À la rentrée, près de 80 % des salarié·es de l’Intermarché de Champigny se sont mis·es en grève pour obtenir de leur direction le respect qui leur est dû. Après une semaine de lutte, elles et ils ont remporté une belle victoire : 100 euros d’augmentation de salaire mensuels et bien d’autres avancées.
Cela fait maintenant longtemps que la situation se dégrade au sein de l’Intermarché à Champigny. La direction n’a que peu d’égards à l’endroit des salarié·es, qui pourtant se démènent chaque jour pour satisfaire les client·es au mieux.
Ici, beaucoup de salarié·es sont payé·es au Smic depuis de nombreuses années – certain·es d’entre elles et eux ont plus de vingt ans d’ancienneté. Les conditions de travail sont elles aussi à déplorer. Les salarié·es font régulièrement les frais du manque de climatisation ou de chauffage en fonction de la variation des températures. Elles et ils sont également victimes de la polyvalence à outrance : tenue de la caisse, accueil, remise des colis – le magasin fait point relais de livraison –,mise en rayon… Et lorsqu’il manque un prix en caisse, les caissier·es doivent elles et eux-mêmes aller relever les prix en rayon.
Le 31 août dernier, jour ou tout le personnel est convoqué pour l’inventaire annuel du magasin, les salarié·es décident donc de passer à l’action. À 5 heures du matin, Michelle, déléguée syndicale CGT, annonce au patron que les salarié·es se déclarent grévistes sur le champ.
Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour poser les revendications sur un tract : les salarié·es avaient tout préparé en amont avec l’aide de l’union locale CGT de Champigny.
Les demandes sont évidentes pour toutes et tous :
- une augmentation de salaire de 10 % par mois pour tou·tes ;
- l’exigence de respect vis-à-vis des salarié·es au sein du magasin ;
- le paiement des heures supplémentaires ;
- l’amélioration des contions de travail : climatisation, chauffage, arrêt de la polyvalence ;
- le respect de la convention collective.
Ce matin-là, une vingtaine de salarié·es en CDI cessent le travail et organisent le piquet de grève devant la devanture du magasin, accompagné·es de Laurence Viallefont, secrétaire générale de l’union locale CGT de Champigny. Les banderoles et les drapeaux rouges de la CGT sont très vite installés. Dans le quartier, tout le monde vient faire ses courses à l’Intermarché – c’est un lieu où la population locale aime se rendre. La pétition en soutien aux grévistes circule parmi les habitant·es venu·es en grand nombre manifester leur solidarité avec les salarié·es engagé·es dans cette lutte. Les client·es, qui connaissent bien les salariés de cet Intermarché, apportent chaque jour de la nourriture sur le piquet de grève pour les soutenir, parce que leur combat est juste.
Très vite, d’autres soutiens affluent de tout le département. De nombreux camarades des syndicats CGT alentours (Carrefour Ormesson, Ferc 94, Air Liquide, Ikea, Fapt 94, territoriaux de Champigny, Monoprix de Champigny…) manifestent leur solidarité.
Mais aussi évidement les organisations territoriales de la CGT : l’union départementale du Val-de-Marne, les unions locales CGT de Choisy, de Créteil, de Fontenay, de Vitry… La Fédération CGT du commerce et des services ne manque bien sûr pas à l’appel.
D’autres soutiens se manifestent comme ceux de la sénatrice Laurence Cohen et du sénateur Pascal Savoldelli, qui interpellent la préfète du département et le groupe Intermarché pour défendre les salarié·es et inviter la direction à ouvrir des négociations salariales sérieuses.
Enfin, pour soutenir financièrement les salarié·es en lutte, une caisse de grève est mise en place. Les dons y arrivent très nombreux.
Après huit jours de grève continue, le groupe Intermarché dépêche un représentant à Champigny pour ouvrir des négociations avec la CGT. Le 7 septembre, après plusieurs heures de discussions, la direction du magasin lâche enfin les points suivants :
- le droit au respect ;
- une augmentation de salaire de 100 euros par mois ;
- le paiement ou la récupération des heures supplémentaires ;
- la mise en place de la pointeuse en bas de l’escalier ;
- le paiement de la prime conventionnelle pour les salarié·es en congé maladie ;
- le paiement des jours enfant malade ;
- la reconnaissance de la déléguée syndicale dans son mandat .
Les salarié·es sont consulté·es et sont d’accord pour reprendre le travail le lendemain. Une très forte union autour des salarié·es du magasin s’est créé au cours de la lutte.
Nombreux·ses sont les salarié·es venu·es se syndiquer à l’issue de cette grève. Le syndicat CGT du supermarché accueille désormais plus d’une dizaine de salarié·es, et compte bien poursuivre sur cette lancée. Il dispose de toute façon de la confiance des travailleur·ses, exprimée à 100 % lors des dernières élections professionnelles.
Montreuil, le 13 septembre 2023
Rédigé par M.A.
Publié par FSC