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Marges records dans l’agro-alimentaire : les grands patrons se gavent en nous affamant
Si les coûts de production ont augmenté du fait de l’inflation, ils ne justifient pas la totalité de la hausse des prix dans les rayons de supermarché. En effet, les grands groupes de l’agroalimentaire profitent de la période pour augmenter fortement leurs marges et faire des profits records sur le dos des travailleurs.
En août, l’inflation sur un an est remontée à 4,9%. Mais il ne faut pas s’y tromper, l’inflation mesurée sur les produits de première nécessité est bien plus importante. Le litre de carburant avoisine les deux euros, tandis que du côté de l’alimentaire, la hausse des prix est estimée à près de 20% sur deux ans et à 11,2% sur un an. Une étude de Cofidis estime qu’il manquerait 588 euros par mois en moyenne à la population pour vivre convenablement. En bref, pour l’immense majorité la crise sociale s’aggrave, de sorte qu’il est de plus en plus difficile de survivre.
En pleine inflation, les marges records de l’agro-alimentaire
Et pourtant, le patronat continue à s’en mettre plein les poches, en particulier dans un secteur : celui de l’agroalimentaire. Dans un article du journal Alternatives Economiques, on apprend notamment que le secteur a vu ses marges brutes atteindre un niveau record de 48,5% au deuxième semestre. Un niveau historique, puisqu’il faut remonter à 1994 pour trouver une telle profitabilité, rapporte le journal.
On y apprend également qu’« entre les deuxièmes trimestres 2022 et 2023, les prix de sortie d’usine de l’industrie agroalimentaire ont progressé de 12,2 % », dont 6,7% seraient « imputable en premier lieu à la hausse des marges ». Autrement dit, le grand patronat de l’agroalimentaire ne se contente pas seulement de répercuter la hausse des prix des matières premières, mais il augmente grassement ses marges, profitant comme l’explique le journal, d’une plus faible concurrence dans le secteur, engendrant un plus important « pouvoir de marché ».
Face à cette situation, le gouvernement fait mine de s’agiter. Bruno Le Maire s’amusait ainsi à interpeller des entreprises étrangères (Nestlé, Unilever, PepsiCo), dénonçant qu’elles « ne jouent pas le jeu » sur le plateau de France 2 le 31 août. Mais comme l’expliquait l’économiste Romaric Godin sur Médiapart « tout cela relève principalement du théâtre », alors que le gouvenrment se contente de demander aux patrons de baisser leurs marges sans les contraindre réellement à le faire. Une illustration supplémentaire que les gesticulations du gouvernement ne visent qu’à masquer, alors que la crise sociale est là, qu’il est au service du grand patronat.
Un patronat qui se gave pendant que les travailleurs en payent le prix fort
Mais au-delà des groupes de l’agroalimentaire, c’est bien tout le grand patronat qui, en plus de les exploiter, extorque les travailleurs en profitant de leur position de quasi-monopole. En effet, « le taux de marge des sociétés non financières a augmenté de 1,5 point, pour atteindre 33,2% » rapporte Alternatives Economiques. Une hausse due en partie à la baisse relative des prix de l’énergie, qui n’a pas été répercutée dans les prix à la consommation, ce qui a pour conséquence d’augmenter automatiquement les marges des entreprises.
Les autres secteurs ne sont donc pas en reste, et ils usent des mêmes méthodes. En effet, dans l’industrie, les prix à la production ont même baissé sur un an ; à hauteur de 1,5%, rapporte Romaric Godin. Pourtant, les marges ont bel et bien explosé. Cela aide à comprendre les chiffres record du CAC 40 au deuxième semestre : 80 milliards d’euros de bénéfices.
De l’autre côté, les salaires n’augmentent toujours pas, ou alors en deçà de l’inflation pour entériner les pertes de salaire réel. C’est ce dont témoigne Christian Porta, délégué syndicale CGT, militant à Révolution Permanente et travailleur chez Neuhauser, une entreprise d’agroalimentaire : « Ça fait des mois que nos patrons augmentent leurs marges. Et pourtant ils refusent catégoriquement d’augmenter nos salaires. Concrètement, on peut à peine acheter les produits que l’on fabrique à l’usine, dont les prix ont triplé. »
Pour faire face à l’inflation, la solution n’est pas du côté du gouvernement : « Ce n’est pas en demandant poliment aux patrons de baisser les marges comme le fait Bruno le Maire,ou comme Aurore Berger qui veut subventionner les associations d’aides alimentaires qu’on va s’en sortir. On n’est pas là pour quémander, on veut pouvoir vivre de nos métiers et consommer à minima ce que l’on fabrique. C’est une question de dignité. La solution pour faire baisser les marges, c’est que les travailleurs contrôlent avec la population les prix. Ça doit être à nous de les fixer. »
Face à une rentrée d’inflation et de misère sociale, il est urgent que les directions syndicales rompent avec le dialogue social et opposent un plan de bataille sérieux pour exiger des augmentations de salaire immédiates à hauteur d’au moins 400 euros ainsi que leur indexation sur l’inflation. Des revendications qu’il s’agit d’articuler avec la lutte contre l’offensive autoritaire et raciste du gouvernement pour construire une riposte d’ensemble du monde du travail. Nos vies par leurs profits !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE