Crédits photo : Tieske
Face aux grèves, Ryanair appelle ses clients à signer une pétition pour attaquer le droit de grève
Face à des vagues de grèves importantes dans les aéroports européens, Ryanair a récemment envoyé une pétition à tous ses clients pour appeler l'Union Européenne à grandement réduire le droit de grève. Une attaque au droit de grève totalement scandaleuse qui cherche à opposer les travailleurs et les clients.
Pour tenter de faire face aux grèves qui secouent de nombreux aéroports européens, la compagnie Ryanair a choisit d’opposer travailleurs et clients dans une tentative de lobbying anti-grève auprès de l’Union européenne. C’est ainsi que de nombreux usagers ont reçut un mail de la compagnie lowcost les invitant à signer une pétition pour demander à la Commission européenne « d’exiger que tous les Etats de l’UE protègent les survols pendant les grèves des contrôleurs aériens ».
Cette formulation cache en réalité une demande bien précise : forcer les contrôleurs aériens à prévenir en avance leur hiérarchie s’ils souhaitent faire grève, permettant ainsi aux compagnies de pouvoir s’adapter en amont aux grèves pour en réduire l’impact. Cette obligation, qui concerne déjà certains secteurs comme les cheminots en France, est une arme redoutable contre le droit de grève qui permet de diminuer le rapport de force des grévistes.
Cette manœuvre de Ryanair fait suite à une série de grèves qui ont secoué divers aéroports européens, notamment en France. La compagnie irlandaise indique d’ailleurs dès le début du message envoyé à ses usagers que le premier semestre 2023 a connu 60 journées de grève des contrôleurs, soit douze fois plus qu’en 2022. Il faut dire que le secteur de l’aérien a grandement participé au mouvement contre la réforme des retraites et qu’il a également été au centre de plusieurs grèves locales importantes et largement suivies, comme à Beauvais, une des bases principales de Ryanair en France.
Le récent mouvement débuté il y a trois semaines, touchant notamment Brest et Carcassonne, fait suite à une proposition de loi du Sénat datant du 15 juin qui vise justement à remettre en cause le droit de départ en grève sans préavis. Par ailleurs, Ryanair fait face en ce moment même à un fort mouvement de grève des travailleurs au sol en Italie et surtout à une grève de ses pilotes à Charleroi en Belgique qui a mené à l’annulation de 106 vols Ryanair le week-end dernier.
Ces divers mouvements menacent durement les profits de l’entreprise, alors que la période estivale est évidemment particulièrement attendue par les compagnies aériennes. Cependant, plutôt que de répondre aux revendications des grévistes, la stratégie de la direction se résume à lancer une attaque en règle contre le droit de grève. Pour ce faire, la compagnie est résolue à opposer les travailleurs et les clients, comme il est déjà coutume de faire dans d’autres secteurs, notamment le ferroviaire.
Pourtant cette manœuvre dissimule une toute autre réalité : les salariés comme les clients de Ryanair sont des travailleurs qui subissent de plein fouet la crise et qui bénéficieraient conjointement que les profits de l’entreprise soient utilisés afin d’à la fois augmenter les salaires et d’offrir à la clientèle un service de qualité à un prix raisonnable. Il est nécessaire de dénoncer cette tentative grossière de la direction et sa volonté de casser le droit de grève. La grève n’est pas le problème, c’est au contraire la solution des tous les travailleurs pour faire respecter ses droits et obtenir des conditions de travail à la hauteur. Toute notre solidarité avec les grévistes de l’aérien !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE