Crédits photo : Révolution Permanente
Nantes. Après une 2ème journée de grève, les salariés du Lidl Chevreul déterminés à étendre le mouvement
Samedi matin, une cinquantaine de personnes étaient rassemblées devant le Lidl Chevreul Nantes, à l’appel des salariés du magasin qui organisaient leur deuxième journée de grève. Une démonstration de solidarité réussie qui pose désormais l’enjeu d’étendre le mouvement.
Après une première journée de grève en septembre dernier suite à des menaces physiques proférées par des membres de la direction du magasin à l’encontre d’un salarié du magasin Lidl Chevreul à Nantes, les salariés ont organisé une nouvelle journée de grève samedi 14 octobre. Une décision prise en Assemblée Générale suite au mépris de leurs revendications par la direction, qui avait d’abord promis d’entamer des négociations, pour convoquer ensuite une réunion avec les salariés dans laquelle elle a refusé de parler de la grève et du cas de harcèlement de leur collègue.
Samedi matin, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées devant le magasin nantais : militants syndicaux, politiques et associatifs mais aussi des clients venus soutenir les grévistes et leur combat pour la dignité. Malgré l’emploi d’intérimaires par la direction pour casser la grève, c’est dans une ambiance déterminée que les grévistes et soutiens ont diffusé des tracts aux clients et enchaîné les prises de paroles, convaincus de la nécessité de poursuivre le combat.
Le point de départ du mouvement a été le harcèlement d’un des salariés du magasin par plusieurs membres de la direction. Mais comme racontait Emilia, étudiante-salariée qui travaille depuis un an pour l’enseigne, cette agression a été la goutte de trop : « harcèlement, burn-out, dépression, humiliation, mépris, c’est ce à quoi on est tous quotidiennement exposés. Ce qui se passe, c’est pas juste dans notre Lidl, mais dans tous les Lidl. Lidl broie les gens, on ne vaut rien pour eux, la preuve, il y a des intérimaires aujourd’hui pour nous remplacer ». Des méthodes brutales, que les grévistes lient à la dégradation de leurs conditions de vie face à l’inflation. Marie, syndiquée CGT, militante à Révolution Permanente et salariée depuis trois ans dans le magasin, expliquait ainsi : « on ne peut pas être le 5 du mois à découvert, et venir au travail le 6 pour se faire insulter avec par exemple des insultes comme « je vais baiser ta mère » ».
Or, alors que le chiffre d’affaire de l’entreprise a dépassé les 100 milliards d’euros sur l’année 2022, les salaires, eux, n’augmentent pas. « Un moment donné, quand on travaille dans un magasin et qu’on peut même pas se payer les produits dans ce magasin...on travaille pas chez Louis Vitton, on travaille chez Lidl ! Je travaille dans un magasin où l’inflation va directement dans les poches de mon patron, et moi j’ai rien derrière » détaillait Marie.
Une situation dénoncée par tous les soutiens sur le piquet de grève. Une « cliente en grève » venue soutenir les grévistes expliquait défendre l’indexation des salaires sur l’inflation, tandis qu’Erell, militante au Poing Levé à Rennes appelait à construire « un combat des étudiants et des travailleurs face à l’inflation » : « les responsables de la précarité étudiante et des salaires de misère, ce sont les mêmes, les patrons de l’agro-alimentaire qui tapent des marges de plus de 40% en une année dans la grande distribution, parce qu’ils profitent de l’inflation pendant que nous, on peut pas payer nos paquets de pâtes parce qu’on a plus de thunes, et pendant que vous, vous n’avez pas assez de salaire pour payer ces même paquets de pâtes. ».
La réussite du rassemblement, qui constitue une véritable démonstration de force des salariés face à la direction, en appelle d’autres. Comme le rappelait Marie sur le piquet, « cette journée de grève, elle ne concerne pas que Lidl Chevreul, elle concerne tous les salariés dans toutes les grandes entreprises, avec des salaires de merde. Ce que l’on a réussi à faire au Lidl Chevreul, on peut le faire partout. Si les travailleurs précaires peuvent faire grève, on peut tous s’organiser et leur faire peur ! ».
Et si les grévistes, réunis en Assemblée Générale samedi après-midi, ont décidé de manière unanime de continuer le combat, tous ont rappelé l’enjeu d’étendre le mouvement et leur revendications à d’autres magasins de l’enseigne. Une tâche d’autant plus concrète que samedi, les salariés du Lidl de Trignac ont débrayé en solidarité avec les grévistes du magasin de Chevreul, provoquant la fermeture du magasin, et que selon nos informations, la colère serait en train de gagner d’autres sites.
De ce point de vue, le combat des Lidl Chevreul pourrait bien faire tâche d’huile. Mais pour en garantir l’élargissement, il est désormais crucial de coordonner les différents magasins prêts à se mobiliser. Une coordination qui passe par l’organisation d’une Assemblée Générale commune, regroupant les salariés syndiqués comme les non-syndiqués de l’enseigne, et en premier lieu avec les salariés du Lidl Trignac afin de préparer une nouvelle journée de mobilisation et s’accorder toutes et tous sur les revendications.
De l’autre côté, il serait possible de structurer les multiples soutiens qui ont pris part au piquet samedi, dans un comité de soutien aux grévistes. Un cadre de ce type permettrait de réunir salariés grévistes, clients de l’enseigne et soutiens extérieurs, notamment pour populariser la grève, diffuser la caisse de grève sur la ville, un outil clé pour convaincre les salariés d’autres magasins à rejoindre le mouvement, et défendre les salariés face aux risques de répression de la direction.
La détermination des Lidl Chevreul, qui relèvent la tête face à une direction qui harcèle ces salariés pour les faire accepter des salaires de misères et des conditions de travail indécentes, doit inspirer toutes celles et ceux qui ne s’en sortent plus face à l’inflation, lorsqu’ils font leurs courses, vont au travail ou à l’université. Et face au géant du discount que représente Lidl, il faut opposer une solidarité encore plus grande avec les grévistes : une victoire des Lidl contre l’enseigne, c’est une victoire de l’ensemble de notre camp social, contre les patrons qui profitent de l’inflation et veulent nous la faire payer.
Pour soutenir les salariés de Lidl en lutte, participez et partager leur caisse de grève !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE