Jusqu’à la mobilisation à laquelle la CGT appelle le 12 septembre, « la Marseillaise » se propose de porter un éclairage sur les multiples conséquences de la réforme du code du travail et plus généralement par les positions plus que libérales du nouveau président de la République sur tous les aspects de l’activité des services publics et privés. Dans le domaine de la santé comme de l’éducation Premier axe de cette série d’articles, les atteintes à la démocratie sociale, notamment dans les entreprises.
Avec la reforme du code du travail, côté Sécurité sociale, les problématiques se cumulent, et pour le pire. Il y a d’une part son financement qui est remis en question dans un monde du travail de plus en plus précarisé. Et d’autre part, parler d’austérité concernant des prestations sociales pose un véritable problème de fond.
La refonte qui ressemble à s’y méprendre à une casse du code du travail amène les travailleurs vers plus de difficultés, où les contrats à durée indéterminée se raréfient. Parmi les 24 millions de salariés en France, 7 millions sont précaires aujourd’hui. « Ce qui a un impact sur les cotisations et menace encore plus qu’il ne l’est déjà le système de protection social. Car avec des Smics, les cotisations sont plombées, explique Jean-Marie Angeli, d’autant plus que le choix du gouvernement va à l’exonération dite de charges des patrons ».
Aujourd’hui au pot commun de ce système de solidarité nationale, abondent pour 58% les cotisations salariales et à hauteur de 23% la cotisation sociale généralisée (CSG), le reste correspondant à diverses taxes. Au fur et à mesure des années, la part de la CSG a augmenté. Et c’est sur cette pente que le gouvernement Macron a mis le cap.
Or « supprimer les cotisations ne peut pas faire gagner du pouvoir d’achat puisqu’on se retrouvera à payer plus d’impôts sans avoir de salaires augmentés », recadre le syndicaliste qui note par ailleurs que le pays « n’a jamais autant redistribué de dividendes et on nous dit vous devez être compétitifs. La protection sociale est maintenant toujours affiliée à la notion de coût dans une gestion administrative et comptable. Mais ça ne peut pas être le fil directeur. Les patrons réclament la gestion des maladies professionnelles. Si tel était le cas, on pourrait encore attendre les indemnisations pour l’amiante. »
On fonctionnait avec le système de solidarité nationale où chacun recevait selon ses besoins. On va vers un système universaliste où on a tous droit à sa part, sans pour autant que le trou de la sécu ne se renfloue. Pour les salariés des organismes sociaux, cette démarche se traduit par « faire plus. Quand on faisait 20 dossiers, on nous en demande aujourd’hui 50. On est sur un mode statistique. Il y a forcément des cas qui nous échappent à ce rythme. Et du coup la qualité se dilue dans la quantité.» Pour l’assuré, « moins il y a de rentrée d’argent, plus cela joue sur sa prise en charge ». Il faudra donc une bonne complémentaire. « On coupe le monde de la santé en deux en creusant les inégalités: ceux qui ont les moyens de se soigner, ceux qui ne les ont pas »
Non pas qu’il ne faut pas réformer le code du travail, mais « dans le sens d’un renforcement, avec plus de moyens pour l’inspection du travail, plus de représentativité dans les conseils d’administration...» propose au contraire la CGT. Encore faudrait-il pouvoir en débattre. Mais le dialogue n’est pas inscrit au menu de ce président-là.
Myriam Guillaume
PAR FSC