Crédits photo : Capture d’écran, JT France 2
L’inflation va continuer : les salaires doivent suivre les prix, il y a urgence !
Alors que dans les autres pays européens, l’inflation baisse relativement la France semble faire exception, de sorte que les prix de l’énergie et de l’alimentaire repartent à la hausse. Face à une situation qui ne peut aller qu'en s'aggravant, l’indexation des salaires sur l'inflation se pose de manière toujours plus urgente : il s’agit maintenant de l’imposer.
Ces derniers jours, les experts économiques de plateau-télé s’inquiètent : malgré les promesses répétées de Bruno Lemaire annonçant une baisse de l’inflation (à peu près tous les mois depuis deux ans), celle-ci continue de se maintenir à un niveau élevé. Le professeur d’une école de commerce, Gilbert Cette, pointe : « C’est vrai, l’inflation résiste davantage en France qu’ailleurs. En août 2022, la France était, des vingt pays de la zone euro, celui qui affichait l’inflation la plus faible. Un an plus tard, en août 2023, l’inflation est plus basse dans treize pays, soit presque les deux tiers de la zone. » Une tendance à l’inflation que la sortie du bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité d’ici la fin 2024 va continuer d’accentuer l’an prochain.
Confirmé par les derniers chiffres de l’INSEE, ce constat met à mal l’ensemble du discours gouvernemental depuis le début de la crise inflationniste. Alors que depuis deux ans, Macron pointe que pour voir l’inflation baisser, les salariés ne doivent pas pas être trop gourmands, dans l’attente de jours meilleurs. Or, la situation est loin de s’améliorer et continue de s’aggraver.
L’une des raisons est le desserrement des subventions publiques de sorte que les tarifs réglementés de l’électricité ont ainsi augmenté de 10% dès le 1er août 2023, au moment où les prix de l’énergie explosent, promettant un hiver de chien pour les classes populaires.
Fin du « boucliers » tarifaires, hausse des prix de l’alimentaire, tout continue à augmenter !
Le pari de Macron et de son gouvernement qui consistait à mettre en œuvre des mesures de contention des prix est un échec sur toute la ligne. Alors qu’il cherchait à mettre en exergue une inflation moindre à l’échelle européenne, il n’a fait que jouer sur les rythmes de l’inflation de sorte que celle-ci est loin de s’arrêter. Ainsi, loin de bloquer les prix et de faire payer l’inflation aux grands groupes de l’énergie, ces mesures ont servi à freiner relativement la hausse des prix à la consommation en payant la différence aux distributeurs d’électricité, de gaz et de carburants avec de l’argent public, par dizaines de milliards (une somme dont personne ne sait estimer l’ampleur exacte comme le pointe Mediapart). En définitive, la maîtrise très relative des prix de l’électricité et du gaz s’est faite au prix de subventions publiques indirectes massives au grand patronat du secteur de l’Énergie.
Désormais, le gouvernement et le patronat demandent de rembourser la note. Le bouclier tarifaire n’était pas un cadeau mais un prêt, avec des intérêts qui se payent au prix fort ! Âge légal de départ à la retraite reculé de deux ans, attaques contre l’assurance chômage et les allocataires du RSA qui doivent désormais fournir 15 heures hebdomadaires de travail gratuit, moindre remboursement des frais dentaires à partir du 1er octobre, flicage des arrêts-maladies. Le budget 2024 est rempli d’attaques austéritaires contre les classes populaires.
Pourtant, le gouvernement l’assure – et pourquoi devrait-on douter de ses prédictions ? – les salaires devraient, au global, avoir augmenté de 4,5% sur l’année 2023, quand l’inflation générale aurait augmenté dans le même temps de… 5%. Si on peut fortement douter de ces statistiques globales qui ne font absolument pas la différence entre les augmentations des PDG et du management des entreprises avec celles des travailleurs, il y a une inflation officieuse qui est elle vécue quotidiennement par les travailleurs : la nourriture est près de 10% plus cher qu’il y a un an, l’électricité et le gaz sont en constante augmentation et l’essence est à 2€ le litre. C’est tout simplement la promesse d’un plongeon dans la misère pour des millions de foyers.
L’inflation n’est pas une fatalité, il faut indexer les salaires sur l’inflation
Quand même manger à tous les repas (sans même parler de bien manger) devient un luxe, il y a pourtant des mesures d’urgence simples à mettre en œuvre. Il faut que les salaires et les pensions soient indexées sur la hausse du coût de la vie ! Mais il faut aussi augmenter d’au moins 400€ tous les salaires ! C’est une nécessité alors qu’aujourd’hui, il n’est plus possible de vivre correctement de son travail, plus possible de ne pas se retrouver dans le rouge dès le milieu de mois et pas possible de faire face à un coup dur et à des dépenses imprévues.
Face à cette inflation qui a été extrêmement élevée ces deux dernières années, des vagues de lutte pour les salaires ont eu lieu dans de nombreux pays. Un bilan de cette séquence à l’échelle européenne est que les quelques avancées un peu significatives, quoiqu’insuffisantes, ont eu lieu lors de combats groupés, à échelle d’une branche ou de plusieurs. Les luttes entreprise par entreprise n’ont souvent permis que de perdre le moins possible, et de ne gratter que des « augmentations » en deçà de l’inflation générale et bien en deçà de l’inflation alimentaire ou de l’énergie.
La perspective d’une lutte générale de l’ensemble des salariés pour l’indexation des salaires sur l’inflation et l’augmentation de tous les salaires de 400€ devrait ainsi être mise à l’ordre du jour par les directions des organisations syndicales, ainsi qu’un véritable plan de bataille pour l’obtenir. Rien de tout ça n’est proposé aux salariés : seulement une journée de mobilisation isolée ... à deux mois de la rentrée sociale, le 13 octobre, et ce dans une perspective de pression sur la conférence sociale, la nouvelle supercherie pondue par Macron pour embourber les syndicats dans le « dialogue social ».
Or, cette conférence sociale ne vise aucunement à régler le problème de la baisse des salaires, mais au mieux à négocier les salaires minimums de branche qui ont été dépassés par l’augmentation du SMIC… Autrement dit, des miettes. A la hauteur de l’objectif, on n’entend quasiment pas les têtes syndicales se mobiliser pour faire la promotion de cette journée. En se donnant des objectifs aussi limités, il est bien entendu difficile de motiver ses collègues à perdre du salaire pour faire grève. Face à une telle situation de crise sociale, le minimum vital est d’opposer face à Macron et au grand patronat, un plan de lutte résolue pour une augmentation générale des salaires et l’indexation sur l’inflation.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE