Casse sociale : la grève des Michelin montre la voie face aux licenciements
Le comité d’accueil réservé par les grévistes de Michelin au ministre de l’Industrie a donné à voir des scènes de colère que l’on n’avait peu vu devant des usines depuis les luttes contre les licenciements de 2010. De quoi montrer qu'une réponse est possible face à l'offensive patronale qui vise l'ensemble du monde du travail.
Un ministre de l’Industrie hué sur le piquet de grève, pris à partie par les ouvriers et les syndicalistes. Le député macroniste local venu vanter les mérites du gouvernement humilié par les salariés. En fin de semaine dernière, la colère des travailleurs de Michelin de Cholet, dont l’usine, comme celle de Vannes, est menacée de fermeture, a donné à voir des images que l’on n’avait plus vu depuis longtemps, qui rappellent les luttes du début des années 2010 à Continental, Goodyear, PSA ou AirFrance contre les suppressions d’emploi.
A l’heure où les menaces de licenciement pleuvent dans l’automobile, la chimie, la grande distribution, et touchent aussi bien des petites entreprises que des multinationales comme Auchan ou Michelin ces images montrent un exemple salutaire de lutte contre le défaitisme et la résignation. Comme un rappel que les travailleurs ont la force de répondre à l’autoritarisme patronal, qui menace brutalement l’avenir de centaines de familles touchées par les licenciements.
La grève reconductible impulsée par les travailleurs de Michelin, suivie non seulement dans les sites menacés de fermeture mais aussi par les salariés des autres sites de l’entreprise, dessine en effet une autre réponse à celle qui prime actuellement. Face au carnage social qui s’annonce avec 150 000 emplois menacés de destruction, les directions syndicales donnent à l’inverse l’impression d’être figées, incapables d’apporter une réponse large, qui impulse des échanges et coordinations entre les usines et les secteurs visés.
Une passivité qui contraste nettement avec la démonstration de faiblesse qui se dégage par en haut. Chaque jour de débat à l’Assemblée nationale, le « socle commun » de Attal à Wauquiez fait l’étalage de ses divisions, et éclaire les fractures du gouvernement Barnier, incapable de sortir par le haut des discussions budgétaires. Or le potentiel inflammable d’un mouvement de colère ouvrière en pleine crise politique est pourtant bien perçu par les éditorialistes bourgeois comme par le gouvernement, qui s’inquiètent de cette perspective.
Alors que l’austérité qui se prépare va viser largement les travailleurs de la fonction publique, entre coupes budgétaires, suppressions de postes et nouveaux jours de carence, en plus de dégrader encore plus le service public pour les usagers, il faut un plan de bataille pour un mouvement unifiant travailleurs du public victimes de l’austérité et salariés du privés touchés par les suppressions d’emploi. Une lutte conjointe pour apporter une réponse ouvrière et populaire à la crise, d’autant plus urgente que la droite et l’extrême-droite se nourrissent de l’austérité et de la division au sein du monde du travail pour avancer leurs pions.
Car c’est aussi un enjeu central de la lutte contre les licenciements, empêcher que le RN, un parti pro-patronal et raciste, ne capitalise sur la détresse sociale que le patronat prépare méthodiquement pour des territoires entiers. C’est une leçon fondamentale des luttes combatives mais défaites de Goodyear, Continental ou encore à Florange contre ArcellorMittal : avec des milliers de suppressions de postes dans des grandes entreprises ce sont des dizaines de milliers d’emplois menacés chez les sous-traitants, entreprises et commerces locaux, laissant des territoires entiers à l’abandon. A l’image de la Somme, de la Moselle ou bien de l’Oise, c’est la recette qui a offert des régions entières au RN, prospérant sur le terreau du chômage, de l’abandon et de la détresse des travailleurs.
L’heure n’est pas à la résignation. Le grand patronat et ses soutiens justifient cette grande offensive par la crise ? Mais où est-elle pour Michelin et ses deux milliards de profit annuel ? Où est l’austérité pour Sanofi, Airbus ou Valeo qui ont encore augmenté leurs bénéfices et les dividendes versés aux actionnaires ? Plus que jamais, il y a urgence à suivre l’exemple des Michelin et apporter une réponse déterminée, qui dépasse la lutte pour des chèques et primes de départ et s’oppose clairement, partout, à toute suppression d’emplois. Plus que jamais il faut transformer la colère qui existe dans chaque entreprise en plan de lutte pour tous les travailleurs.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE