Crédits photo : CGT Valeo
Valeo. « C’est un coup de poignard dans le dos ». La CFDT et la CFE-CGC signent un accord antigrève
Alors que les salariés de Valeo du site de La Suze-sur-Sarthe étaient en grève depuis onze jours contre la fermeture de l’usine, la CFDT et la CFE-CGC ont signé un accord avec la direction sur une prime d’indemnité pour casser la grève.
Depuis le lundi 21 octobre, les salariés du site à La Suze-sur-Sarthe de Valeo étaient en grève contre la fermeture de leur usine et les licenciements qui les menaçaient. Jean Rodolphe, élu CGT, nous raconte : « Depuis la fin de l’année dernière, Valeo nous fait comprendre que le site va fermer s’il n’y a pas de racheteur d’ici au 15 octobre. Le 21 octobre, lors d’un CSE exceptionnel, la direction a refusé de nouveau de nous dire le sort réservé aux salariés et nous a promis une prime afin d’acheter la colère chez les salariés. Une prime de 3 000 euros, étalée jusqu’à avril et qui ne serait « disponible » que pour ceux qui répondent à un critère de « présentéisme » qui ferait que si un salarié dépasse trois jours d’absence (grève, maladie, etc) la prime serait annulée. De plus, cette prime serait uniquement dédiée aux salariés de la production ».
Avec cette prime au « présentéisme », Valeo a ainsi utilisé une technique patronale brutale consistant à geler toute future grève avec comme carotte l’accès à une prime. Face à cette provocation de la direction, les salariés ont décidé de se mettre en grève avec le soutien d’une intersyndicale composée de la CGT, FO, CFDT et de la CFE-CGC. Le 31 octobre, alors que les salariés étaient à leur onzième jour de grève reconductible et qu’ils ont décidé collectivement de continuer, la CFDT et la CFE-CGC ont trahi en signant l’accord avec la direction. De leur côté, la CGT et FO ont refusé de signer.
Comme le relate le militant CGT : « Pour nous, cela a été un coup de poignard dans le dos. On ne peut pas crier qu’on soutient les salariés et qu’on les défend coûte que coûte la journée, lorsqu’ils appellent à continuer la grève, pour le soir même, les trahir en signant un accord pour des miettes avec la direction. À eux deux, la CFDT et la CFE-CGC sont majoritaires, le fait de signer l’accord de la prime avec la clause « présentéisme » veut dire que les salariés ne pourront pas se mettre en grève sinon ils perdront de facto leur prime. Alors qu’on commençait à instaurer un rapport de force avec la direction grâce à notre lutte, ils ont acheté la grève et ont mis les menottes aux salariés ». Cette trahison est d’autant plus scandaleuse que la prime ne concerne que les salariés de la production et ne donne aucune garantie aux travailleurs qui risquent d’être licenciés avec la fermeture de l’usine.
À l’image de beaucoup d’entreprises automobiles, Valeo décide de faire payer la crise du secteur aux travailleurs à travers une casse sociale brutale. D’autant plus que la société qui a déjà annoncé en juillet la fermeture de trois usines dont celle de Suze-sur-Sarthe, compte aller plus loin dans son plan de restructuration. En effet, à la suite du comité européen de Valeo mi-octobre, la direction a fait passer le nombre de sites en sous-activité à trente et un sur trente-trois, présageant un élargissement des sites qui pourraient subir des fermetures. Pour Jean Rodolphe cette annonce « montre la politique du cash de Valeo. Ils comptent faire payer les salariés avec des PSE et des fermetures d’usines leur politique de passage à l’électrique tout en délocalisant sûrement la production dans des pays comme le Maroc ou la Pologne afin de rentabiliser un maximum. Les sites d’Amiens, Limoges, La Verrière, Mondeville et j’en passe risquent de connaître le même sort que nous. En réalité, lors du prochain comité européen en décembre, ce ne seront pas 1 200 postes qui risquent d’être supprimés, mais sûrement des milliers à travers tout l’hexagone. ».
Alors que les salariés du site de Suze-sur-Sarthe montraient la voie à suivre à travers leur mobilisation, « l’accord anti-grève » signé par la CFDT et la CFE-CGC démontre que les travailleurs n’ont rien à attendre d’un dialogue social face à des directions déterminées à faire payer les travailleurs. Cela illustre aussi le problème des syndicats pro patronaux, censés représenter les travailleurs, mais qui n’hésitent pas à trahir ouvertement ces derniers pour éteindre la combativité. Face à cela, ce n’est que par la grève, l’organisation à la base des travailleurs et leur coordination entre les différentes usines menacées qu’il sera possible d’imposer un rapport de force pour refuser chaque licenciement et chaque fermeture d’usine.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE