Elle prend de l’ampleur ! La colère des automobilistes contre la hausse des prix à la pompe, et en particulier du diesel, ne cesse d’enfler. La preuve : la pétition d’une conductrice de Seine-et-Marnea passé ce mardi le cap des 136 000 signatures. C’est dix fois plus qu’il y a deux jours ! Le mouvement de grogne relayé sur les réseaux sociaux a rebondi sur le terrain politique. L’ancienne ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a dénoncé ainsi un « matraquage fiscal ».
Droit dans ses bottes, le Premier ministre, Édouard Philippe, a défendu une « décision courageuse » de relèvement des taxes -7 centimes de plus sur le diesel et 4 centimes sur l’essence en 2018- qui va se poursuivre jusqu’à la fin du quinquennat. Pour les conducteurs, le choc est rude : en un an, le gazole a grimpé de 23 % et l’essence de 14 %.
Conscient du problème, le gouvernement réfléchit à rendre la prime à la conversion plus généreuse. Pas de quoi, à ce stade, apaiser la colère des automobilistes. « En 2007, au moment du Grenelle de l’environnement, on les avait encouragés à acheter du diesel », rappelle Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’Automobilistes. Dix ans plus tard, pour les 24 millions de conducteurs roulant au diesel, c’est la double peine : ils payent leur plein plus cher et la valeur de leurs véhicules dégringole sur le marché de l’occasion.
Mobilisation des routiers
Même si le prix des carburants a très légèrement reflué -le diesel a perdu 1 centime par rapport à la semaine précédente, à 1,522 euro le litre en moyenne, et l’essence 1,70 centime, à 1,530 euro- leur grogne ne risque pas de fléchir. Elle pourrait même déboucher le 17 novembre prochain sur des manifestations dans toute la France. Et le mouvement risque de s’étendre aux professionnels de la route.
Motif : le gouvernement réfléchit à rogner leur avantage fiscal sur le gazole pour récupérer 500 millions d’euros par an. Auditionnée ce mardi à l’Assemblée, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, a été claire : « Au moment où chacun assume une fiscalité écologique, il paraît plus que jamais raisonnable de demander aux secteurs du transport routier de participer aux financements des infrastructures. »
Un tel scénario provoque la colère des routiers : « Il faut arrêter de nous prendre pour des vaches à lait, s’agace Jean-Marc Rivera, secrétaire général de l’OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens). Entre nous et les automobilistes l’État prélève déjà 40 milliards d’euros de taxes et prélèvements divers, sans compter la TVA et les péages. Mais seulement 13,3 milliards servent à financer la route. »
Le secteur des travaux publics et les taxis aussi
Le sujet est suffisamment explosif pour amener les routiers à se mobiliser. D’autant qu’ils ne sont pas seuls. Le secteur des travaux publics s’agite après avoir découvert que son litre gazole non routier passerait de 1 à 1,50 euro au 1er janvier. Une manifestation a déjà été organisée cette semaine en Franche-Comté.
Même chose chez les chauffeurs de taxi : « On s’attend à ce que notre remboursement de la taxe sur le gazole soit rogné aussi, s’inquiète David Bauer de la Fédération nationale du taxi, Et ça c’est inacceptable. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de chauffeurs sont prêts à manifester le 17 novembre. »
BUDGET AUTO : TOUT AUGMENTE
Les automobilistes ont consacré l’an dernier, en moyenne, un peu plus de 6 000 euros à leur voiture. Un budget en hausse de 3 à 4,6 % selon l’Automobile club association (ACA). La facture varie de 4 424 euros pour une Clio essence à 6 408 euros pour une 308 diesel.
Parmi les plus gros postes de dépenses, le plein de carburant pèse de plus en plus lourd. En un an, le litre de gazole a pris 23 % et celui de l’essence 14 %. Pour une famille avec deux enfants effectuant un kilométrage moyen, faire le plein de diesel aurait coûté 576 euros de plus sur un an.
De son côté, le coût de l’entretien a grimpé l’an dernier entre 3 % et 3,9 % et les primes d’assurance de 1,6 %. Les assurances auto devraient encore augmenter en 2019 de 1 % à 2 % selon le cabinet Facts & Figures. En cause notamment : le coût croissant de l’indemnisation des personnes blessées dans les accidents de la route.
Enfin, il faut signaler la hausse du coût moyen des réparations (514 euros en 2017, soit + 2,4 %, selon CarGarantie) et du contrôle technique des véhicules, rendu plus sévère depuis le 20 mai. La multiplication des points de contrôles a entraîné, en effet, un plus grand nombre de contre-visites.
Publié par anti-k.org