Chantage à l’emploi : les syndicats acceptent la baisse des salaires demandée par Volkswagen
Après l’annonce de licenciements massifs, le géant allemand de l’automobile Volkswagen accentue la pression sur les syndicats. Ces derniers ont proposé un plan acceptant une baisse de salaire pour empêcher les licenciements. Une journée de grève est toutefois prévue le 1er décembre.
Ce jeudi 21 novembre, les 120 000 travailleurs de Volkswagen en Allemagne étaient dans l’attente du verdict du troisième cycle de négociations entre la direction du groupe et les syndicats, dont IG Metall. Plusieurs milliers de salariés se sont rassemblés ce même jour à Wolfsburg pour faire entendre leur colère. Dès septembre, le géant de l’automobile avait annoncé son intention de mener un plan de casse sociale d’ampleur, envisageant notamment des licenciements massifs.
Sur la table des négociations, la direction de Volkswagen a renouvelé son ensemble de mesures austéritaires présentées fin octobre, comprenant notamment une baisse des salaires de 10 %, en prétendant que ces sacrifices pourraient limiter les fermetures d’usines. Ce plan, brutal et choquant, s’attaque également aux primes, aux heures de travail et à certaines conventions collectives, dans le but d’instaurer un modèle davantage basé sur le travail précaire.
Ce nouveau cycle de négociations ne laisse entrevoir aucune amélioration et confirme la détermination de la direction du groupe à s’attaquer durement aux intérêts des travailleurs. Pire encore, sous la pression exercée par Volkswagen, les directions syndicales commencent à céder au chantage sur les salaires. Elles ont ainsi présenté leur « plan avenir », destiné à réaliser 1,5 milliard d’euros d’économies. Ce plan consiste en une série de concessions au patronat, incluant notamment un gel des augmentations salariales et des primes pendant deux ans. Il prévoit également la création d’un fonds de solidarité, financé par le salaire des travailleurs, pour compenser les réductions du temps de travail dans les secteurs en surcapacité et moins productifs.
Bien que cette « contre-proposition » soit conditionnée à l’engagement de la direction à ne fermer aucune usine, et qu’une grève ait été annoncée pour le 1er décembre à l’issue de la période de paix sociale obligatoire, elle révèle la disposition des directions syndicales à accepter d’énormes compromis. Une position qui, en pratique, accompagne la casse sociale orchestrée par la direction de Volkswagen. Cette dernière n’a pas tardé à se réjouir de ces propositions, déclarant à l’issue des négociations : « Nous nous félicitons de l’ouverture des représentants des travailleurs concernant les mesures sur les coûts du travail et les surcapacités. Nous entrerons dans un échange détaillé pour évaluer financièrement ces propositions. »
Volkswagen a néanmoins immédiatement rejeté la condition garantissant l’absence de fermetures d’usines, réaffirmant sa volonté de mener cette restructuration à son terme. Une démonstration de plus de sa détermination sans faille à gagner la guerre sociale qu’elle mène contre ses 120 000 salariés pour accroître ses marges et pour concurrencer les constructeurs chinois en plein essor.
Comme l’a souligné dans une déclaration à l’AFP un représentant du comité d’entreprise de l’usine d’Osnabrück (2 500 salariés), quasi assurée de fermer, « Volkswagen ne va pas si mal et gagne encore beaucoup d’argent. » Pour preuve, en juin dernier, le groupe a distribué 4,5 milliards d’euros de dividendes, soit plus que l’objectif qu’il s’était fixé.
Carlos Oliva, électricien automobile dans cette même usine, située dans une ville de 300 000 habitants dont l’économie dépend largement de Volkswagen, a confié à l’AFP : « On est en train de passer de la sidération à la colère. » Un état d’esprit également perceptible avec le rassemblement de ce jeudi à Wolfsburg, où des milliers de salariés ont exprimé leur mécontentement.
Face à ce carnage social annoncé, l’urgence est à la mobilisation de cette colère pour stopper net les attaques. Aucun compromis ne doit être envisagé ni accepté. La grève prévue pour le 1er décembre représente la seule véritable perspective pour défendre les intérêts des travailleurs, s’opposer aux licenciements, contrer les projets austéritaires, et arracher des augmentations de salaires. Mais au-delà, cette grève peut également constituer un levier pour rompre avec la logique du dialogue social et libérer par en bas la force du mouvement ouvrier, seul capable de renverser cette dynamique destructrice.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE