Intimidation patronale : Neuhauser licencie 4 travailleurs de l’usine de Christian Porta
Après la victoire des grévistes de Neuhauser et la réintégration de Christian Porta, la direction du groupe InVivo cherche à repartir à l’offensive et licencie quatre travailleurs de l’usine, dont trois ex-grévistes. Face à la revanche patronale, les Neuhauser préparent la riposte et appellent à la solidarité.
Pendant sept mois, la direction du groupe InVivo s’est acharnée contre la section CGT de l’usine Neuhauser de Fürst. Après cinq décisions de justice condamnant l’entreprise et, une grève très combative qui a permis aux travailleurs d’imposer la réintégration du délégué syndical CGT, Christian Porta, la revanche de la direction du groupe InVivo ne s’est pas faite attendre : après avoir licencié, le 5 octobre, Jean-Michel, qui travaille depuis 35 ans dans la boulangerie, elle a décidé, mercredi, de licencier trois autres travailleurs de l’usine, dont deux autres ex-grévistes.
Sous couvert de motifs pour le moins effarants, la direction reproche ainsi à deux travailleurs de l’équipe viennoiserie d’avoir « confondu des ingrédients » et à un salarié de la logistique d’avoir endommagé un charriot-élévateur en aidant un collègue à désembourber le sien. « Aucun des faits reprochés à nos collègues n’a jamais servi à un licenciement », dénonce la CGT dans un communiqué, « clairement, tous les salariés de l’usine ont déjà commis des erreurs de ce type pendant leur temps de travail. Ils sont visés pour avoir fait grève en solidarité avec Christian Porta, de la même manière qu’ils ont convoqué plusieurs de nos collègues pour entretien disciplinaire pendant le conflit ».
En réalité, la direction cherche surtout à briser les acquis du mouvement de grève exemplaire en solidarité avec Christian qui a permis à la fois de consolider le moral des travailleurs et renforcer leur force syndicale, comme l’explique la CGT dans son communiqué : « Nous ne sommes pas dupes : c’est bien notre mouvement de grève et notre solidarité qu’ils sanctionnent par ces licenciements en tentant de s’attaquer à des salariés qui ne bénéficient pas de la protection prévue pour les représentants du personnel. Personne n’est à l’abri. Si on les laisse faire, demain tout le monde pourra être licencié pour des fautes du quotidien ». Pour cela, elle n’hésite pas à réprimer deux anciens grévistes, tout en cherchant à « terroriser tous les salariés, coûte que coûte ».
À l’usine, l’atmosphère est électrique. « Il y a un sale climat », nous confie le délégué syndical du site, Christian Porta, « un sentiment de dégoût et de colère ». Surtout la direction ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Il y a même des rumeurs qui tournent dans l’usine au sujet des prochaines actions de la direction. Le climat est encore pire que quand on avait eu des licenciements économiques », pointe le délégué syndical. Mais si les travailleurs sont sous le choc, ils n’ont rien perdu de leur combativité : « La direction s’est mise tout le monde à dos. Elle a même licencié un travailleur qui voulait juste aider son collègue. Il va falloir qu’on réponde massivement face à la répression ».
Ayant échoué à se débarrasser de Christian Porta, figure de la section CGT de l’usine, elle s’attaque désormais à l’ensemble des travailleurs du site pour réimposer sa dictature patronale par d’autres moyens en utilisant la peur des licenciements qui s’abat actuellement sur de nombreux secteurs du monde du travail et notamment dans la région : « Il y a une énorme répression dans le département. En Moselle, il y a une quinzaine d’autres cas, en comptant les Neuhauser. Il y a un délégué FO de Biogroup, des camarades de la CGT-maisons de retraites, des agents d’entretien à Cattenom et un cheminot CGT ».
Cette nouvelle offensive démontre bien qu’InVivo n’a pas fini de faire la guerre aux travailleurs de Folschviller. Tandis que la direction a recruté de nombreux intérimaires, pour prévenir les futurs mouvements de grève, et tente d’imposer un CSE unique, faisant passer le nombre d’élus du personnel d’une cinquantaine à 17, cette nouvelle vague de répression vise à briser la contestation dans l’usine et mettre au pas l’ensemble des sites du groupe, en licenciant à tour de bras.
Alors que la direction « a perdu sur toute la ligne » lors de la précédente grève, le groupe s’obstine, malgré cinq défaites judiciaires, des millions de perte et la réintégration du syndicaliste. Face à l’offensive, la riposte se prépare déjà dans l’usine tandis que la CGT a lancé un appel à la mobilisation générale et à la solidarité : « Dans la précédente phase du mouvement, nous n’aurons pas pu gagner sans la grande solidarité dont nous avons bénéficié. Nous sommes aujourd’hui décidés à nous battre pour la réintégration de nos collègues. Nous appelons donc une nouvelle fois au soutien de toutes et tous ».
Alors que les Neuhauser réuniront très bientôt leur comité de grève, le syndicat appelle à diffuser massivement la caisse de grève « pour la lutte qui est devant nous » et organiser le plus de projections possibles du documentaire du film documentaire consacré à leur lutte, S’ils touchent à l’un d’entre nous, et d’en faire « autant de tribunes pour un soutien actif à notre lutte contre notre patron voyou ».
Face à la répression des grévistes et les menaces contre le droit de grève, les travailleurs de Neuhauser préparent la riposte et doivent bénéficier du soutien le plus large possible face aux patrons voyous du groupe InVivo. Pour les aider dans leur lutte, il faut diffuser très largement leur caisse de grève et visibiliser leur combat. Leur victoire sera celle de tout le mouvement ouvrier.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE