’appoint électrique, ce qui entraînerait une grosse pointe sur toute la région et une surchauffe de la centrale de Gravelines». Ce que le cégétiste appelle «une réaction domino». «Et si Gravelines s’arrête, poursuit-il, il n’y a plus d’électricité, plus d’internet, plus rien». Un scénario post-apocalyptique ou presque. «La fédération menace de mettre la France dans le noir, on y va tout droit», estime Frédéric Ben.
«On n’est pas des terroristes, répète-t-il, et aujourd’hui on arrive encore à maîtriser ce qu’il se passe sur les piquets, mais si on n’est pas entendus, qui sait ce qu’il peut se passer ?», se demande faussement ingénument le leader cégétiste. Frédéric Ben rappelle, sur le ton de la menace, «qu’aujourd’hui n’importe quel salarié sait où aller, et sur quel bouton appuyer pour tout mettre à l’arrêt». Et plonger la France dans le noir.
Une menace tout sauf en l’air. Ce mercredi, tous les terminaux méthaniers portuaires (pour l’importation du GPL) sont déjà à l’arrêt. C’est l’une des sources d’approvisionnement du pays. L’autre, c’est l’importation. Elle a fortement baissé depuis les pays voisins cette dernière année avec le conflit russo-ukrainien, et totalement arrêtée depuis la Russie. La dernière source de gaz, ce sont enfin les sites de stockage dans des cavités naturelles. Comme celui de Storengy dans l’Oise.
La grève du secteur gazier est annoncée comme «illimitée».
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Infos sur le stockage et le aractère exceptionnel de ce type de site :