SYNDICAT CGT UNILEVER FRANCE HPCI

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Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux

« On peut s’attendre à des morts » : le gouvernement autorise la suppression des repos des saisonniers

Le 9 juillet, le gouvernement a autorisé par décret le patronat agricole à suspendre le repos hebdomadaire des salariés pour les récoltes. Anthony Smith, inspecteur du travail, syndicaliste CGT et député LFI, dénonce une attaque grave, dans un secteur déjà marqué par de nombreux drames au travail

Conditions de travail

Crédits photo : AnRo0002/Wikimedia Commons

 

Le 9 juillet, le gouvernement a fait passer un décret pour suspendre le repos hebdomadaire des salariés agricoles qui font les vendanges. Sur trente jours, le repos peut désormais être suspendu une fois selon les désirs du patron pour les récoltes liées à une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) ou une Indication Géographique Protégée (IGP), que le décret considère comme des « travaux dont l’exécution ne peut être différée ».« Le droit au repos est un droit fondamental pour reconstituer sa force de travail. Des jeunes de 19 ans sont morts dans les vignes et on peut s’attendre, avec ce décret, à de nouveaux morts » dénonce Anthony Smith, inspecteur du travail, ancien dirigeant syndical CGT et député LFI au Parlement Européen.

Au service du patronat viticole, le gouvernement met en place une proposition du RN

« Là ceux qui sont à la manoeuvre c’est d’abord madame Vautrin qui a pris le décret, et avant c’était un amendement de l’UDI de la Marne, donc des lobbys viticoles, du Syndicat Général des Vignerons, et l’année dernière on avait la même demande par le biais d’un amendement du Rassemblement National » raconte Anthony Smith.

En effet, la mesure a été initialement déposée sous forme d’un projet de loi par la députée Rassemblement National Angélique Ranc, proche du Syndicat Général des Vignerons (SGV) de Champagne qui l’a même invitée à son dîner en février dernier. Elle était par ailleurs co-signée par Grégoire de Fournas et Christophe Barthès, députés RN et eux-mêmes patrons viticoles. Pour Anthony Smith, « ce qu’ils veulent dans la main d’œuvre c’est l’exploitation, et une main d’œuvre illégale on peut la sous-payer et l’exploiter beaucoup plus facilement ».

Dans la proposition du RN, la suspension du repos était justifiée par quatre arguments : « l’excellence du champagne français », les profits et exportations, la raréfaction de la « main-d’oeuvre locale » pour laquelle « imposer une journée de repos [...] aggraverait considérablement les difficultés de recrutement » et, enfin, par « l’ordre public » à cause des « complications liées au repos simultané de centaines de milliers de personnes dans un espace géographique restreint, sans activité locale ». « Parce que, c’est bien connu, le travailleur, qu’est-ce qu’il fait s’il a du repos ? Il s’avine. C’est exactement ce que soutient cette proposition » traduit Anthony Smith.

Anne-Sophie Romagny est sénatrice UDI de la Marne, un département où, au moment des vendanges, ce sont selon Anthony Smith « 100 000 travailleurs supplémentaires qui arrivent, pour trois inspecteurs du travail qui ont déjà fort à faire ». Le 11 avril dernier, la sénatrice vantait sa présence à l’Assemblée générale du Syndicat Général des Vignerons (SGV) de Champagne où la « dérogation au temps de travail saisonnier » était à l’ordre du jour et, le 6 juin, elle déposait un amendement proposant la suppression du temps de repos, dans le cadre de la loi « souveraineté agricole ». Trois jours après, Macron dissolvait l’Assemblée Nationale et le projet était censé être enterré.

Un mois plus tard, le gouvernement reprend la mesure par décret du 9 juillet, dans une version encore plus dure puisque la durée maximale du contrat n’est plus une condition. Entre temps, la ministre du Travail Catherine Vautrin s’était elle aussi affichée auprès des représentants du SGV. Une attaque en règle contre les travailleurs du secteur, dont une partie importante sont des travailleurs étrangers, visés par le « visa métier en tension » de la loi Immigration.

Une attaque supplémentaire contre les travailleurs agricoles, exposés aux conséquences du réchauffement climatique

Anthony Smith explique que le décret systématise des pratiques déjà en vigueur : « Ça existait déjà en partie, il y avait la possibilité de déroger mais c’était une décision administrative du ministère du Travail. Aujourd’hui il n’y a même plus besoin de cette décision administrative et l’employeur peut, de sa propre responsabilité, suspendre le repos hebdomadaire une fois dans un délai de trente jours ».

« Dans les vignes l’année dernière c’est six morts de la chaleur. Là on donne le signal terrible qu’on peut faire ce qu’on veut, sachant qu’il y a déjà des dérogations à la durée hebdomadaire maximale du travail dans le secteur des vendanges. La durée maximale est de 48 heures, mais on peut déroger jusqu’à 60 heures, voire 72 heures hebdomadaires dans certains cas. Si vous rajoutez la suspension du repos, vous avez 120 à 144 heures continues sur deux semaines. On augmente l’exposition des travailleurs qui sont parmi les plus précaires, dans un métier dur au possible - chaque année il y a des cas d’hébergements insalubres, de traite d’être humains - or là on renforce cette situation avec ce décret » poursuit Anthony Smith.

Dans ces conditions, les saisonniers sont particulièrement exposés aux défaillances dans l’organisation du travail. En septembre dernier, en deux semaines de vendanges, six travailleurs agricoles sont morts en France, dont quatre en Champagne. Une situation qui est particulièrement aggravée par le changement climatique puisque l’été dernier a été marqué par quatre épisodes caniculaires et des mois de juin à septembre qui ont tous été les plus chauds jamais enregistrés au niveau mondial.

Maxime Toubart, président du Syndicat Général des Viticulteurs de Champagne déclarait en septembre dernier sur BFMTV : « Les conditions ne sont pas extrêmes à 34 degrés, c’est des conditions normales. Nous on est habitués au mois de mai-juin-juillet à avoir 35, 36, 37 et maintenant 40 degrés. On le sait, on s’habille, on se couvre, on met un chapeau, on met de la crême solaire, on s’hydrate. C’est du comportement individuel. ». « Ils veulent faire peser ça sur des mesures individuelles plutôt que sur l’organisation collective du travail » dénonce Anthony Smith.

« Les patrons savent très bien s’organiser collectivement dans ce secteur quand ils ont en besoin pour leur production mais les conditions de travail des salariés c’est toujours trop compliqué. On pourrait imaginer la construction d’hébergements collectifs en dur, gérés par les coopératives viticoles, mais ça n’existe pas et vous avez partout des hébergements en tente, alors que c’est interdit » déplore Anthony Smith.

Même en pleine crise, la minorité présidentielle continue de gouverner contre les intérêts des travailleurs, qui plus est dans un secteur particulièrement précaire, tant par ses conditions salariales, par le danger physique et vital aggravé par le décret qui autorise le non-respect des temps de repos, et par les offensives racistes et xénophobes. Reprenant les mesures patronales et racistes proposées par le Rassemblement National, le macronisme prouve qu’il ne sera jamais un rempart face à l’extrême-droite, et que la défaite de ces deux courants ne pourra venir que d’une réponse du mouvement ouvrier.

Publié par REVOLUTION PERMANENTE

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