Hors effet de change et à périmètre comparable, le chiffre d’affaires ressort toutefois en progression de 5,2% sur la période. (Photo: 123RF)
Londres — Le géant de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène Unilever, qui traverse une période de turbulences, a dévoilé jeudi un nouveau «plan de relance» dans la foulée d’un chiffre d’affaires en baisse au troisième trimestre, en particulier dans la catégorie des desserts glacés.
Les ventes ressortent en recul de 3,8% sur un an à 15,2 milliards d’euros pour le troisième trimestre, lestées principalement par un effet de change défavorable, mais aussi l’impact d’une cession, a-t-on indiqué dans un communiqué.
Hors effet de change et à périmètre comparable, le chiffre d’affaires ressort toutefois en progression de 5,2% sur la période.
Le groupe lance en parallèle un « plan d’action focalisé sur une croissance plus rapide, une plus grande productivité et simplicité, et une culture de performance plus forte ».
« Notre performance des dernières années n’était pas à la hauteur de notre potentiel », déplore le directeur général Hein Schumacher, qui a pris ses fonctions le premier juillet.
La nouvelle stratégie va se focaliser sur 30 marques « motrices » qui représentent conjointement 70% des recettes du groupe, et viser une croissance du chiffre d’affaires sous-jacent de 3% à 5%.
Au troisième trimestre, les ventes ont été tirées par la division de beauté et cosmétique, dont les prix et les volumes augmentent. À l’inverse, les recettes provenant des desserts glacés ont chuté de 6,5%, malgré ou peut-être à cause d’une forte hausse des prix de 8,2%.
Les volumes, qui ont reculé de 10% sur la période, ont pâti du fait que les consommateurs, en pleine crise du coût de la vie, choisissent les « formats offrant un meilleur rapport qualité prix », tandis que « le temps » cet été en Europe a été « moins favorable ».
Unilever, connue pour les savons Dove, les déodorants Axe, les soupes Knorr ou les desserts Magnum, répercute depuis des mois l’envolée des coûts face à l’inflation élevée, mais avait prévenu cet été que les hausses des prix allaient s’atténuer d’ici la fin de l’année.
L’inflation dans de nombreux pays est largement redescendue de ses pics d’il y a un an, même si au Royaume-Uni en particulier, elle reste, à 6,7%, encore loin de l’objectif de 2% des autorités monétaires.
L’action reculait de 2,72% à 3 904,50 pence peu après l’ouverture à la Bourse de Londres.
« On dirait que les consommateurs ont du mal à justifier le supplément pour un pot de Ben&Jerry’s (l’une des marques du groupe, NDLR) étant donné que les ventes de glace continuent à enregistrer des difficultés », remarque Matt Britzman, analyste de Hargreaves Lansdown.
Il remarque cependant que le groupe continue à « briller » dans les marchés émergents même si la reprise en Chine est « plus lente qu’attendu », tout en ajoutant que les ventes ressortent globalement en ligne avec les prévisions du marché.
Le groupe annonce aussi jeudi s’être doté d’un nouveau directeur financier, Fernando Fernandez.
En mai, avant l’arrivée de M. Schumacher, les actionnaires d’Unilever avaient rejeté à près de 60% le plan de rémunération des dirigeants du groupe, à l’issue d’un vote consultatif au cours de son assemblée générale annuelle.
Il s’agissait d’un coup de semonce pour la direction, alors que la stratégie du précédent directeur général Alan Jope, à la tête d’Unilever depuis 2019, était contestée depuis des mois par des investisseurs influents.
M. Jope s’était notamment retrouvé sous le feu des critiques après l’échec de son projet d’acquisition à grands frais de la division de produits de santé de grande consommation du laboratoire GSK, qui avait suscité les protestations d’actionnaires de premier plan.
Le directeur général avait alors fait machine arrière et renoncé à faire des acquisitions majeures à court terme.
Publié par www.lesaffaires.com