SOURCE : L'Humanité
Les négociations sur l’assurance chômage démarrent ce mardi, sous des auspices peu favorables, selon les organisations syndicales, qui dénoncent le verrouillage et le carcan budgétaire imposés par l’exécutif
Les négociations sur l’assurance chômage réunissant syndicats et patronat s’ouvrent ce mardi 12 septembre. Destinées à définir en concertation les normes pour les deux années à venir, ces négociations s’ouvrent sous des auspices qui n’incitent pas les organisations syndicales à l’optimisme, vu le cadre imposé par l’exécutif.
Si les syndicats, dont certains avaient durant l’été annoncé hésiter à se rendre à ces pourparlers, seront bien présents autour de la table, ils n’en restent pas moins très remontés par la tournure prise par ces négociations censées déboucher sur un accord le 15 novembre.
Le gouvernement a en effet envoyé, dès le 1er août, une feuille de route, en guise de lettre de cadrage, aux différents partenaires. Le message de l’exécutif y est très clair : pas question de revenir sur les réformes entreprises en 2019 – potion amère pour les demandeurs d’emploi qui ont vu une régression spectaculaire de leurs droits.
Ces derniers ont déjà commencé à en payer le prix, avec un durcissement des règles d’indemnisation pour ceux qui alternent contrats courts et périodes de chômage ; la nécessité de cotiser plus longtemps pour espérer une ouverture des droits ; la dégressivité de la prestation pour ceux dont le salaire dépassait 4 850 euros par mois quand ils étaient en activité.
Un « hold up » sur 12 milliards de budget de l’Unedic
Le gouvernement ne compte pas non plus soumettre à ces négociations la réforme, plus récente et tout aussi préjudiciable, consistant à réduire la durée d’indemnisation, en se basant sur le principe de « contracyclicité ». Il s’agit d’une modulation des indemnités chômage en fonction de la conjoncture économique, offrant un traitement plus favorable quand le marché du travail se porte mal que lorsque les entreprises embauchent facilement.
Au-delà de ces réformes qui, depuis quatre ans, rognent sur les droits des travailleurs, le gouvernement ferme toute possibilité de discussion, comme il l’a réaffirmé dans cette lettre de cadrage, sur son projet de ponctionner une partie du budget de l’Unedic, en arguant qu’il est excédentaire depuis 2022.
Douze milliards devraient ainsi être réinjectés, sur une durée de quatre ans, notamment dans France Travail, le nouveau dispositif qui remplacera Pôle emploi, et déjà dénoncé par de nombreuses associations et les syndicats comme un outil de sanctions à l’égard des allocataires du RSA.
« Il s’agit là clairement d’un hold-up », dénonce Denis Gravouil, le secrétaire confédéral de la CGT chargé de ce dossier, qui ne compte pas respecter, lors de ces négociations, « le carcan budgétaire » imposé par la feuille de route gouvernementale.
« Ces douze milliards vont manquer pour améliorer les droits des salariés. Or, on en a bien besoin pour délivrer des allocations dignes à ceux qui se retrouvent au chômage et ils sont des millions. Seul un tiers des chômeurs est aujourd’hui indemnisé. Et dans ce tiers, quatre chômeurs sur dix ont une allocation inférieure aux minima sociaux », détaille le représentant syndical.
La décision de puiser dans le budget de l’assurance chômage reposerait par ailleurs, selon lui, sur un scénario peu réaliste, celui d’une baisse du chômage à 4,5 % en 2027, « à laquelle personne ne croit, même pas les économistes de l’Union européenne ».
Syndicats et patronat dénoncent un « cadre très contraint »
Autant de sujets de crispation qui, notamment sur la méthode, braquent l’ensemble des organisations syndicales, et même des représentants du patronat. Tous déplorent l’absence de marge de manœuvre imposée en amont de ces pourparlers qui ne leur laissent « le droit de toucher à rien », selon les termes de Denis Gravouil.
La CGT compte bien contourner les exigences de l’exécutif pour faire avancer les droits des salariés; une démarche partagée par la CFDT, dont le secrétaire national Olivier Guivarch, déplore, lui aussi, « le cadre très contraint » dans lequel les organisations sont enfermées, mais qui tient, en même temps, à « examiner tout ce qui peut être fait pour améliorer les droits et l’accompagnement des demandeurs d’emploi ».
Publié par FSC