Crédits photos : Philippe Vivien
Un dirigeant de la CGT convoqué à la gendarmerie pour un collage d’affiches sur une poubelle
Philippe Vivien de la CGT de Falaise (Calvados) a été convoqué le jeudi 22 février à la gendarmerie après une plainte déposée par un élu local LR pour collage d’affiches sur des containers à bouteilles. Une attaque qui s’inscrit dans une offensive anti-syndicale générale dans le pays.
Le jeudi 22 février à 16 h 30, Philippe Vivien, membre de la commission exécutive de l’Union Locale CGT de Falaise (Calvados), a été convoqué à la gendarmerie suite à une plainte pour avoir « collé des affiches sur des containers ». Philippe est syndiqué à la CGT depuis 35 ans, et il a travaillé pendant 40 ans chez PSA-Stellantis. Il nous a raconté comment six gendarmes sont venus à l’entrée de la brigade pour ouvrir la barrière. « C’était comme si j’avais commis un crime : ils ont pris les empreintes de tous les doigts, un relevé ADN et la grandeur de mes godasses ». L’entretien avec l’adjudant-chef a duré « une bonne heure », au cours duquel il lui a été annoncé que la procédure irait chez le procureur de la république qui décidera des suite à donner. « Ils peuvent très bien donner une amende au syndicat, ce qui remettrait le feu aux poudres ».
Si aucune personne venue le soutenir n’a pu l’accompagner dans la gendarmerie, ils étaient quand même une cinquantaine à l’attendre devant en solidarité : des camarades de l’union CGT Retraités de Falaise, d’autres de Lisieux et le secrétaire général de l’union départementale CGT du Calvados Allan Bertu. C’est le maire LR de la commune de Vignats et vice-président de la communauté de communes Kevin Dewaële qui a déposé une plainte contre le syndicaliste après l’avoir photographié en train de coller dans le centre-ville de la Falaise le 17 août dernier. À Ouest-France, l’élu affirme « sans parler du coût, une affiche en appelle d’autres et cela donne l’impression d’un manque d’entretien et [...] favorise le dépôt d’autres déchets ».
Philippe dénonce quant à lui le manque d’emplacement d’expression dans la ville : « Si on a été amenés à coller en sauvage, c’est parce qu’actuellement, ce n’est pas qu’il y a en pas assez, c’est qu’il y en a pas du tout ! J’ai demandé qu’on ait une rencontre avec le maire de Falaise pour nous attribuer des emplacements pour pouvoir coller. On sait très bien qu’il ne le fera pas, donc dans ces cas-là, il y aura des collages sauvages. ». Dans cette affaire, Philippe est le bouc émissaire d’une répression qui vise l’ensemble du syndicat. « En moyenne, je fais un collage tous les trois mois, mais ce que j’ai dit à l’adjudant, c’est que c’est le collectif de l’UL de Falaise qui organise les collages. » nous raconte Philippe, dont cette procédure d’intimidation n’a pas entamé la détermination : « En novembre et décembre, nous avons les élections syndicales dans les TPE. Croyez-moi que je vais tout faire pour mener une campagne à bien, de façon à mobiliser les salariés des petites et moyennes entreprises pour pouvoir les appeler à voter CGT ».
« C’est une attaque contre l’union locale CGT de Falaise, et même contre toute la CGT. Comme ailleurs en France c’est purement de la répression anti-syndicale »
Cette attaque n’est pas la première de la municipalité contre les activités de la CGT. « Quand on fait les distributions à Leclerc et Tartefrais, neuf fois sur dix, on nous envoie les vigiles, la police municipale voire même les gendarmes ». Philippe Vivien a compris qu’à travers lui, c’est le syndicat qui est visé et son implication dans les mobilisations sociales de ces derniers mois : « Falaise était une usine pilote sur le plan national pour les manifestations sur les retraites. On n’a pas désarmé. À ce moment, on faisait deux collages par mois avec deux voitures différentes, on a jamais eu de souci et on collait sur les fameux containers. Le rassemblement du 1er mai on l’a fait l’année dernière à Falaise, et je compte bien en refaire encore un autre d’une plus grande ampleur. Depuis le mouvement des retraites la CGT a plus de 400 nouvelles adhésions sur le département. Le gouvernement, les préfets et les maires, ce qu’ils veulent, c’est affaiblir la CGT. Mais ils ne vont pas l’affaiblir longtemps ! Ils voient qu’à Falaise l’union locale vit ».
Dans le département, les attaques contre les syndicats se multiplient. La semaine avant sa convocation, Philippe avait participé aux côtés de plusieurs autres cégétistes à l’envahissement du conseil municipal de Condé-en-Normandie pour protester contre l’expulsion pure et simple de l’union locale CGT de Condé du local qu’elle occupe depuis plus de vingt ans, sans qu’aucune solution ne soit proposée par la mairie.
Signe de ce climat d’offensive anti-syndicale, Philippe évoque aussi les travailleurs de l’aéroport de Roissy « en pleine bagarre contre la répression syndicale » suite au licenciement du secrétaire de l’union locale. « Ils nous ont tous dans le collimateur pour démobiliser la CGT sur le plan des attaques et des régressions sociales ». Face à la multiplication des cas de répression syndicale dans le pays, l’heure n’est plus au dialogue social avec le gouvernement ou les patrons, mais à la préparation d’une riposte de l’ensemble des travailleurs !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE