Crédits photo : Page Facebook CGT PSA Mulhouse.
Stellantis Mulhouse. « 600 intérimaires licenciés, les précaires en première ligne de la casse sociale »
Stellantis a annoncé le 24 janvier licencier 600 intérimaires. Une casse sociale d'ampleur qui s'inscrit dans le cadre de suppressions massive d'emplois à Stellantis et plus largement dans le secteur automobile. Un billet de Vincent Duse, ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse et militant CGT.
Mercredi 24 janvier, à l’occasion d’une réunion du CSE ( Comité social et économique), la direction du Stellantis a annoncé l’arrêt de l’équipe de la demi-équipe de nuit à partir du mois de mars. La direction s’apprête donc à éjecter 600 intérimaires des postes de montage véhicules, peinture, ferrage et sur une partie de mécanique. Alors que des échos de cette casse sociale circulaient dans l’usine, la confirmation de la nouvelle fait froid dans le dos. Avec 600 intérimaires licenciés, les précaires sont encore une fois en première ligne de la casse sociale.
Loin d’être un fait isolé, la suppression de 600 emplois sur le site de Mulhouse s’inscrit dans la continuité des 750 intérimaires à Sochaux, de 200 à 250 intérimaires à Poissy et plus récemment à Rennes, ou la direction a également poussé vers la sortie 200 intérimaires le 26 février. Au total,1 800 intérimaires auront été licenciés par le groupe Stellantis sur les dernier mois. Une hécatombe sociale consciemment organisée par la direction qui cherche à toujours plus augmenter ses gains de productivité sur le dos des travailleurs.
Le patronat et certains syndicats normalisent cette casse sociale, au prétexte que le statut précaire des intérimaires justifierait légalement de pouvoir les mettre à la porte. En réalité, la direction crée une division entre les travailleurs en CDI et ceux en intérim, pour normaliser ce qui est en définitive un licenciement. À la fin, c’est un travailleur qui se retrouve sans emploi. Aussi, il ne faut pas être dupe, l’objectif de la direction avec ces suppressions d’emplois, c’est de « produire plus avec moins ». Dans ce cadre, les salariés en CDI verront leurs conditions de travail forcément dégradées à la suite de suppressions d’emplois. Ceux qui restent vont se crever au boulot, tandis que les autres crève de ne pas en avoir...
Dans le même temps, la direction de Stellantis essaye d’imposer à échelle nationale une modification sur la prise des congés. En effet, elle cherche à limiter à deux semaines d’affilés la prise de congé en été, et cela, alors même qu’elle argumente une baisse des besoins de main d’œuvre pour justifier les suppressions d’emplois. Face à cette nouvelle offensive, des débrayages ont été menés le 15 janvier sur l’usine de Poissy alors que sur le site d’Hordain, 500 salariés ont débrayé vendredi et reconduit ce lundi 29 janvier.
Les différentes attaques de Stellantis contre les travailleurs sont d’autant plus scandaleuses qu’elles interviennent alors que le groupe faisait état en début 2023 d’un bénéfice record de 23,32 milliards d’euros, soit une hausse de 29 % par rapport à l’année précédente. Comme le décrit le journal patronal L’usine Nouvelle : « L’industriel (Stellantis) affiche depuis sa création une confortable marge opérationnelle à deux chiffres, en constante amélioration : de 11,8% en 2021, elle est passée à 13% en 2022 et pourrait à nouveau grimper pour 2023. Les résultats financiers définitifs seront publiés le 15 février. Ils s’annoncent excellents ».
Plus largement, à l’échelle du secteur automobile, nos patrons tentent d’imposer une normalisation de la casse sociale en la justifiant par le passage de la production de véhicules thermique à des véhicules électriques. A l’échelle mondiale, c’est près d’un quart des emplois du secteur, soit 70 000 postes, qui seraient menacés d’ici à 2030 selon une étude décrite par le président de la Fédération des équipementiers (Fiev), Claude Cham. Une dynamique déjà à l’œuvre chez PSA et d’autres groupes du secteur, qui commence par s’attaquer aux plus précaires, aux sous-traitants, pour finalement menacer des dizaines de milliers de travailleurs.
Contre la casse sociale montreuse qui a déjà commencé et menace de s’amplifier toujours plus, il est donc nécessaire de revendiquer le CDI pour tous et l’interdiction des licenciements pour qu’aucun travailleur ne finisse sur le carreau, intérimaire comme CDI. Un combat qui va de pair avec la revendication d’une baisse du temps de travail et sa répartition entre tous et toutes sans diminution de salaire, seule solution pour répondre concrètement aux besoins des travailleurs. La transition d’une production de voitures thermique aux voitures électriques ne doit pas se faire au détriment des travailleurs, c’est aux patrons du secteur qui réalise des bénéfices record de payer pour cela.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE