Arrêts maladie : des députés veulent interdire le paiement des jours de carence dans le privé
Le gouvernement propose d’augmenter de 1 à 3 jours le délai de carence des fonctionnaires en cas d’arrêt maladie, pour l'aligner sur le privé. Sauf que de nombreuses entreprises payent ces jours de carence à leur salariés. Des députés macronistes et LR proposent donc d'interdire cette pratique en créant un délai de carence « incompressible » pour l’ensemble des travailleurs !
Le gouvernement et ses soutiens à l’Assemblée Nationale persévèrent dans la séquence sans fin des attaques contre le monde du travail. Pour nous voler 5 milliards d’euros sur la sécurité sociale, dans le cadre des discussions sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), le gouvernement a concentré son offensive sur les agents de la fonction publique pour diviser les travailleurs entre public et privé. Ainsi, le nombre de jours de carence en cas d’arrêt-maladie serait porté de 1 à 3 pour la fonction publique. L’objectif est clair : les travailleurs malades ou blessés doivent venir travailler pour ne pas perdre plusieurs journées de travail. Le taux de prise en charge pour les indemnités maladie seront également revues à la baisse. Les macronistes et les LR, comme chaque fois qu’ils attaquent les travailleurs, ont évidemment présenté cette mesure comme une mesure de justice sociale, visant une mise à égalité avec le privé dont les salariés sont déjà contraints à trois jours de carence. Or, aujourd’hui et à la suite de batailles victorieuses menées par les travailleurs, beaucoup d’employeurs privés appliquent des conditions similaires à celles des fonctionnaires pour leurs employés.
Mais derrière cette attaque contre les fonctionnaires se cache bel et bien une attaque contre les travailleurs du privé. D’après Les Echos, des députés macronistes, de la droite et du centre envisagent d’aller plus loin. Ils comptent d’empêcher les salariés d’être payés lors de leurs jours de carence, « ni par la Sécurité sociale, ni par leur employeur, ni par un assureur, pendant un ou plusieurs jours, dits jours de carence d’ordre public ». Autrement dit, ils souhaitent aligner par la loi les règles des arrêts maladie sur les conditions des pires entreprises du privé pour tous les travailleurs sans distinction !
Les effets d’une telle mesure sont bien connus. Les travailleurs vont se forcer à venir au travail même quand ils ne sont pas en état. Ils contamineront leurs collègues en cas de maladie infectieuse. Ils aggraveront des maladies bénignes, des conséquences d’accidents légers. C’est ainsi qu’une tendinite légère peut entraîner des douleurs chroniques si elle n’est pas traitée. Ils ne soigneront pas les premiers symptômes de problèmes psychologiques liés à la fatigue ou au stress, conséquences du sous-effectif, de l’intensification du travail et d’un management brutal. Jusqu’à ce que le corps ou la tête craque, jusqu’à des drames et des impacts à long terme sur la santé des travailleurs, qui nécessiteront, ironie du sort, des arrêts maladie longue durée - dont les indemnités auront été réduites. C’est ce que les spécialistes de la question appellent le « présentéisme » (par opposition l’absentéisme). Car, il n’y a que dans le monde des bourgeois que perdre du salaire ou être malade est un luxe. Les travailleurs tendent déjà largement à sous-déclarer leurs maladies et à aller travailler pour ne pas perdre de salaire. Une telle mesure augmentera encore les inégalités d’accès aux soins, en triant les personnes qui auraient les moyens de s’arrêter sans être payés et celles pour qui cela serait impossible.
Excès de zèle ? Déclarations test pour faire passer une partie seulement de cette mesure ? Dans tous les cas, les discussions sur l’austérité ouvrent le bal pour que les politiciens bourgeois pensent les pires attaques contre tous les travailleurs, public comme privé ! Certains osent ouvertement parler de recul de l’âge de la retraite à 66 ans !
Les discours fallacieux sur « l’égalité » entre le public et le privé ne sont qu’un prétexte pour diviser les travailleurs entre eux, pour diviser pour mieux régner et imposer des reculs à tous les travailleurs. Face aux plans austéritaires de Barnier, Macron et de Le Pen, il faut une réaction de l’ensemble des travailleurs, de tous les secteurs, de tous les statuts pour refuser les reculs qu’ils veulent nous imposer et faire payer leur crise aux riches et aux patrons !
Publié par REVOLUTION PERMANENTE