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Syndicat CGT Unilever HPCI France

Publié le par Syndicat CGT Le Meux

Casse sociale à Stellantis : vers une fermeture programmée de l’usine de Poissy ?

Alors que de nombreux sous-traitants automobiles font face à des licenciements et fermetures d'usines, le géant Stellantis s'apprête à fermer des usines. Les 2600 travailleurs du site de Poissy, dernière grande usine automobile d'Île-de-France, savent qu'ils sont les prochains menacés.

Automobile

Crédits photo : Capture d’écran Google Maps

Le 13 octobre Tavares répondait froidement à un journaliste des Echos lui demandant s’il allait fermer des usines : « Il ne faut rien exclure. Si les chinois prennent 10 % de part de marché en Europe [...], ils pèseront 1,5 million de voitures. Cela représente sept usines d’assemblage, les constructeurs européens devront alors soit les fermer soit les transférer aux chinois ». Face à ces annonces, les travailleurs du géant automobile vivent dans l’angoisse des mauvaises nouvelles à venir.

C’est notamment le cas pour les 2600 travailleurs du site de Poissy, dernière grande usine automobile d’Île-de-France. Ces derniers sont particulièrement menacés car l’Opel Mokka, principale production du site, va disparaître d’ici 2028. « Ce qui compte, c’est ce qu’on va devenir une fois qu’on aura fini de produire cette Mokka » déclare Jean-Pierre Mercier, délégué syndical SUD Stellantis Poissy. En effet, lors du Mondial de l’Auto, Tavares déclarait « Toutes les usines françaises et italiennes ont un plan de charge jusqu’en 2030, voire 2032 », mais ajoutait « Poissy est l’exception » ajoutant que « la décision sera prise fin 2025, en cohérence avec la durée de vie des modèles qu’elle produit », soit quelques semaines avant la retraite dorée de PDG annoncée mi-octobre.

En réalité, l’usine de Poissy est destinée à être transformée en « Green Campus » censé accueillir 8200 cadres faisant de la recherche et du développement et plus aucun ouvrier d’usine, sur le modèle du Technocentre de Renault. Aucuns travaux n’ont été effectués pour prendre le relais de la production d’Opel Mokka. « Il y avait un acharnement de la direction à vider l’usine de ses CDI par tous les moyens et il n’y avait plus d’investissements. Pour avoir un nouveau véhicule après celui qu’on fabrique actuellement, il aurait fallu des travaux importants, une nouvelle plateforme, on aurait vu sous nos yeux s’agiter un paquet de salariés pour préparer le nouveau véhicule » explique le représentant syndical.

« Ce qui motive la direction à fermer l’usine de Poissy ce n’est pas du tout que Stellantis est au bord du gouffre, bien au contraire. Ça regorge de milliards. C’est une raison purement financière. Les constructeurs automobiles se livrent une guerre à mort pour se partager les parts d’un marché qui ne grandit plus. Et pour maintenir leurs profits, cette guerre se fait sur le dos des travailleurs, en menant une guerre sociale non seulement contre les travailleurs des usines donneurs d’ordre, comme Renault ou Stellantis, mais aussi chez les équipementiers et les sous-traitants (MA France, Novares, Valeo, etc) » explique Jean-Pierre Mercier.

En effet, Stellantis a enregistré 18,6 milliards d’euros de bénéfices en 2023, et 5,6 milliards entre janvier et juin 2024. Mais alors où va l’argent de Stellantis ? D’abord aux actionnaires qui ont empoché 7,7 milliards d’euros de dividendes en juin de cette année. En outre, la direction leur promet qu’« en 2025, Stellantis visera la fourchette supérieure de sa politique de distribution de dividendes (25-30 %), contre 25 % ces dernières années ».

En échange les actionnaires rémunèrent grassement Carlos Tavares, et ont notamment approuvé à plus de 70 %, en avril dernier sa rémunération à hauteur de 36,5 millions d’euros en 2023, soit 2280 SMIC. « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi » répondait le PDG face à la colère. Ce dernier s’est aussi illustré ces derniers mois par une campagne médiatique contre les hausses d’impôts sur les riches, avant d’admettre qu’il ne payait de toute façon pas d’impôts sur sa fortune en France mais au Portugal (où les revenus d’activité et du patrimoine de source étrangère sont totalement exonérés d’impôts).

Face à cette casse sociale inédite et à un patronat des plus provocateurs, le 17 octobre dernier des centaines de grévistes de l’automobile se sont rassemblés devant le Salon Mondial de l’Automobile de Paris à l’appel de la fédération CGT Métallurgie. L’occasion de réunir des salariés de Stellantis (Poissy, Douvrin), Novares et de MA France en grève depuis six mois pour montrer une colère commune face au patronat de l’automobile. Le lendemain, toujours pendant le Mondial de l’Auto de Paris, les principaux syndicats de Stellantis en Italie ont mené une grève massive contre les licenciements. Plus de 20 000 travailleurs de Stellantis et de ses sous-traitants se sont rassemblés à Rome.

Lire aussi : Licenciements dans l’automobile : « Il faut une mobilisation d’ensemble comme en Italie ! »

« On sait que, dans ce bras de fer à venir entre, les salariés de PSA (Stellantis) avec les sous-traitants/équipementiers, et la direction, on ne pourra compter que sur nous-mêmes » affirme Jean-Pierre Mercier. La grève massive en Italie montre la voie à suivre pour mettre un coup d’arrêt à l’énorme casse sociale qui s’abat sur les travailleurs de l’automobile. L’urgence est de construire une lutte à échelle nationale qui cherche à coordonner les différentes usines attaquées pour s’opposer à tout licenciement.

Lire aussi : « Il faut un plan de bataille pour refuser tous les licenciements ! ». Le billet de Vincent Duse

Publié par REVOLUTION PERMANENTE

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