« On avait jamais vu ça ! » : grève illimitée pour les conducteurs de bus à Coubron et Chelles
Ce lundi, une centaine de conducteurs de bus de Transdev à Coubron (93) et Chelles (77) sont entrés en grève illimitée pour des augmentations de salaires et de meilleures conditions de travail.
Ce matin, aucun bus n’est sorti du dépôt de bus de Coubron (93). En effet plus de 70% des machinistes des dépôts de Coubron et Chelles, à l’appel de l’UNSA, la CGT et FO, sont rentrés ce lundi en grève illimitée. Ils réclament 200€ net d’augmentation, une prime d’assiduité de 150€, une prime de risque de 100€ ainsi que de meilleures conditions de travail.
Des conditions de travail « insoutenables » et des fins de mois très difficiles
À l’origine de la mobilisation, c’est un ras-le-bol collectif : « on a beau faire des heures supplémentaires et demander des acomptes sur notre salaire, on arrive pas à boucler les fins de mois » explique James*, machiniste à Coubron et représentant CGT.
Des salaires bas accompagnés de conditions de travail déplorables qui poussent à bout les machinistes. « Des conducteurs qui sont là depuis 2 ans n’en peuvent déjà plus, on a des services qui commencent à 5h du matin et qui finissent à 18h le soir avec une coupure de 5h au milieu » raconte le syndicaliste.
Des services à rallonge qui vont jusqu’à 13 heures d’affilés, le tout à une cadence infernale, ce qui ne laisse même pas le temps aux conducteurs de faire des pauses. « On n’a pas de toilettes dans les gares ou alors dans un état catastrophique et quand on y va, le régulateur nous appelle pour nous mettre la pression » poursuit le gréviste.
Des économies sur la sécurité des conducteurs et des usagers
En plus de conditions de travail déplorables, c’est sur les véhicules et la sécurité que Transdev fait des économies. « On roule avec des bus qui ont plus de 700 000 kilomètres et qui font des bruits de plus 90 décibels, ils ne devraient même pas passer le contrôle technique » s’exclame James avant d’enchaîner : « la direction a fait près de 1,5 million d’euros d’économies sur la sécurité ».
Une situation qui permet à l’entreprise de dégager des profits considérables. Selon les syndicats, les bénéfices estimés de Transdev sur les deux dépôts sont « de 2 à 3 millions d’euros par an ». Pour autant, et c’est ce qui suscite la colère des grévistes, cela ne se voit pas sur la fiche de paie des machinistes. « Ils gagnent des appels d’offres pour les JO donc il y a beaucoup d’argent qui va rentrer, mais on est toujours dans des conditions exécrables, il y a aucune redistribution » dénonce James.
Le militant syndical parle d’un ressentiment qui va « au delà de la colère, c’est une humiliation. Il y a un manque de dignité considérable, les conducteurs ne sont pas respectés. On va aller jusqu’au bout de cette grève, ça fait longtemps qu’on a passé le point de non retour ». Ainsi, les grévistes semblent déterminés à faire plier la direction qui a déjà annoncé augmenter la rémunération des intérimaires de 25% pour casser la grève.
Alors que l’inflation alimentaire était encore à 7% en octobre, le cas des travailleurs de Transdev est loin d’être isolé comme le résume James : « On est tous des Gilets Jaunes aujourd’hui, on n’en peut plus ! Évidement que la question des salaires devrait être portée à l’échelle nationale, tout le monde est dans la même situation ».
Une nouvelle grève pour les salaires qui montre la nécessité d’une mobilisation nationale pour les salaires qui dépasse le cadre de luttes isolées entreprises par entreprises. Seule une mobilisation d’ensemble avec des revendications offensive telles que l’augmentation générale des salaires de 400 euros et leur indexation sur l’inflation, peut permettre aux travailleurs de faire face à l’inflation qui ne cesse de les appauvrir.
Pour soutenir les grévistes de Transdev, rendez-vous tous les matins au 29 avenue Corot - Coubron (93470) !
*Le prénom a été modifié
Publié par REVOLUTION PERMANENTE