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La précarité tue : une étude de l’Inserm pointe la surmortalité liée au chômage
Alors que le gouvernement poursuit ses attaques antisociales sur les chômeurs, une étude récente de l'Inserm met en lumière les conséquences du chômage sur la santé des travailleurs. L’institut pointe que plusieurs milliers de personnes meurent ainsi chaque année de causes liées au chômage.
Selon une récente étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) dont les résultats sont rapportés par Politis la corrélation entre chômage et surmortalité est avérée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « le fait d’avoir été au chômage plus de 19 trimestres au cours de sa vie accroît de 28% la mortalité ». L’étude estime que chaque année, en France, plusieurs milliers de personnes meurent pour des raisons liées au chômage.
Après avoir suivi 200 000 personnes pendant neuf ans, les chercheurs de l’Inserm ont conclut qu’une situation de chômage favorise l’apparition de pathologies cardiovasculaires. Cela peut s’expliquer en grande partie par une prédisposition à plusieurs facteurs de risque, notamment la consommation d’alcool modérée, le tabagisme, la sédentarité, l’obésité, le diabète, les troubles du sommeil mais aussi la dépression.
Sans surprise, donc, les personnes vivant une situation précaire et d’inemploi ont plus de risques de vivre des épisodes dépressifs qu’un actif. De plus, plus le chômage est de longue durée, plus les risques s’accroissent. Ces résultats mettent en lumière l’impact profond du chômage sur la santé mentale et physique des individus qui constituent « l’armée de réserve du capital ».
Les résultats de cette étude tombe mal alors que le gouvernement cherche à faire passer les personnes en situation d’inemploi pour des « profiteurs », pour justifier ses offensives contre l’assurance-chômage, et contraindre les allocataires de l’assurance chômage à accepter des emplois précaires et mal rémunérés – ou à rejoindre les rangs des allocataires du RSA, lui aussi « réformé ». Attal a annoncé vouloir s’en prendre (une fois de plus) aux chômeurs, en annonçant vouloir réduire la durée maximale d’indemnisation et mener toute une série d’offensives contre les séniors, mais aussi en durcissant les conditions d’éligibilité aux allocations chômages.
Interviewé dans Politis, le professeur Pierre Meneton, qui a participé à l’enquête, revient sur cette image de « profiteur » : « Cette idée est totalement délirante. On le voit bien que le chômage est dramatique pour les gens, et on le mesure clairement ici, de manière très concrète, jusqu’au décès. ». Les réformes successives du gouvernement apparaissent ainsi d’autant plus dramatiques que l’étude démontre qu’en plus du chômage, la position sociale et les conditions de travail augmentent les risques cardiovasculaires, et sont donc un autre facteur de surmortalité.
Ainsi, face à l’offensive généralisée que l’exécutif lance contre les travailleurs, et dont la nouvelle réforme de l’assurance chômage est un volet supplémentaire, il est nécessaire de construire une riposte d’ensemble contre les lois antisociales et anti-ouvrières. C’est ce à quoi devrait s’atteler dès aujourd’hui les directions syndicales, pour exiger le retrait de toutes les contre-réformes de l’assurance-chômage, mais aussi pour imposer une autre répartition de travail, qui ne conduise pas à ce que certains se tuent à la tâche pendant que d’autres meurent du chômage.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE