120 000 suppressions de postes, 36 millions de salaire annuel : « on ne va pas pleurer le départ de Tavares »
Carlos Tavares a été éjecté de son poste de PDG du groupe Stellantis par le Conseil d'administration. Vincent Duse, ouvrier à Stellantis Mulhouse, revient sur son mandat, au cours duquel il a fermé des usines et détruit la vie de milliers de travailleurs.
C’est la sortie pour Carlos Tavares, après quatre ans en tant que directeur général du groupe Stellantis. Alors qu’il avait la confiance du Conseil d’administration et des actionnaires durant ces années, il a été poussé à la démission ce dimanche soir. Le CA évoque « des points de vue différents » pour expliquer sa décision mais prend le soin de remercier Tavares « pour ses années de service dévoué et le rôle qu’il a joué dans la création de Stellantis, en complément des redressements de PSA et d’Opel ».
Derrière ces formules polies se cache une réalité terrible pour les travailleurs. « Les redressements » dont parle le Conseil d’administration, ce sont plus de 130 000 suppressions de postes en trois ans, et des fermetures à venir des usines de Douvrin et de Poissy. Pour prendre l’exemple de notre usine à Mulhouse, ce sont 400 intérimaires qui vont perdre leur emploi avec le passage en janvier à des effectifs réduits. Et cela alors qu’ils ont déjà mis à la porte 600 intérimaires il y a quelques mois. Ce sont plus de 1000 travailleurs laissés sur le carreau pour le seul site de Mulhouse.
Après avoir viré des dizaines de milliers de travailleurs, c’est Tavares qui se retrouve aujourd’hui mis à la porte. Mais loin d’être traité comme les autres travailleurs, il devrait partir avec une indemnité s’élevant à des dizaines de millions d’euros, selon FranceInfo. Connu pour son management brutal, Tavares a littéralement tout fait pour saigner au maximum les travailleurs jusqu’à se faire surnommer « le cost killer » (tueur de coûts en anglais). Un paradoxe quand on sait qu’il a été le patron le plus coûteux de l’industrie automobile avec 36,5 millions d’euros pour la seule année 2023. Quand nous on a eu à peine 3,8 % d’augmentation, en dessous de l’inflation, lui s’est octroyé 56 % de hausse de salaire.
Le successeur du « cost killer » n’est pas encore connu. Mais il ne fait aucun doute que même si la direction change, la manière de diriger le groupe va toujours aller dans le sens de maximiser les profits sur notre dos. Surtout dans un contexte où l’industrie automobile européenne fait face à une crise profonde et que Stellantis se prépare à une casse sociale brutale avec en première ligne les plus précaires.
Pour y faire face, il est urgent de nous organiser pour défendre nos emplois. Peu importe quel PDG sera nommé, on doit dès maintenant se préparer à une véritable guerre sociale que va mener le patronat. Nous avons besoin d’un plan de bataille qui coordonne les travailleurs des sous-traitants comme ceux des donneurs d’ordre pour construire une mobilisation d’ensemble, qui impose au gouvernement et au patronat le maintien de tous les emplois (intérimaire, CDD et CDI) mais aussi l’augmentation de nos salaires de 400 euros et leur indexation sur l’inflation.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE