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« On n’aura pas de Noël » : des travailleurs témoignent des effets de la crise à l’approche des fêtes
Cette année, à l'approche des fêtes, de larges secteurs du monde du travail sont confrontés à la crise sociale. Inflation, réforme antisociale du gouvernement, augmentation du prix de l’énergie… Pour Révolution Permanente plusieurs travailleurs reviennent sur leurs situations.
La période des fêtes est un moment synonyme pour une majorité de la population d’achat de cadeaux, déplacement, grand repas en famille… Une période qui encore plus à l’aube de l’inflation et des attaques anti-sociale du gouvernement rappelle la crise social et économique que traversent une grande partie des travailleurs. Chloé*, travailleuse catégorie C dans la fonction publique revient sur sa situation « La vérité est que cette année on aura pas de noël. Je vis avec 1 600 euros, j’ai trois enfants, comment je pourrais faire ? Avec l’inflation, j’ai divisé d’un tiers mes courses et on a dû annuler une grande partie des activités des enfants. Avec l’augmentation de l’électricité de 10 % en janvier je ne sais pas comment je vais m’en sortir, on va sûrement devoir faire un crédit de consommation. Mais le pire dans tout ça c’est que ma situation je pense est à l’image de millions de familles alors qu’une minorité à l’image de Pouyanné de Total se gavent de dividendes et auront le droit à leur meilleur noël. »
Une situation qui est bien à l’image de ce que vivent aujourd’hui des millions de travailleurs qui payent le prix des logiques néo-libérales et des réformes austéritaires à l’image de la loi « France Travail » ou plus récemment de l’attaque sur l’assurance-chômage. Aujourd’hui c’est plus de de 14 % de la population française qui vivent sous le seuil de pauvreté soit plus de 9 millions de français, un record absolu depuis des années selon l’Insee. Sur la question alimentaire ou du logement ce chiffre grossit considérablement avec près d’un français sur deux qui en arrivent à sauter des repas selon un sondage IFOP ou la difficulté des étudiants à trouver des logements à cause de la précarisation toujours plus grande de ces derniers. Alors que le gouvernement continue de faire croire que la situation économique s’améliore et qu’il a soutenu les plus précaires, l’inflation continue d’aggraver les conditions de vie de la population toujours selon le sondage IFSOP.
Mélanie*, travailleuse dans le ménage revient sur l’impact de la situation économique dans sa situation « L’inflation n’attaque pas que sur le salaire mais sur tous les aspects de la vie. Le logement déjà, les loyers sont augmentés et les charges aussi, les courses je n’en parle même pas, à la fin du mois je suis dans le négatif ou à 50 euros. Cela fait que je coupe dans les à-côtés de la vie comme la coiffeuse, certains médicaments, les sorties dans les bars avec les amies…. Une chose dont on ne parle pas assez c’est que tout ça joue sur notre mental. J’ai des collègues de travail qui ont entamé des dépressions, des troubles du sommeil… Moi-même je fais des crises d’angoisse à l’approche de la fin du mois et encore plus avec l’approche de noël. »
Une situation qui ne risque de pas de s’améliorer. Le gouvernement prévoit en effet une nouvel batterie de réforme austéritaire et d’offensive contre le droit du travail comme nous l’écrivions déjà début décembre. Une « loi Pacte II » pourrait ainsi être présentée début 2024 et visera à « transformer notre modèle social », en d’autres termes à ouvrir de nouvelles attaques anti-sociales. La réforme des services publiques annoncés par Guérini prévoit également une attaque d’une grande ampleur contre le monde du travail et les 5,8 millions de fonctionnaires. En clair, le gouvernement souhaite mener l’offensive sur deux fronts : « flexibiliser » davantage le travail et nous contraindre à accepter n’importe quel emploi. Des attaques qui ne vont qu’accentuer la précarité et les conditions de vies de notre camp social.
Des offensives facilitées par l’attitude des directions syndicales depuis la rentrée. En effet, l’intersyndicale, qui apparait inexistante depuis la fin de la bataille des retraites, a choisi de jouer à fond le jeu du « dialogue social », délaissant totalement la rue à l’exception de l’appel à une très faible journée interprofessionnelle sans lendemain. Une logique qui est allée de pair avec la signature par une partie des directions syndicales d’accords scandaleux sur l’assurance-chômage ou l’Agirc-Arrco, qui a laissé le champ libre au gouvernement pour reprendre l’offensive. Alors que l’adoption de la loi immigration a été un choc chez de nombreux secteurs de travailleurs et Sophie Binet appelle au retrait de la loi, il est temps de construire un véritable plan de bataille contre les mesures austéritaire du gouvernement et ses offensives racistes.
Eric* chauffeur et militant syndical dans la voirie revient sur ce besoin de la construction d’un véritable front contre les différentes offensives du gouvernement. « La période est aujourd’hui très dure. On est à presque un an du lancement de la bataille des retraites et on voit aujourd’hui les conséquences du dialogue social. C’est un noël de classe auquel on assiste avec des travailleurs toujours plus pauvres et un patronat toujours plus riche. De plus, on voit une situation marquée par l’extrême-droite où elle a réussi avec la loi Immigration a marqué ses mesures alors que durant les retraites elle était absente. Quand on voit les attaques anti sociales que le gouvernement prévoit pour notre camp social et les attaques sur les immigrés, l’heure est à la lutte contre la division que tente de faire le gouvernement. Les directions syndicales et en premier lieu la CGT devrait être en train de construire une riposte qui nous unifient contre les mesures austéritaires de ce gouvernement et ses attaques racistes qu’il fait main dans la main avec la droite et l’extrême-droite. ».
Publié par REVOLUTION PERMANENTE