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Nantes. 99 % de grévistes à Saunier Duval contre la suppression d’un tiers des effectifs
Ce lundi, les travailleurs du site nantais de Saunier Duval se sont massivement mis en grève pour s'opposer à la suppression de 225 emplois. Une grève forte qui montre la voie à suivre pour affronter les plans de licenciements qui se multiplient dans le pays.
Le site nantais de Saunier Duval qui fabrique des pompes à chaleur et des chaudières, a connu une grève totale ce lundi 14 octobre. Une mobilisation qui fait suite à l’annonce d’importantes suppressions de postes. Après que la direction a annoncé 50 suppressions de postes en avril puis 250 en juillet, elle a finalement prévu, en septembre, d’en supprimer 225.
Comme l’explique Bruno Hatton, secrétaire adjoint des métaux de Nantes FO, cette annonce a naturellement suscité des inquiétudes chez les salariés : « Il faut s’imaginer l’effet d’une telle annonce, les gens ont des crédits, ils doivent payer leurs factures... Et puis ce n’est pas facile de retrouver du travail dans la métallurgie ».
La mobilisation s’est ainsi poursuivie par un premier débrayage et une nouvelle journée de grève ce lundi 14 octobre à l’appel de FO et de la CFDT, qui a mis à l’arrêt complet les installations. Avec des taux de grévistes supérieurs à 99 %, les salariés ont montré qu’ils étaient prêts à se battre contre le licenciement d’un tiers des effectifs du site. « Il y a beaucoup de colère, les gens s’aperçoivent que la direction propose n’importe quoi, ça ne passe pas, ils ont bien compris la manœuvre de la direction et ils ont décidé de ne pas se laisser faire » détaille Bruno.
De son côté, la direction se prépare au bras de fer. « Ils veulent nous repasser en 3x8 et augmenter la production au moment où ils nous annoncent un PSE lié à une baisse de la production, c’est du n’importe quoi » dénonce le militant syndical qui a déjà connu d’autres plans de licenciements et sait bien que c’est une stratégie qui permet à la direction de créer du stock afin d’anticiper un potentiel futur mouvement de grève.
Cependant, d’après Bruno, les ambitions de la direction pourraient ne pas s’arrêter là. Alors que le groupe Vaillant a déjà licencié 300 personnes sur son site en Allemagne, ce nouveau PSE s’inscrit dans la stratégie plus générale du groupe de délocaliser progressivement la production. En effet, en parallèle de ces licenciements, le groupe a ouvert récemment une usine en Slovaquie et pourrait en ouvrir une autre pour fermer l’usine nantaise, laissant ainsi des centaines de familles sur le carreau. « Ces gens-là n’ont aucun état d’âme, ce sont des financiers, ils veulent juste que le fric rentre » commente avec dégoût le représentant FO.
Face à cela, les travailleurs de Saunier Duval montrent la voie à suivre : c’est la grève qui fera reculer la direction. Loin d’être un cas isolé, cette casse sociale s’inscrit dans un contexte plus large où 180 plans de licenciements ont été recensés par la CGT depuis 2023, à l’image des 10 000 salariés de Milee licenciés sans aucune indemnité.
A l’heure où Sophie Binet, dirigeante de la CGT, a récemment invoqué la perspective d’« un moratoire sur les licenciements », c’est au contraire par la construction d’un rapport de force, avec une grève coordonnée des différents travailleurs qui font face aux licenciements qu’il sera possible de mettre un coup d’arrêt au désastre social en cours. Alors que les patrons sont prêts à tout pour augmenter leurs profits, il faut refuser tout licenciement ou toute baisse de salaires. Ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE