"On a une véritable campagne d'intimidation pour qu'on n'arrête plus les gens qui ont besoin d'être arrêtés", a déclaré ce lundi 19 juin sur franceinfo Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins MG France, premier syndicat chez les généralistes. Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé ce lundi qu'au moins 10 milliards d'euros d'économies avaient été identifiés pour permettre le redressement des comptes publics de la France d'ici 2027, notamment dans la santé et le travail.
franceinfo : Est-ce que certains médecins donnent trop d'arrêts maladie ?
Agnès Giannotti : Si la population vieillit et a des maladies chroniques c'est à cause des généralistes, s'il y a des problèmes de management dans les entreprises c'est à cause des médecins généralistes, si les caissières et les femmes de ménage n'arrivent plus à travailler parce qu'elles ont mal aux genoux et aux épaules, c'est la faute des médecins généralistes. C'est ça des arrêts de confort ? Ce sont ces patients là que l'on arrête. Là, on a une véritable campagne d'intimidation pour qu'on n'arrête plus les gens qui ont besoin d'être arrêtés. C'est absolument scandaleux.
Pourquoi dit-on qu'il y a trop d'arrêts ?
Des dérives sur les indemnités journalières, il y en a, mais très peu chez les médecins traitants, 1 à 2%, il y en a beaucoup sur les plateformes de téléconsultation. Qui a dérégulé ? C'est l'Etat. Qui a mis les plateformes en accès direct sur 'mon espace santé' ? C'est l'Etat. Pointer les médecins généralistes traitants c'est absolument scandaleux. Les besoins de soins augmentent, la population vieillit, l'âge de la retraite est repoussé, donc un politique responsable anticipe ces dépenses qui augmentent.
Le ministre de l'Economie a également évoqué les frais de santé et a parlé de confort. Qu'en pensez-vous ?
Le prix des médicaments est fixé entre l'Etat et les industries du médicament. On n'est pas dans l'histoire. Les médicaments de confort ont été déremboursés. Quand on fait une ordonnance, il y a zéro médicament de confort. Un antidouleur est un médicament de confort, mais encore faut-il souffrir ! Ce qui fait flamber les dépenses ce n'est pas ça, ce sont les maladies chroniques et le vieillissement de la population. Mais on a des politiques qui ont été incapables d'anticiper aussi bien les besoins de soins de la population, que les besoins de personnels soignants. Là, on est dans le mur parce qu'ils ont voté un financement de la Sécurité sociale qui n'est pas à hauteur de l'inflation et qui ne prend pas en compte l'augmentation des besoins. Donc, les besoins ne sont pas couverts. Donc, on diminue le remboursement des soins dentaires. On a une assurance maladie qui veut faire des économies sur le dos des personnes qui ont peu de moyens, sur le dos des pauvres. C'est inadmissible. Le bouc-émissaire ce sont les médecins traitants.
Allez-vous accepter des contrôles supplémentaires ?
Nous ne voulons pas de mise sur objectif. Nous allons demander à ce que les médecins conseil de la Sécurité sociale viennent contrôler chacun de nos arrêts maladie et on verra bien s'ils les trouvent de complaisance. Mais on veut aussi qu'ils le fassent pour les plateformes de téléconsultation. Ces médecins ne connaissent pas les patients et c'est un système non organisé de consommation de soins.