Après plus de dix années de conflits plus ou moins frontaux entre la direction du groupe Ford et les travailleurs du site FAI (Ford Aquitaine Industries) dont Philippe Poutou, à Blanquefort, celle-ci a annoncé ce mardi son désengagement complet de l’usine. Un millier d’emplois sont menacés.
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L’annonce aussi révoltante puisse-t-elle être ne sort pas de nulle part. En 2011 déjà les ouvriers de l’usine de Blanquefort FAI avaient mené une lutte victorieuse pour le maintien de leurs emplois. Et l’année dernière encore, Ford avait annoncé vouloir stopper ses investissements sur le site, et avait tout fait pour saborder la productivité du FAI et ainsi mettre sur le compte d’un manque de rentabilité son désinvestissement volontaire.
Aujourd’hui l’annonce est officielle, le comité d’entreprise a ainsi été informé que Ford Europe n’investira plus dans son usine de production de boîtes de vitesse. Selon les syndicats, il aurait été possible de maintenir le site en y produisant une nouvelle boîte de transmission, le projet 8F-MID, mais la direction, bien décidée à liquider l’usine, a déclaré que le programme n’était pas viable. La direction laisse donc une usine, tout à fait capable de produire, mais dans laquelle plus aucune production Ford ne sera affectée.
De ce fait, ce sont près de 1000 emplois qui se trouvent menacés, après des luttes intenses avec la direction, qui avait même poursuivi en justice certains représentants syndicaux, dont Philippe Poutou, ex candidat à la présidentielle 2017 pour le NPA, mais qui avait finalement été déboutée. Le site de production à Blanquefort emploie 910 personnes, en plus des intérimaires. Près de 1000 personnes qui voient leur travail et leurs vies mis sur la sellette par des calculs de profit du n°4 de l’automobile mondial.
Un contrat passé entre Ford et l’État engageait le constructeur à continuer à investir sur cinq ans contre le versement d’aides publiques, mais il se trouve que ce contrat s’achève fin mai. Il est néanmoins possible que la production se maintienne jusqu’à 2019. La direction du groupe a annoncé dans un communiqué vouloir « chercher une solution viable et pérenne au maintien de l’emploi sur le site », en passant par la recherche de potentiels repreneurs. Dans les faits, et même si les pouvoirs publics se mettent dans l’affaire, l’avenir des ouvriers est tout aussi incertain, et ce d’autant plus dans le nouveau cadrage de la loi travail n°2.
Vers 13h, les ouvriers de FAI ont entamé un débrayage de deux heures. Et ce mercredi, une réunion de l’intersyndicale est prévue pour envisager la suite.
PAR REVOLUTION PERMANENTE