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Publié le par Syndicat CGT Le Meux

Arrêts de travail : au nom de l’austérité, l’assurance-maladie veut faire la guerre aux travailleurs malades

Interrogé par Les Échos, Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie, prépare l’opinion à de nouveaux durcissements de l’indemnisation des arrêts de travail. Une politique austéritaire dangereuse pour la santé des travailleurs.

Thomas Fatôme au micro de France Inter Crédit photo : capture d’écran Youtube/ France Inter

Thomas Fatôme au micro de France Inter Crédit photo : capture d’écran Youtube/ France Inter

Dans un entretien publié ce dimanche dans Les Échos, Thomas Fatôme, directeur général de l’assurance-maladie, insiste sur la dégradation des comptes de la Sécurité sociale : « Le déficit de la branche maladie sera vraisemblablement plus élevé que les 11,4 milliards d’euros attendus par la commission des comptes de la Sécurité sociale en juin. ». Une sortie qui vise à pointer du doigt les arrêts de travail, jugés responsable du déficit grandissant : « Malheureusement, au premier semestre, le coût d’indemnisation des arrêts de travail est de nouveau en hausse de 8 % sur un an, ce qui est très important. 

Encore et toujours la « lutte contre la fraude »

La conclusion du patron de l’assurance-maladie est sans appel : « Il faut réfléchir à un nouveau système d’indemnisation des arrêts de travail plus soutenable financièrement. » Une préconisation qui résonne avec la proposition avancée en mai dernier par la Cour de comptes d’augmenter le nombre de jours de carence dans le secteur privé de trois à sept jours. Des sorties particulièrement alarmantes, qui laissent présager de nouvelles attaques en ces temps d’austérité. Alors que la préparation de la loi de finances et de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 sera le premier dossier brûlant du futur gouvernement Barnier, cette idée pourrait bien être remise à l’ordre du jour pour trouver une partie des 16 milliards d’euros de coupes budgétaires préconisés par le ministre de l’Économie sortant Bruno Le Maire.

Comme d’habitude concernant les arrêts de travail, la rhétorique de la lutte contre la « fraude » tourne à plein régime. Si Thomas Fatôme reconnaît que « la population active augmente et vieillit, et quand le SMIC et les salaires augmentent avec l’inflation, c’est normal que le coût d’indemnisation des arrêts augmente », il affirme toutefois que « cela n’explique pas tout ». Il annonce que l’assurance-maladie contactera les salariés en arrêt de longue durée et les médecins prescrivant à son goût « trop » d’arrêts de travail, et amplifiera la « lutte contre la fraude, en déployant dès ce mois-ci auprès des médecins de nouveaux certificats d’arrêts de travail plus sécurisés ».

La santé des travailleurs en danger

Pourtant, les facteurs explicatifs de l’augmentation des arrêts de travail ne manquent pas. Outre le vieillissement de la population active, que Thomas Fatôme reconnaît, causé par les réformes des retraites successives qui contraignent au travail des personnes vieillissantes et à la santé plus fragile, les travailleurs sont également de plus en plus exposés à des risques pour leur santé. En novembre 2023, Les Échos relayaient eux-mêmes une étude d’Empreinte Humaine et OpinionWay qui concluait qu’un salarié sur deux était en état de « détresse psychologique » et que 2 400 000 personnes étaient en risque de burn-out sévère.

Selon le baromètre de Malakoff Humanis sur l’absentéisme, en 2023, 33 % des arrêts étaient dû à des maladies infectieuses, 15 % à des troubles psy et à l’épuisement professionnel, 12 % à des troubles musculo-squelettiques et encore 7 % au covid. La détérioration des conditions de travail et leurs conséquences sur la santé physique et psychique, mais aussi l’indigence de l’État face aux maladies infectieuses telles que le covid pèsent donc lourd dans sur l’état de santé des travailleurs et, en bout de course, sur le recours aux arrêts de travail.

Le rétablissement d’un jour de carence pour les arrêts de travail dans la fonction publique en 2018 offre un recul pour mesurer les effets de la détérioration des conditions d’indemnisation sur le comportement des travailleurs malades. Analysant les effets de cette réforme dans l’Éducation nationale, les experts de l’Insee pointent une réduction du nombre d’arrêts de courte durée, mais une augmentation du nombre total de jours indemnisés. En somme, si le mécanisme des jours de carence réussit à dissuader les travailleurs malades ou psychologiquement épuisés de solliciter un arrêt de travail, cela se solde au final par une augmentation des arrêts de travail de plus longue durée, signes d’un état de santé plus dégradé. Des dispositifs qui ne font pas d’économies, mais ne servent qu’à exploiter davantage les travailleurs, au mépris de leur santé.

Arrêts de travail, maladies chroniques : les prochaines victimes du gouvernement

Dans la situation de crise politique aiguë, et acculé par une situation budgétaire très dégradée, le nouveau gouvernement pourrait donc encore une fois en profiter pour faire payer les travailleurs, au mépris de leur santé. Une attaque qui pourrait également concerner les malades chroniques, avec des préconisations de la haute administration pour raboter le régime des affections longues durées (ALD) qui permet aujourd’hui un niveau de prise en charge plus important des soins pour les maladies chroniques.

Ces mesures austéritaires inscrivent dans la droite ligne des attaques de ces dernières années telles que l’augmentation des franchises sur les boites de médicaments ou la dernières réformes des retraites. Autant de mesures qui mettent en danger la population alors que la Sécurité sociale est aujourd’hui structurellement sous-financée en raison des exonérations de cotisations sociales dont bénéficient les employeurs, qui ont coûté 70 milliards d’euros en 2023.

Publié par REVOLUTION PERMANENTE

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