La lutte continue à Wittenheim contre les baisses de salaires et la fermeture du site
Après une semaine de débrayages, les employés du site de Wittenheim des Papillons Blancs, une entreprise adaptée qui réalise des assemblages pour Stellantis, poursuivent la lutte contre le plan austéritaire brutal de leur direction qui prévoit de fermer le site et de supprimer de nombreux acquis sociaux.
Depuis une semaine, les ouvriers du site de Wittenheim de l’entreprise adaptée alsacienne les Papillons Blancs, une association qui œuvre à l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés, luttent contre le plan austéritaire brutal, proposé par la direction (« Nouvel Horizon 2024 »), destiné à économiser un million d’euros. Parmi les dispositions du plan, les travailleurs seront privés de nombreux acquis sociaux. Si l’ensemble de l’entreprise est concerné, le site de Wittenheim, qui produit des assemblages mécaniques pour le géant de l’automobile Stellantis, sera le plus durement touché.
En plus de l’augmentation du coût de la complémentaire santé, que l’entreprise prenait auparavant à sa charge, de la suppression du pont de l’ascension, de la non-comptabilisation des temps de pause comme temps de travail et de la suppression de plusieurs primes, la suppression du site est au cœur de toutes les inquiétudes : si l’entreprise s’est engagée à muter ses employés sur d’autres sites, en faisant assumer aux employés des frais de transports imprévus et potentiellement élevés, les modalités du reclassement sont très opaques. Seulement garanti pendant un an, les travailleurs risquent de perdre leur emploi au terme de cette période.
Alors que l’ensemble des syndicats du site, de la CFDT à la CFE-CGC en passant FO, à l’exception de la seule CGT, a signé les accords de négociations rédigés par la direction, les employés ont initié des débrayages de quelques heures plusieurs fois par semaine pour réclamer la réouverture du site et la suspension de toutes les mesures austéritaires du plan, cyniquement intitulé « nouvel horizon », comme l’explique Laurent Cusey, délégué syndical CGT.
Pour l’ensemble des travailleurs du site, la suppression des primes et l’augmentation du coût de la mutuelle représente un manque à gagner de 170 euros sur les salaires, une perte désastreuse pour des salariés qui, même après des décennies d’ancienneté, sont pour la plupart rémunérés au SMIC, comme le souligne Bernard, ouvrier depuis 34 ans sur le site : « Ça fait 34 ans que je suis là. Sans la prime qu’on va nous enlever, j’arrive à pratiquement 1200, cela va devenir impossible de vivre. Avec la fermeture du site, ceux qui sont encore ici vont être reclassés mais rien ne dit que cela va durer longtemps. La direction n’en a rien à foutre de nous, elle vit dans un autre monde. Ils ont leur salaire, ils sont bien confortables alors que nous on est sous crédit, ils ont du mal à survivre et ils ont encore des années avant la retraite ».
Face à ces attaques brutales, qui condamnent les travailleurs aux salaires déjà faibles à une précarité aggravée, et en dépit de la faible résistance que les syndicats ont opposé lors des négociations, les travailleurs de Wittenheim, soutenus par la CGT, poursuivent une lutte exemplaire, au cœur du secteur automobile, pour de meilleures conditions de travail et l’augmentation des salaires. Alors que les travailleurs sont en train de mettre en place une caisse de grève, pour durcir leur mobilisation, il faudra être prêt à les soutenir dans leur combat.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE