La rentrée a été marquée par l’inflation (+ 5% sur un an en septembre 2023), accentuant de manière plus évidente les problèmes de la vie chère et la pauvreté.
Privation de repas
En France, un des pays les plus riches au monde, qui prône l’égalité et la justice, et dont le président vante le bas taux de chômage et l’économie florissante, 42% des habitants les plus pauvres (ceux gagnant le SMIC ou moins) ont supprimé un repas, faute de moyens. Des profils variés sont concernés par ces restrictions : précaires, étudiants, retraités, mères isolées. Le nombre de bénéficiaires des aides du Secours Populaire, des Restos du Cœur, a augmenté de plus de 22% en un an. En moyenne, les Français chiffrent à 476 euros mensuels la somme qui leur manque pour vivre.
Diminution des salaires
Ces chiffres alarmants ne sont pas étonnants : les salaires diminuent, alors que le coût de la vie ne fait qu’augmenter. Le salaire mensuel de base des Français a diminué de 3%, ce qui n’était pas arrivé depuis plus de 20 ans. L’inflation a atteint 20% sur les produits alimentaires. Et le capital annonce déjà la couleur, par l’intermédiaire du PDG de Leclerc, qu’il n’y aura pas de baisse de prix pour l’hiver et les fêtes de fin d’année, alors que le gouvernement enchaine les mensonges disant le contraire…
Les aumônes de l’État français...
La réaction de l’État face à cette crise se réduit à des mesures ayant des formes d’aumône. Macron a annoncé une nouvelle indemnité carburant pour les travailleurs et les plus modestes avec un dispositif qui pourrait atteindre "100 euros par voiture et par an", tout en rejetant la possibilité de vente à perte sous la pression du patronat et en indiquant que le dispositif n’ira pas au-delà de la moitié des Français qui gagnent le moins. Le gouvernement a annoncé une aide financière de 15 millions d’euros pour sauver les Restos du Cœur, tandis que Carrefour et Intermarché ont promis dons et collectes. L’association est en difficulté face à l’inflation et à la hausse des demandes.
Dans ce contexte, Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France et numéro 2 mondial, avec une fortune estimée à 200 milliards d’euros, y est aussi allé de son don s’élevant à 10 millions d’euros, ce qui est proportionnellement équivalent à 10 centimes pour quelqu’un qui gagne 2000 euros par mois ; ce qui n’a pas empêché les Restos du cœur d’annoncer refuser du monde à partir de novembre, pour la première fois de leur histoire, face à la hausse du nombre de bénéficiaires, historique elle aussi.
Inflation de millionnaires
Parallèlement à ce constat, la France est désormais sur le podium des pays du monde qui comptent le plus de millionnaires (+2,8 millions), alors que leur nombre est en baisse au niveau mondial. Parmi eux, 3 890 détiennent chacun une fortune excédant 100 millions de dollars et 82 au-delà de 500 millions quand de l’autre côté des millions de nos concitoyens peinent de plus en plus à s’en sortir, se privant de vacances comme cet été, de sorties et pour certains de repas.
Profits en hausse
Au premier trimestre de 2023, les profits des entreprises agroalimentaires ont progressé de 18% pour s’établir à 7 milliards d’euros. Les industriels du secteur font de plus en plus de profits en exploitant les travailleurs d’une part et d’autre part sur le dos de la population qui galère pour se nourrir correctement, en atteste la baisse des ventes des volumes de la grande distribution alimentaire. Il y a donc bien urgence à revaloriser les salaires, et en premier lieu le Smic pour le porter au moins à 2000 euros.
Au niveau mondial, depuis 2022, la hausse des profits est responsable de 45% de l’inflation selon le FMI et le reste est dû aux coûts et aux spéculations sur l’énergie et les matières premières.
Inflation et blocage des salaires : une stratégie du capital bien rodée
Entre 2010 et 2023, le salaire brut horaire réel (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) a baissé de 3,7% tandis que les profits bruts réels, eux, ont progressé de 45,6%.
Les plus grandes entreprises de la planète ont versé plus de 560 milliards de dollars de dividendes au deuxième trimestre 2023, ce qui est un record. La France représente 30% des dividendes reversés en Europe et la tendance est à la hausse avec 13,3%. Le montant des dividendes en France est estimé à 46 milliards d’euros, ce qui est également un record. BNP Paribas, Sanofi, Axa, LVMH et Engie dont les dividendes ont augmenté des 2 tiers, ont été les principaux redistributeurs au deuxième trimestre, en sachant que les entreprises du CAC 40 ont dégagé plus de 142 milliards d’euros de bénéfices en 2022. En complément à ces profits et dividendes, le montant annuel des exonérations de cotisations sociales a été multiplié par 2,8 entre 2012 et 2022. En 2022, elles s’élevaient à presque 74 milliards d’euros.
Monopoles et État bourgeois : main dans la main sur le dos des travailleurs !
Ce sont les travailleurs qui payent les pots cassés à la moindre baisse de rentabilité sur le marché. Les monopoles continuent leur incessante accumulation de richesses coûte que coûte, avec la subordination et l’appui de l’État bourgeois et de ses gouvernements successifs.
La contre-réforme des retraites, comme l’envoi massif d’armes en Ukraine, l’ont bien montré en France : notre État est l’outil de domination de la bourgeoisie française. Face à cette nouvelle offensive du capital contre le travail, il est plus que jamais nécessaire pour les travailleurs de s’organiser et de renforcer leurs liens au quotidien à travers leurs différentes structures, qu’elles soient syndicales, associatives, mais surtout politiques, en vue de la création d’une force réelle pouvant les représenter et les armer pour la lutte.
Publié par EL DIABLO