Alors qu’un deuxième membre du bureau confédéral de la CGT est convoqué à la gendarmerie, la secrétaire générale, dans une lettre envoyée à Élisabeth Borne, dénonce un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Et enjoint le gouvernement à faire cesser « ce harcèlement judiciaire » qui « nuit à l’action syndicale ».
La missive est partie mardi soir. Dans son courrier adressé à la première ministre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet dénonce la multiplication des poursuites de responsables syndicaux issus de son organisation après la mobilisation contre la réforme des retraites. La liste dressée par la responsable syndicale est longue et témoigne d’un « contexte de répression antisyndicale inédit depuis l’après-guerre ». Ainsi, « au moins 17 secrétaires généraux d’organisations CGT, convoqués du fait de leur qualité de secrétaire général » ont fait l’objet de poursuites, et « plus de 1 000 militants de la CGT sont poursuivis devant les tribunaux ».
Ce vendredi, Myriam Lebkiri, membre du bureau confédéral de la CGT, également cosecrétaire générale de l’Union départementale du Val-d’Oise, ainsi que Marc Roudet, membre de la commission exécutive de l’union départementale du 95 sont convoqués à la gendarmerie de Pontoise pour une audition. En soutien, un rassemblement est prévu avec l’ensemble des organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CGE-CGC, Unsa, CFTC, FSU, Solidaires).
Contre le harcèlement judiciaire
Début septembre, c’était Sébastien Menesplier, également membre du bureau confédéral, secrétaire général de la fédération des électriciens et gaziers, qui avait été entendu à la gendarmerie de Montmorency, toujours à propos des actions syndicales du premier semestre.
Or, poursuit-elle, « nous avons autre chose à faire que de multiplier les rassemblements devant les commissariats pour soutenir nos camarades. Alors que les salaires baissent, que les faillites d’entreprises se multiplient, réprimer l’action syndicale conduit à empêcher les salarié·e·s de se mobiliser et de s’organiser pour faire valoir leurs droits ».
En ce sens, la responsable syndicale suggère à la première ministre « de demander aux parquets de se concentrer sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite, ou encore contre le trafic de drogue, les violences sexistes et sexuelles, et la délinquance en cols blancs », plutôt que de « cibler des syndicalistes assimilés de façon scandaleuse à des voyous ou à des terroristes ».
D’autant que « la multiplicité de ces procédures ne fait que traduire une réelle volonté politique de porter atteinte à l’action syndicale », analyse-t-elle. Pour Sophie Binet, « ce harcèlement judiciaire ne peut plus durer ». Elle revendique ainsi que ceux qui ont été condamnés « soient rétablis dans leurs droits » et l’adoption d’une « loi d’amnistie ».
Une proposition de loi déposée par les sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, visant à amnistier les personnes condamnées pour certains délits commis à l’occasion d’une manifestation ou d’un mouvement de grève, a été rejetée par le Sénat, fin octobre.
Le ministre de la Justice y voyait une loi qui « ne ferait qu’aggraver la discorde et nourrir l’impunité, alors même que les voies de l’apaisement ont été trouvées et que le dialogue social a été renoué lors d’une grande conférence sociale ». Une conférence sociale sur les salaires, dont les salariés attendent toujours le résultat…
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Publié par EL DIABLO