SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

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Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux

Disney : le mouvement parti de la base se poursuit, il faut construire la grève reconductible !

Face au refus de la direction d'accéder aux revendications des salariés malgré les profits, la grève se poursuit à Disneyland Paris. Samedi 3 juin, plus de 1600 grévistes ont de nouveau défilé dans le parc. Mardi, ils ont décidé en assemblée générale de reconduire la grève.

Pour les salaires

Crédits photo : @LoskLive (Twitter)

Contre l’inflation et des conditions de travail insupportables, des centaines de salariés s’organisent

Samedi 3 juin ils étaient environ 1600 grévistes à manifester dans les allées du parc. La colère ne faiblit donc pas depuis le mardi 30 mai. En une semaine, le nombre de manifestants avait plus que doublé après de la première journée de grève le 23 mai. L’attitude de la direction face aux grévistes a sans aucun doute convaincu de nombreux salariés de s’engager pour revendiquer une hausse des salaires et de meilleures conditions de travail.

Le mardi 6 juin, cinquième journée de grève pour les salariés du parc et également journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, les grévistes ont pénétré dans le théâtre de « Frontierland » malgré le dispositif de sécurité. Ils y ont tenu une assemblée générale en plein air, comme ils l’avaient déjà fait samedi, et ont voté la poursuite de la grève.

Aux sources de la mobilisation, on trouve le groupe Facebook « MS 2020 » (MS pour mouvement social) qui avait rassemblé plusieurs milliers de salariés du parc (2230 fin août soit 15% des effectifs d’après Le Parisien) entre mai et août 2020, en plein déconfinement.

Le mouvement s’était constitué à l’extérieur des syndicats pour dénoncer les conditions de travail (notamment liées aux « horaires adaptés ») et les « ruptures conventionnelles ». Il avait même envoyé une lettre, restée sans réponse, à la PDG Natacha Rafalski. Le comité M.A.I. (mouvement anti-inflation), constitué en mars et à l’origine de la mobilisation actuelle à Disneyland Paris, se place dans la filiation du MS 2020. Désormais, aux côtés d’une intersyndicale CGT, UNSA et CFTC, il place la grève au centre du rapport de force qu’il tente d’imposer face à la direction.

Pour dialoguer avec les visiteurs du parc, qui pourraient être étonnés de voir les salariés manifester ou déçus qu’une parade soit annulée, un employé a créé le site en français et en anglais « castonstrike.org » présentant les quatre principales revendications : 200€ d’augmentation mensuelle pour tous les employés, le doublement de la prime kilométrique et du salaire dominical, et enfin que les horaires « choisis » ou « adaptés » ne soient appliqués qu’aux employés qui en sont explicitement volontaires.

« Nous sommes d’avance désolés pour la gêne occasionnée durant vos congés. Cependant, nous ne vivons plus : nous survivons. Les conditions de travail se sont dégradées, l’inflation a rendu le simple fait de vivre incroyablement cher, et Disney refuse de nous payer convenablement et de manière équitable » peut-on y lire.

Dans un contexte d’inflation généralisée et de hausse des prix, surtout sur l’alimentaire, l’ampleur du mouvement s’explique par des conditions de travail devenues invivables pour beaucoup les « cast members » (soit les « membres de la troupe »). Ils le dénoncent d’ailleurs sur leurs pancartes avec des slogans ingénieux tels que « 5 ans à trimer pour la souris, toujours payé comme un rat ». Dans un fil Twitter, un employé raconte comment, comme beaucoup de ses collègues, il est déjà à découvert au début du mois.

Pour ne pas accéder à leurs revendications, la direction noircit le tableau et réprime la grève

Le 26 mai au matin, la direction avait convié les organisations syndicales à une réunion « suite au récent conflit collectif ». Noircissant le tableau d’une entreprise qui a pourtant dégagé d’énormes bénéfices, elle a tenu à rappeler dès le départ les 7000 suppressions de postes dans la Walt Disney Company et s’est contenté de mesures insuffisantes sur le plan salariale, déjà dues aux salariés et surtout qui ne lui coûtent rien : possibilité de mensualiser une partie de la prime du 13ème mois, le transfert des congés payés non pris sur le compte épargne temps, épargne des jours de repos et l’ouverture d’une deuxième fenêtre pour demander le paiement des heures supplémentaires.

En guise de mesure phare, la direction a proposé une prime de 125 euros pour certains employés, soit bien loin de la revalorisation mensuelle de 200 euros demandée par les grévistes. Certains employés craignent par ailleurs que le versement de cette prime soit une simple avance qui remette en question le versement de la prime PPV. Pour tout le reste, la direction de Disneyland Paris continue de renvoyer les grévistes aux NAO (négociations annuelles obligatoires) des 31 août, 14 et 28 septembre.

La CFDT, majoritaire et qualifiée de « syndicat-maison », s’aligne sur le récit de la direction. Dans un communiqué publié le 2 juin, elle écrit : « La CFDT, première organisation syndicale, en raison de la crise que nous traversons [...] assume ses responsabilités de ne pas mettre en danger les emplois directs et indirects et la pérennité de l’entreprise ». Se contentant de revendications très minimales, voire patronales comme la mise en place d’une « prime d’assiduité », la direction du syndicat déclare dans le même communiqué « l’appel à la grève est facile, sortir d’un conflit bien plus difficile ».

La proximité entre la direction et la CFDT est dénoncée par de nombreux salariés. Aussi lorsqu’au soir du 25 mai, veille de la rencontre avec la direction, le syndicat publie « La CFDT se félicite, la direction reçoit les organisations syndicales représentatives demain matin à 9h », des salariés ironisent en commentaire sur « l’autocongratulation » du syndicat majoritaire alors que celui-ci n’a eu aucune contribution à la mobilisation.

Sur le Workplace, le réseau social interne, la PDG de Disneyland Paris Natacha Rafalski a publié une adresse aux employés filmée en plein milieu du parc. Dans cette vidéo, elle déroule encore le tableau noir d’une entreprise en difficulté menacée de (nouveaux) licenciements. Dans un communiqué intitulé « Le requiem de Natacha », l’UNSA en décrit ainsi le contenu : « Mme la Présidente s’entête donc avec un discours que vous ne voulez plus entendre à savoir que l’entreprise a subi de nombreuses pertes, que beaucoup a été fait pour vous et que notre entreprise serait parmi les virtuoses en matière de rémunération et de conditions de travail ». Cette vidéo a grandement renforcé la colère et la détermination des grévistes.

Pendant ce temps, la direction organise la répression physique et morale des salariés mobilisés et, puisque la sécurité du parc participe à la mobilisation, elle a dû engager des agents de sécurité extérieurs pour les réprimer. Le samedi 3 juin, à l’entrée du Walt Disney Studios, ces agents s’en sont pris physiquement aux manifestants qui ont tout de même réussi à envahir le bâtiment. Une vidéo publiée sur Tiktok les montre séquestrant des manifestants et des clients dans la boutique située à côté.

Le 4 juin, l’UNSA a rendu public le fait qu’il ait été donné pour consigne à certains cadres (« team leaders ») de convoquer des grévistes pour leur demander les raisons de leur participation au mouvement. Le syndicat s’interroge sur une (énième) tentative d’entrave au droit de grève de la part de la direction du parc et dénonce des « manoeuvres inqualifiables qu’elle lui demande de cesser immédiatement ».

Pour arracher la victoire, il faut la grève reconductible

Depuis le début du conflit, la direction a montré qu’elle craignait la mobilisation des salariés. Malgré une communication laissant croire à une volonté d’apaisement, en témoigne les réponses en direct de la PDG à plusieurs questions (préalablement sélectionnées) des salariés, la direction générale n’hésite pas à employer la force contre les grévistes pour briser le mouvement et limiter ses répercussions. Dans le même temps, elle refuse de répondre dans le fond et d’accéder à leurs demandes légitimes. Ainsi, la direction de Disneyland Paris a révélé par son attitude qu’elle ne cédera qu’avec un durcissement du rapport de force.

Pour le moment aucun suite précise n’est donnée à la mobilisation et les syndicats se réuniront le 13 juin pour discuter des perspectives du mouvement. Encore ce lundi matin, une action de blocage du parking de Disneyland Paris était organisé par les salariés mobilisés. Dans ces coordonnées, la clé sera dans la construction d’un plan de bataille offensif, appuyé sur l’auto-organisation la plus large, pour aller vers une grève reconductible à même de faire plier la direction. C’est ce qu’ont fait les travailleuses de Vertbaudet qui ont récemment arrachées leurs revendications après une longue mobilisation.

Pour préparer au mieux ce durcissement de la mobilisation, la création d’assemblées de grévistes ou les travailleurs syndiqués et non-syndiqués décident collectivement de comment mener le mouvement est essentiel. Ainsi le développement d’une grève reconductible et l’organisation des salariés permettra d’affronter au mieux répression que cherche à imposer la direction et d’arracher une victoire.

Publié par REVOLUTION PERMANENTE

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