L'Organisation Internationale du Travail (OIT) fête ses 100 ans d'existence. Combien de travailleurs dans le monde connaissent son existence et qu'elle réunit gouvernements, patronat et syndicalistes? Pourtant, elle a été fondée le 11 avril 1919, après la boucherie sanglante de la Première Guerre mondiale sur le principe qu'il ne saurait y avoir"une paix universelle et durable sans un traitement décent des travailleurs". Vision sociale et progressiste que l'ONU, en 1946, après la Seconde Guerre mondiale encore plus terrible que la Première, avalise en faisant de l'OIT la première agence spécialisée des Nations-Unies. L'OIT rassemble 183 pays dont la France.
Du coup, pour ses 100 bougies, Manu 1er, roi élu des riches et du capital, a été invité pour le gâteau d'anniversaire, puisque son gouvernement participe au fonctionnement de l'OIT. Et puis, le pouvoir actuellement à l'Elysée ne fait-il pas tout pour choyer le monde du travail, les manuels et les intellectuels et ceux qui en sont plus ou moins inclus comme les précaires, ou les sans-emplois eux entièrement exclus?
Et donc, sans rigoler du tout, hier, à l'OIT, un ex-banquier d'affaires, baptisé par un gouvernement socialiste et placé dans un palais de la République par le capital, les riches et quelques autres, a vilipendé à hauts cris"les dérives d'un capitalisme fou".BFMtvetconsortsne m'ont pas dit s'il avait été applaudi à tout rompre. C'est un peu bêta pour faire un compte-rendu juste, libre et non faussé.
Aujourd'hui, son premier chambellan, Edouard Philippe, va chanter un discours de politique générale à l'Assemblée nationale. Ce sera un tournant social pour l'acte 2 de son gouvernement de droite et de droite. C'est du moins ce que me racontent par avanceBFMtvetconsorts.
Du coup à Londres, ils ont recloué dare-dare le cercueil du très vieux Karl Marx. Il désirait surgir de sa tombe pour embrasser sur ses deux joues Emmanuel Macron.
A part ça, dans le monde, comme dit Pierre Courtaz, pour la CGT, sur son site:"(...) Cent ans après sa création, les raisons qui ont présidé à la mise en place de l'OIT existent toujours, et même de façon plus aiguë. La moitié de la population mondiale n'a toujours pas accès à une protection sociale digne de ce nom, un travailleur sur deux n'a pas de contrat de travail, il y a 21 millions d'esclaves dans le monde et 160 millions d'enfants au travail.
Tout cela est d'autant plus révoltant que depuis six ans, l'OIT est entravée dans son fonctionnement par une offensive de plus en plus caricaturale des employeurs. Pour eux, une bonne OIT est une OIT qui n'empêche pas ce que l'on appelle le « business as usual », c'est-à-dire une OIT sans règles et sans contrôle d'application des normes qui sont pourtant les deux missions fondamentales de l'Organisation.(...)"
Par contre, je ne sais pas si ce dessin va avec les exploits prodigieux en foot du Psg-Qatar... Et le Qatar, au top niveau pour ne pas reconnaître les droits des travailleurs, surtout s'ils sont immigrés, construit en ce moment la coupe mondiale 2020 du foot.
Deux ouvriers sans-papiers morts sur un chantier à Epinay-Sur-Seine
Le samedi 8 juin, à la suite du détachement de leur nacelle, un ouvrier marocain et un algérien, tout deux sans-papiers, sont morts dans une chute de plusieurs dizaines de mètres sur un chantier de rénovation à Epinay-Sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
Alors qu’ils travaillaient sur l’isolation thermique depuis l’extérieur du bâtiment HLM, situé dans le quartier La Source, à Epinay-Sur-Seine, les deux ouvriers sont tombés du 18ème et dernier étage, et sont morts sur place suite au détachement de leur nacelle. Une enquête a été ouverte à la suite, ce qui a permis de connaître les origines des deux travailleurs qui étaient sans-papiers et qui vivaient en France en situation d’irrégularité. Les autorités ont pris contact avec les consulats du Maroc et de l’Algérie afin de communiquer les faits aux familles. Les causes du détachement de la nacelle sont toujours inconnues et l’employeur des ouvriers doit encore être trouvé par l’enquête en cours.
Le bailleur avait accordé une autorisation de travail samedi dernier alors que plusieurs voisins du quartier avaient exprimé leurs craintes par rapport à la sécurité des installations, l’enquête se fait donc pour cause d’homicide involontaire et le chantier est actuellement arrêté à la demande de l’inspection du travail. Une mère de famille qui réside dans un bâtiment à côté, avait déclaré dans Le Parisien : “J’avais dit à un responsable de chantier que c’était dangereux, et il m’avait répondu, ’les ouvriers portent des casques, ne vous inquiétez pas”". De plus, samedi dernier la météo représentait aussi un facteur de risque, une tempête de vent et des bourrasques n’ont pas empêché au bailleur l’accord de l’autorisation de travail alors que la vie des ouvriers était en péril.
L’exploitation et la précarité tuent quotidiennement, samedi dernier un jeune sans-papiers travaillant pour l’entreprise de livraison Glovo est mort à Barcelone pendant qu’il travaillait, le même jour ces deux ouvriers sans-papiers meurent en plein chantier, tous les jours des travailleurs souffrent dans leur lieu de travail et beaucoup risquent de perdre leur vie. Les entreprises prennent de moins en moins au sérieux la protection des travailleurs face aux risques et cela s’aggrave avec la sous-traitance qui déresponsabilise de plus en plus les patrons et précarise encore plus les travailleurs.
Les travailleurs jeunes, les femmes et les immigrés, notamment les sans-papiers, sont doublement opprimés, la précarité les touche en première instance, ce qui les amène à travailler pour des salaires très bas dans des conditions dangereuses et sans aucune protection. Le nombre de personnes en France en situation d’irrégularité augmente tous les jours, les obstacles bureaucratiques se font de plus en plus insurmontables et l’accès à un travail de qualité est presque impossible ; derrière cela, les entreprises en profitent pour faire travailler ces personnes dans les emplois les plus précaires et mal payés du marché, en passant à côté du respect des droits des travailleurs et en aboutissant ainsi à provoquer des accidents mortels.
Aéroports de Paris : le « RIP » ou la grève ? Telle est la question !
La campagne d’appel à signature pour la mise en place du RIP (Referendum d’initiative partagée) concernant la privatisation des Aéroports de Paris (ADP) est lancée. Portée par la France Insoumise et ralliée par une large partie de la gauche, cette initiative cache en réalité une stratégie politique que nous ne partageons pas.
Une initiative institutionnelle qui esquive la lutte des classes et épargne les directions syndicales
Dans la tendance des derniers mois autour du fameuxRIC porté par une partie des gilets jaunes depuis décembre, le referendum d’initiative partagée (RIP), existant dans les textes depuis 2013, semble être une alternative pour les supporters de la gauche citoyenniste, celle qui se contente des urnes et des institutions telles qu’elles sont, ou avec quelques modifications à la marge.
Bien sûr la privatisation des Aéroports de Paris (ADP) est à rejeter en bloc, entrant dans la logique du néolibéralisme que porte Macron, tendant à massacrer tout ce qui reste de service public à l’image de la réforme du ferroviaire, ou encore de la casse du service public de la santé.
Cependant, l’usine à gaz qu’est le RIP détourne profondément les masses laborieuses de la lutte des classes pour les diriger sur un terrain purement institutionnel et impuissant. Les attaques sont tellement répétées depuis des années, et plus accélérées encore sous le quinquennat Macron, qu’il faudra dans ce cadre, un RIP pour la SNCF, un RIP pour les retraites, un RIP pour la santé, un RIP pour l’assurance chômage, un RIP pour le code du travail, etc…
On voit bien que cela n’a pas de sens, sinon à occuper de manière détournée le terrain politique, sans jamais poser cette question centrale, que tout le monde se pose et plus particulièrement les travailleurs d’ADP : que font les organisations syndicales dans tout cela ?
Sans vouloir préempter ou juger des initiatives qui peuvent être lancées localement, il y a un vrai problème aujourd’hui sur le terrain de la lutte syndicale. Après des mois à tirer la sonnette d’alarme, le personnel de la santé a dû créer un mouvement parti de la base appelé « inter-urgence », raccroché tardivement par quelques organisations syndicales. Malgré Whirlpool, Ascoval, General Electric, ou encore Ford Blanquefort, la confédération syndicale avec à sa tête Philippe Martinez réélu une nouvelle fois, n’a posé à aucun moment la question de la grève. Philippe Poutou, syndicaliste CGT à Ford Blanquefort et porte-parole du NPA, s’est même saisi d’un tweet : « Les plans de fermetures et de licenciements se succèdent et bizarrement aucune riposte de la part des centrales syndicales, même la CGT »
À tout cela, nous pourrions ajouter la liste de courses d’Edouard Philippe dans son discours de politique générale mardi 12 juin, avec l’assurance chômage, l’allongement de l’âge de départ à la retraite et la suppression du régime par répartition. Le tout dans un contexte où, depuis 7 mois d’une des crises sociales les plus importantes de la Vème république, les confédérations syndicales n’ont créé à aucun moment les conditions nécessaires à un mouvement de masse.
La rhétorique qui vise à dire que« les chefs veulent lutter et la base ne suit pas »ne tient plus, tant les initiatives locales et nationales issues de la base sont importantes depuis le début du quinquennat Macron.
On se renvoie donc la balle à gauche entre des syndicats qui se disent « apolitiques » et des organisations politiques qui disent laisser « l’autonomie syndicale » aux confédérations. Il est plus que nécessaire de laisser l’autonomie syndicale, mais à la base ouvrière et non aux bureaucraties syndicales qui entendent mener leurs barques tranquillement sans jamais être dérangées par personne. Comment continuer encore dans ce sens, avec 6,5 millions de chômeurs, 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, des entreprises qui ferment ou qui licencient massivement ? Hier Goodyear, Continental ou GM&S ; aujourd’hui General Electric, Ford ou Whirlpool. La question n’est pas celle de l’autonomie, mais de mettre un coup de balai à ces bureaucrates dont le rôle essentiel est de canaliser la colère ouvrière en la menant vers des impasses et pour des miettes (et encore) mais aussi, dans les moments les plus tendus de la lutte des classes, de protéger les gouvernements capitalistes comme on a pu le voir pendant le mouvement des Gilets Jaunes où les directions syndicales ont participé dans une grande mesure à isoler et même mépriser le mouvement.
RIP : L’éléphant qui accouche d’une souris !
Même si nous ne sommes pas favorables à la logique du RIP, notamment car il donne l’illusion aux travailleurs que le cadre institutionnel suffit pour stopper une privatisation, nous dénonçons les manœuvres tactiques du gouvernement pourempêcher celles et ceux qui souhaitent signer en faveur du RIP. Le gouvernement fait tout pour ralentir les signatures par internet, alors même que le processus est interminable.
En effet, il faudra aux députés 4,7 millions de signature en 9 mois, soit l’équivalent de 17 000 signatures par jour, en comptant toutes les périodes de vacances surtout quand la pression sur le referendum sera redescendue (difficile à croire qu’en plein mois de juillet et aout, 17 000 personnes par jour signent). Et, si cela n’était pas suffisant en terme de nombre, il faut le limiter aux personnes présentes sur les listes électorales : quid des travailleurs de ADP avec un titre de séjour, qui ne pourront même pas se prononcer en faveur du RIP ? Pour cela il faudra avoir internet, sa carte d’identité et son numéro d’électeur.
Dans le cas de figure où cette montagne d’obstacles est finalement franchie, il faudra ensuite la majorité à l’Assemblée et au Sénat pour décider de mettre en place le referendum. Difficile de croire que LREM et la droite soient favorables à cela. En cas de désaccord, ce sera à Emmanuel Macron de décider ou non de mettre en place le referendum !
La deuxième grande étape et non des moindres sera bien sûr le referendum lui-même, sûrement d’ici 2021. Difficile de penser que les électeurs de toute la France se précipitent aux urnes pour ou contre la privatisation. En outre, rien n’empêchera derrière, dans les prochaines mandatures qu’un gouvernement remette sur table la privatisation des ADP.
C’est bien un éléphant qui accouchera d’une souris, avec un premier risque important, celui que le nombre de signataires ne soit pas atteint, et, de ce fait, servir au gouvernement de crédit politique pour justifier que la population préfère voter pour des représentants politiques que de participer à la politique, et contrer ainsi le sentiment grandissant d’un affrontement de classes dans la société. Le deuxième risque important, et non des moindres ? Que les travailleurs concernés par cette privatisation soient anesthésiés en attendant le déroulement de ce long processus institutionnel, et de laisser leur sort entre les mains de députés et de Macron lui-même.
Pourtant il faudrait frapper fort dès maintenant en pleine période de grand départ, quand les aéroports seront bondés, avec un gouvernement en difficulté pour maintenir sa politique de la même manière qu’au début du quinquennat, n’arrivant pas à arrêter le mouvement des gilets jaunes, ni la colère des 240 services hospitaliers, quand ces derniers seront également surchargés pendant l’été.
Il y a donc bien des urgences aujourd’hui, davantage que celle d’un referendum qui n’est qu’un écran de fumée qui masque le rapprochement des partisans de l’unité de la gauche, non plus sur le terrain de la lutte des classes, mais sur le terrain parlementaire dans le cadre des institutions.
Edouard Philippe lance « l’Acte II » : des réformes et le mépris de la contestation sociale
Le 1er ministre a obtenu, sans surprise, le vote de la confiance de l’Assemblée après son discours de politique générale. Mais l’enjeu pour lui, était ailleurs et plus loin : repositionner l’exécutif et LREM dans le vaste mouvement de recompositions politiques post-européennes… en omettant totalement la contestation sociale.
Bien que, dès les premières minutes, il ait placé son discours sous l’enseigne de« l’urgence économique, écologique et sociale », et que ce discours intervienne après des mois d’un mouvement social qui n’en finit pas de résister, le 1er ministre a réussi la performance de ne jamais prononcer le nom deGilets Jaunes- à qui pourtant il emprunte le mot Acte - préférant une simple allusion aux« territoires isolés ». On n’a pas non plus entendu parler depouvoir d’achatou dejustice fiscale.
Seule concession faite à la mémoire du grand débat, et aux revendications des gilets jaunes en matière de démocratie directe, il annonce que, sans changer de ligne, il faudra« changer de méthode ». Mais pas grand-chose quant à ce fameux changement de méthode et rien, en tout cas, sur le 1er RIP qui doit avoir lieu, à très brève échéance, à propos de la nationalisation d’Aéroports De Paris (ADP).
Alors qu’à Belfort, 800 travailleurs de General Electric tremblent pour leurs emplois, il n’a pas prononcé une seule fois le mot d’usine, de salaires, de fermetures, simplement il a dit vouloir refaire de la France un puissant« pays industriel…. et militaire ! ». Rien non plus à propos de la levée de boucliersdes enseignants contre la loi Blanquer, ou du mouvement degrève des urgentistesqui monte en puissance. Il s’est contenté de mentionner l’existence de la loi sur l’éducation et l’élaboration de la réforme de la santé comme une preuve du souci de l’Etat, en la matière et du travail accompli et à poursuivre.
Une complète négation de l’existence des acteurs sociaux et de leurs contributions et surtout de leurs résistances possibles. Comme s’il s’agissait d’un monde totalement contrôlé dans lequel pourrait se dérouler un train de réformes qu’il s’est employé à ânonner pendant plus d’une heure. Les seuls « partenaires » évoqués dans le discours sont les maires qu’il a caressés dans le sens du poil.
Les lourds appels du pied à gauche et à droite
Il ne le cache pas d’ailleurs. L’Acte II sera ni plus ni moins que la poursuite et la mise en pratique des réformes concoctées dès l’Acte I.« Nous demeurons des réformistes », confirme-t-il. Une fois ce principe énoncé, il s’empresse d’indiquer la boussole politique en affirmant que certes, il demeure des« cultures de droite et de gauche, mais… ». Quel meilleur appel du pied aux transfuges qui traversent l’espace de droite à gauche et de gauche à droite, voire à « droite-droite »… Quel magnifique come-back opportuniste de la théorie macronienne du « ni gauche ni droite » qui se voudrait plutôt désormais tout azimut. L’intention du discours est claire : ce qui se joue, lors de cette séance parlementaire du mercredi 12 juin, ce n’est pas le vote de confiance qui est vraisemblablement acquis, même si quelques défections pouvaient se produire dans LREM, c’est l’utilisation de cette tribune pour s’adresser à l’univers politique dans lequel, après les européennes, « chacun cherche son chat ».
Et tout d’abord, tenter de damer le pion aux écolos qui- ont- quand- même -raflé -13,4%, aux européennes. Et de lancer une OPA annonçant que l’écologie n’était réservée à personne en particulier. A suivi une tentative de repositionnement « écolo » avec une série de propositions dont le contenu pouvait paraître dérisoire, voire tout à fait contradictoire, pour certaines. En ce qui concerne la transition énergétique, qu’il s’agisse du charbon ou du nucléaire, elle prend 5 ans de retard pour la première, et 10 ans pour la seconde. Un lourd débit dans la balance écolo que ne compenseront sûrement pas les mesurettes en matière de contrôle des plastiques et autre poudre aux yeux. Ce à quoi des membres de EELV n’ont pas manqué de répondre en faisant remarquer leur antériorité par rapport à un E. Philippe dont ils ont ironiquement salué le« réveil de conscience ».
Après le chapitre « écolo », les mesures phares énoncées ont visé un coup à gauche, comme l’annonce de« la PMA pour toutes les femmes », et un coup à l’extrême-droite avec l’affirmation d’une approche drastique de la notion de droit d’asile et une volonté de faire décroître une immigration rangée, par E. Philippe dans le camp de « la peur ». Un tout contrôle et répression très éloigné de la notion d’accueil et « d’asile ».
Une stratégie de présentation clairement destinée à lancer des messages très au-delà des murs de l’hémicycle.
Au total, des mesures largement défavorables aux travailleurs ?
Sur le fond de la politique présentée, les mesures sont clairement dans le droit fil des coups déjà portés depuis le début du quinquennat et dans la lignée de la loi El Khomri. Même si le programme du gouvernement semble faire des concessions au mouvement social de ces derniers mois en mettant en avant des réductions d’impôts pour les catégories les plus défavorisées, il fait fi de la notion plus large dejustice fiscaleen ne cédant rien sur le CICE et l’ISF par exemple. Il omet également de dire que ce sont les collectivités territoriales qui financeront la disparition de la taxe d’habitation.
Plus grave encore, il avance des mesures totalement contraires aux intérêts des travailleurs. En matière de retraites, il leur porte des coups majeurs : apparition de la notiond’âge d’équilibreassortie de mesures d’incitation à travailler plus longtemps, ce qui équivaut à un recul de l’âge de la retraite ; nivellement par le bas, sous couvert d’égalité des droits, avec la disparition des régimes spéciaux qui, loin d’être des privilèges, sont des acquis des travailleurs.
Au désavantage complet des travailleurs également, les mesures en matière de prise en compte et d’indemnisation du chômage conçues pour qu’il ne soit pas« plus intéressant d’être chômeur que de travailler ». Propos d’autant plus scandaleux quand on connaît la chute des niveaux de salaires durant les dernières années.
Bref, rien de changé sous le sombre ciel de la Macronie. Rien en tout cas qui soit de nature à changer le regard des travailleurs sur leur situation et leur avenir. Qu’une majorité acquise à l’assemblée, dans la foulée des élections présidentielles, ait assuré un vote de confiance confortable au gouvernement avec 363 voix contre 163, sur 573 votants, ne constitue pas pour autant la garantie que ce ciel ne soit pas porteur d’orages.
Il reste à savoir si l’opération de charme en direction des personnels politiques des partis à la dérive, dont le discours d’E. Philippe devant l’Assemblée n’est que l’un des premiers avatars, va permettre à Macron et à son gouvernement de retrouver une assise et un vivier politique qui se réduisait comme peau de chagrin dans la dernière période.
Même si Macron et Philippe jouent les amnésiques, il reste aussi à compter avec la colère des Gilets jaunes qui n’est toujours pas éteinte et avec les foyers de mobilisation qu’un tel train de réformes ne peut manquer d’attiser.
Le groupe agroalimentaire anglo-batave Unilever vient d’acquérir la marque japonaise Tatcha, complétant son offre en matière de soin de la personne, qui comprend déjà Axe, Brut, Dove, Monsavon ou Timotei.
Si le prix de vente n’a pas été communiqué, les spécialistes du marché pensent qu’il avoisine les 500 millions de dollars. Pour 2019, la firme nipponne devrait réaliser un chiffre d’affaires d’environ 100 millions de dollars net.
Tatcha existe depuis dix ans. Elle a été fondée par Vicky Tsai, après un voyage à Kyoto. Le concept principal de cette enseigne luxueuse demeure la commercialisation de produits centrés sur les rituels des geishas, avec l’utilisation d’ingrédients traditionnels tels le riz, le thé vert et les algues. Après un certain succès dans la vente de papier buvard à usage cutané, la marque s’est inspiré d’un vieux livre de rituels beauté des dames de compagnies japonaises pour concevoir des crèmes et autres laits démaquillants.
Aujourd’hui, Tatcha vend principalement des articles de soin de la peau sous forme de flacon. The Silk Canvas Finish Protective Primer, the Water Cream, The Dewy Skin Cream et Mist figurent parmi les produits de beauté qui rencontrent le plus de succès dans sa gamme. Réalisés sans parabène, sans huile minérale, sans parfum de synthèse, les différentes formules se sont vus décerner le label Green at Sephora. Le nouveau propriétaire de la marque ne devrait pas apporter de changements majeurs à sa protégée, sinon l’ouverture d’un deuxième quartier général à Tokyo.
Note de Canaille le Rouge : Dans ce moment où la réécriture de l'histoire, comme le polo ou le jumping est devenu un sport des plus prisé des quartiers bourgeois, pas inutile de rappeler ce que De Gaulle disait en 1964. Cela ne retire en rien de la reconnaissance pour les milliers de GI's qui sont morts sur les plages de Normandie, mais en rappelant qu'au départ Churchill était opposé au débarquement en France et voulait qu'il se produise dans les Balkans pour aller au plus vite contenir si ce n'est contrer l'Armée Rouge. Chruchill sera contraint au relis par la conférence de Téhéran.
Documentaire sur le débarquement de Normandie du 6 juin 44. Il est difficile d'imaginer lorsqu'on les contemple, que ces paisibles plages de Normandie ont été le théâtre de la plus incroyable opération militaire de tous les temps, le débarquement du 6 juin 44.
En ce 6 juin 2019, l'ensemble des médias font de l'anniversaire du débarquement allié en Normandie, le sujet principal de l'infor
« Trou de la sécu » : la faute aux Gilets jaunes ?
La nouvelle fait les gros titres en ce début de semaine : contrairement à ce qui était annoncé, le système de sécurité sociale sera déficitaire cette année encore, à plus d’1,7 milliards d’euros. Un « trou » que nombre d’éditorialistes imputent sans honte… au mouvement des Gilets jaunes.
À la rentrée 2018, Buzyn et Darmanin (respectivement ministre des solidarités et de la santé et ministre de l’action et des comptes publics) se félicitaient d’un déficit au plus bas concernant le budget de la sécurité sociale. Les bons soldats de la Macronie s’étaient même empressé d’annoncer que le budget retrouverait un équilibre pour l’année 2019. Mais c’était sans compter sur les marqueurs économiques qui ont cessé d’être favorables au gouvernement.
Une synthèse de la Commission des comptes annonce que pour l’année 2019, le déficit de la sécurité sociale sera compris entre 1,7 et 4,4 milliards d’euros, un montant bien supérieur à ce qui était estimé en septembre 2018. Nombre d’éditorialistes se sont empressés de rapporter ce chiffre à la « prime Macron », l’exonération de cotisations sur les heures supplémentaires et l’annulation de l’augmentation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus pauvres, estimées à plusieurs milliards de dollars. Des concessions partielles arrachées par la radicalité et la détermination des Gilets jaunes au plus fort de la mobilisation, en décembre.
Une aubaine pour ceux qui manipulent les chiffres, et qui aiment à évoquer le budget déficitaire de la sécurité sociale comme un « trou » qu’il s’agirait à tout prix de combler sur le dos des plus précaires, en s’attaquant toujours plus au système de protection sociale. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui jouent sur le mythe de l’assistanat, de ces « profiteurs » du système, ces « fainéants » qui ne traversent pas la rue pour chercher un emploi. Et dans la même logique, pour ces détracteurs de la sécurité sociale, quel meilleur discours que d’imputer aux Gilets jaunes le déficit qui se creuse ?
« Le déficit de la Sécu pourrait atteindre 4,4 milliards d’euros avec les mesures “gilets jaunes” »titrait ainsile Figaroce mardi, dans la même veine quel’Opinionqui écrit que les« mesures liées à la crise des Gilets jaunes pourraient coûter cher à la Sécurité sociale »ou que les journalistes duPointqui déclarent :« Le retour à l’équilibre […] s’est fracassé sur la réalité de la conjoncture économique et les concessions aux Gilets jaunes ».
Mais la réalité est tout autre. La fraude aux prestations sociales, additionnée aux maigres concessions arrachées par les Gilets jaunes en décembre, représentent moins de 5 milliards d’euros. Tandis que la fraude aux cotisations, c’est-à-dire la fraude patronale, s’élève à plus de 20 milliards d’euros !
Sans compter le CICE, ce cadeau fiscal fait par Hollande aux entreprises et reconduit par Macron, qui a coûté 20 milliards d’euros. CICE qui n’a pas empêché Carrefour de supprimer des milliers d’emplois en dépit du chèque de 744 millions d’euros qui leur a été offert par le Trésor Public…
La sécurité sociale ne devrait en aucun cas avoir pour objectif de générer du bénéfice, contrairement à ce que cherchent à faire croire le gouvernement et ses alliés qui aimeraient bien voir disparaître ce système de solidarité. D’autant que le déficit de la sécurité sociale, ce fameux « trou » fantasmé, n’est pas causé par les plus précaires et les Gilets jaunes mais bien par les multiples cadeaux faits aux patrons, les réels assistés du gouvernement.
Le mensonge et le travestissement des réalités est constitutif du pouvoir de la bourgeoisie.
C'est qu'exerçant le pouvoir au service d'une minorité de privilégiés elle est contrainte à l'enfumage permanent en prétendant agir pour l'intérêt général et donc " pour les droits sociaux".
D'où par ailleurs la nécessité pour elle de contrôler étroitement l'appareil d'information.
On a une illustration flagrante de ce grand écart avec le discours de Macron devant l'Organisation Internationale du travail où il a notamment fustigé l' "ajustement économique et de la dette [qui ]prévaut sur les droits sociaux", lui l'agresseur en chef de TOUS les conquis sociaux et qui s'apprête à s'en prendre à l’Indemnisation du chômage et aux retraites, tandis qu'il privatise à tour de bras et dégomme le service public de santé!
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SOURCE : Le Capital
Emmanuel Macron a dénoncé mardi devant l'Organisation internationale du travail à Genève les dérives d'un "capitalisme devenu fou" au sein d'organisations comme le FMI ou l'OMC qui privilégient les ajustements économiques aux droits sociaux.
En allusion au mouvement des "gilets jaunes" en France, le chef de l'Etat français a par ailleurs reconnu de nouveau avoir fait une "erreur fondamentale", non de fond mais de méthode.
"Nous avons peut-être parfois construit des bonnes réponses trop loin de nos concitoyens en considérant qu'il y avait des sachants et des subissants. C'était une erreur fondamentale", a-t-il admis.
Plus globalement, il a réclamé le retour à une "économie sociale de marché où chacun trouve sa part", au lieu d'une "captation des richesses par quelques-uns". Sinon "on nourrit les extrêmes", a-t-il dit, comme l'an dernier au Forum de Davos.
"Quelque chose ne fonctionne plus dans ce capitalisme qui profite de plus en plus à quelques-uns. Je ne veux plus que nous considérions que le sujet d'ajustement économique et de la dette prévaut sur les droits sociaux", a lancé M. Macron.
"Quand le peuple ne trouve plus sa part de progrès", il peut être "attiré par l'autoritarisme, qui dit: +la démocratie ne vous protège plus contre les inégalités de ce capitalisme devenu fou. Nous allons faire des murs, des frontières, sortir de ce multilatéralisme, il est mou+."
"On ne peut pas défendre ce que je dis à l'OIT et dire ensuite au FMI ou autour de la table du Conseil européen: +vous allez vous ajuster face à la crise financière et réduire vos droits sociaux+. Ca doit être terminé", a-t-il insisté, plaidant la cohérence.
"Ou dire à l'OMC: +c'est formidable le commerce, il faut négocier des accords avec tout le monde, quelle que soit leur sensibilité sociale et environnementale. Et vive le dumping, ça ira mieux, ça enrichit tout le monde+", a-t-il ajouté, se défendant de tenir un discours "crypo-marxiste" à l'OIT et libéral en France.
Le chef de l'Etat a souhaité que le G7 organisé fin août à Biarritz appelle tous les pays à se doter d'ici à 2030 d'un système de protection sociale pour tous. Il a aussi appelé à un "ordre public social" incluant un salaire minimum, comme la France le défend au niveau européen, et la création au G7 d'un "fonds à impact social et environnemental".
"La crise que nous vivons peut conduire à la guerre et à la désagrégation des démocraties, a-t-il averti. Tous ceux qui croient, sagement assis, confortablement repus, que ce sont des craintes qu'on agite se trompent, ce sont les mêmes qui se sont réveillés avec des gens qui semblaient inéligibles, ou sortis de l'Europe, alors qu'ils pensaient que ça n'adviendrait jamais."
Dans un communiqué mardi soir, la présidente du RN Marine Le Pen a dénoncé la "duplicité" de M. Macron, "prédiateur fasciné et exalté" du "capitalisme fou" qu'il dénonce. "En tentant de faire oublier à Genève ce qu’il a encouragé, organisé et amplifié en France, et qui a déclenché l’un des plus grands mouvements de contestation populaire, Emmanuel Macron use d’un cynisme et d’une hypocrisie des plus condamnables", a-t-elle protesté.
La journée de solidarité de la Pentecôte. 2,9 milliards sur le dos des travailleurs !
Pourquoi est-ce que les profits des grands patrons ne seraient pas pris, non pas un jour par an, mais tous les jours pour financer la santé, les retraites, l’éducation, les transports etc. ?
En 2004 le gouvernement Rafarin, après la canicule de 2003 qui a fait 15.000 morts en trois semaines, a mis en place la journée de solidarité. Jusqu’en 2008, les salariés devaient aller travailler gratuitement le lundi de la pentecôte puisque le salaire dû était reversé à la Caisse nationale de solidarité, créée spécialement à cet effet. C’est l’employeur qui verse périodiquement 0,30 % de la masse salariale brute à titre de cotisation à l’URSSAF qui transmet à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Pour rembourser son patron, chaque salarié doit travailler une journée supplémentaire chaque année, au lieu qu’elle soit chômée.
En 2008, le jour est reconsidéré comme « férié » mais l’employeur peut supprimer un jour de congé ou de RTT, ou bien comme disent tous les médias « offrir » cette journée à leurs salariés. Merci patron de ne pas me faire travailler gratuitement et de permettre au gouvernement de me retirer un jour férié. Ce jour peut même être décalé à n’importe quel jour de l’année, rien à voir donc avec de la solidarité mais une attaque pour obtenir encore plus de travail gratuit.
Cette année, cette ristourne au patronat représentera 2,9 milliards d’euros. Cette trouvaille permet à l’État de faire porter directement sur le dos des travailleurs et plus sur celui du patronat, la charge de payer pour les soins des personnes âgées. Il se décharge d’investir massivement dans le secteur de la santé. On a pu le voir avec les scandales à répétitions dans les EHPAD, la situation s’aggrave chaque année et ce n’est pas dû à un manque de solidarité intergénérationnelle mais bel et bien au manque d’investissement de l’État. 2,9 milliards, c’est une goutte d’eau comparé aux profits engendrés par le grand patronat et par les actionnaires.
Le gouvernement Macron a reculé après avoir avancé l’idée d’une nouvelle journée de solidarité mais il faut s’attendre à ce qu’il revienne à la charge. Macron et son rouleau compresseur néolibéral n’ont que faire des personnes âgées et handicapées qui ne sont à leurs yeux qu’un poids pour la société. Ainsi, il demande aux travailleurs de faire un effort de leur côté avec cette journée de solidarité et de l’autre ils demandent aux retraités de faire un effort pour les jeunes avec la baisse de la CSG, tout en rognant sur les conditions de travail en EHPAD : toujours moins de moyen, toujours moins de personnel et des conditions d’accueil inhumaines.
Ce n’est pas parce que nous travaillerons plus longtemps (et plus gratuitement) que nos seniors seront bien traités, mais en développant des services publics de santé de qualité et en mettant fin à l’exploitation des salariés au service d’une minorité.
C’est pourquoi l’État se doit d’investir dans les hôpitaux publics et les EHPAD que ce soit en termes d’infrastructure qu’en termes de personnels afin que les personnes âgées et handicapées puissent bénéficier de soins de qualités et de conditions de vie descentes. L’argent pour ces investissements existe, il s’agit de le prendre au bon endroit. Pourquoi est-ce que les profits des grands patrons ne seraient pas pris, non pas un jour par an, mais tous les jours pour financer la santé, les retraites, l’éducation, les transports etc. ?
L’Observatoire des inégalités vient de publier son nouveau rapport sur les inégalités en France, un panorama de la situation dans l’Hexagone et des évolutions sur les questions de revenus, de travail, d’éducation ou de mode de vie. Un état des lieux intéressant juste après le mouvement des «gilets jaunes».
Comme tous les deux ans, l’Observatoire des inégalités publie son traditionnel rapport - qui fait foi - sur les inégalités en France, une édition 2019 de 178 pages qui, comme les précédentes, permet d’avoir un juste panorama et état des lieux des inégalités dans l’Hexagone, et d’un autre côté des points de vue de professionnels sur la situation en matière de revenus, de travail, d’éducation ou encore de mode de vie. L’objectif est clair: «permettre à chacun de se forger une opinion documentée sur la situation sociale», comme il est rappelé dans l’avant-propos signé Anne Brunner, cheffe de projet au sein de l’observatoire, sans volonté de «faire le buzz». En voici une photographie rapide, en 25 chiffres clés.
Nous sommes « à un point de rupture jamais atteint », nous dit le syndicat médical majoritaire des services d’urgences, Samu-Urgences de France. C’est pourtant dans l’indifférence du pouvoir qu’un mouvement de grève sans précédent s’étend dans les services d’urgences, partout dans le pays. L’accumulation des témoignages de grévistes dessine un sombre portrait de ce qu’est devenu l’hôpital public : accueil dans l’indignité, qualité des soins en chute libre et, en conséquence, stress et violences subis par les soignants. Un drame silencieux aujourd’hui sorti du huis clos par un personnel médical en asphyxie.
C’est dans le service d’urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, le 18 mars, que le mouvement a commencé. A cette date, le personnel comptait déjà cinq agressions commises par des patients depuis le début de l’année.
Aujourd’hui, ce sont pas moins de soixante-cinq services qui sont mobilisés, dont vingt-deux parmi les vingt-cinq services de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le samedi 25 mai, deux cents infirmières et infirmiers, aides-soignants et aides-soignantes se sont rassemblés à Paris, devant la Bourse du travail. Un appel à manifester à l’échelle nationale a été lancé pour le jeudi 06 juin. La mobilisation était principalement symbolique — impossible d’abandonner son poste et d’ignorer les besoins de soin alors que les effectifs sont déjà très restreints. Jusqu’à début juin où, après plusieurs mois de grèves en vain, les urgentistes de l’hôpital de Lariboisière, à Paris, se sont mis en arrêt maladie. Signifiant ainsi l’ampleur inédite de la crise, dénonçant ainsi l’absence de prise de conscience du risque, réel, d’effondrement.
Le personnel soignant à bout de forces
Manque de personnel, manque de lits d’hospitalisation, manque de matériel, manque d’espace dans les locaux ; les mêmes maux, endémiques, sont sur toutes les lèvres : toutes et tous dénoncent l’impossibilité d’accueillir et de soigner de manière décente. Les témoignages, édifiants, parlent d’eux-mêmes :« Certaines soirées, on a cent quarante patients aux urgences, pour quatre médecins, cela me donne le vertige », témoigne Florian Vivrel, médecin aux urgences de Saint-Nazaire, àMediapart[1]. Aglawen Vega, infirmière aux urgences de l’hôpital Cochin et membre de la CGT, décrit ainsi son quotidien au Figaro :
« Quand on arrive le matin à 6 heures 45 pour prendre nos permanences, on devrait théoriquement se retrouver avec un service vide ou quasi vide, mais ce n’est plus le cas. Les patients qui n’ont pas de lit sont alignés dans une salle d’attente improvisée. Il faut accueillir les nouveaux et surveiller les autres. Dans ces conditions, on peut passer à côté d’un patient dont la situation se dégrade, on n’est pas non plus à l’abri d’une erreur d’inattention. Tout ça détruit le moral des équipes et provoque du stress. On ne devrait pas travailler de cette manière »[2].
Les conséquences peuvent être dramatiques, pour les patients comme pour les soignants.
Les premiers sont le plus souvent confrontés, lorsqu’ils arrivent aux services d’urgences, à une attente interminable : quatre, six, dix heures d’attente avant de voir un médecin. A l’hôpital de Lariboisière, le 18 décembre, la situation est arrivée à sa conclusion logique : une femme y était retrouvée décédée sur un brancard, douze heures après son admission aux urgences. « On peut parler d’une chronique d’une mort annoncée », commentait alors le docteur Philippe Prudhomme, médecin urgentiste en Seine-Saint-Denis et délégué CGT[3].
Manque de personnel, manque de lits d’hospitalisation, manque de matériel, manque d’espace dans les locaux… les mêmes maux, endémiques, sont sur toutes les lèvres : toutes et tous dénoncent l’impossibilité d’accueillir et de soigner de manière décente.
Les seconds sont placés dans une situation intenable, obligés de tenir une cadence absurde, soumis à un stress intense, poussés à la faute ou au syndrome l’épuisement professionnel. Plusieurs soignants témoignent par ailleurs d’une perte de sens dans leur métier, de l’impossibilité de prodiguer des soins de qualité ou même de prendre le temps de parler aux patients, de les rassurer. Plus critique encore, ils sont de plus en plus souvent victimes de la violence de patients poussés à bout par les délais et la faible qualité des soins : incivilités, crachats, insultes, attouchements dans le cas des femmes, agressions physiques. « Il y a quatre ans, on dénombrait quinze agressions par jour du personnel infirmier, aujourd’hui c’est le double, soit dix mille huit cent trente-cinq agressions l’année dernière, entraînant plus de deux mille arrêts de travail », selon Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers (CFE-CGC)[4].
Lorsque l’on ajoute le manque de moyens humains et matériels à la misère sociale inhérente aux services d’urgence (personnes à la rue, femmes battues, migrants sans repères…), le cocktail peut rapidement devenir explosif.
Mediapartpubliait, le 2 juin, un récit[5]empreint d’un caractère particulièrement surréaliste, sinon délirant, qu’il ne peut inspirer que consternation et effroi, plus encore que les autres. Aux urgences de Lons-le-Saunier, pas moins de 70 % des personnels paramédicaux, pas moins de huit médecins sur quinze sont en arrêt maladie. Les services d’urgences et de réanimation ne peuvent opérer tous les jours, avec toutes les potentielles conséquences que l’on imagine aisément. L’agence régionale de santé, constatant« l’existence d’un risque grave pour la santé publique »et avec la direction de l’hôpital et la préfecture, mettent donc en place« la réquisition d’un nombre suffisant de personnels ». Concrètement ? Des gendarmes ou policiers se rendent aux domiciles de soignants ayant déclaré leur arrêt maladie pour leur signifier, avis de réquisition à l’appui, qu’ils iront tout de même travailler le lendemain. Parfois en pleine nuit, pour le matin.
Un objectif : sortir les hôpitaux de l’étau de l’austérité
Cette descente aux enfers des services d’urgences français est directement, mécaniquement imputable aux politiques d’austérité subies par l’hôpital public depuis de longues années. Une rapide observation de l’évolution de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) en dit long : d’un taux de croissance de 5 % en 2004, il est à 2.5 % en 2019[6], et est même tombé en-dessous de la barre des 2 % en 2016 (voir graphique ci-dessous). Et ce, alors que le taux de croissancenatureldes dépenses de santé est d’environ 4 %[7]chaque année, notamment par l’effet du vieillissement de la population. Le taux d’augmentation de dépenses actuellement demandé aux hôpitaux correspond donc en réalité à des économies drastiques, dont les conséquences sont très tangibles. L’AP-HP en est l’exemple le plus visible : plusieurs centaines de suppressions de postes rien qu’en 2018, plus encore prévues pour 2019[8].
Quelles revendications des grévistes, pour sortir de cette impasse ? La première est de désengorger les urgences par la réouverture de lits d’hôpitaux, dont la baisse est l’une des causes de l’augmentation des flux dans les services d’urgence. Selon l’OCDE, dans une étude réalisée avec la Commission européenne et publiée en novembre 2017, on observe entre 2000 et 2015 une baisse de 15 % du nombre de lits d’hospitalisation et, sur la même période, une augmentation de 10 % de la population française[9]. Les patients se trouvant dans l’impossibilité de trouver des lits d’hôpitaux pour les accueillir sont contraints de stagner dans les services d’urgences.
La deuxième revendication est d’augmenter les salaires, à hauteur de trois cents euros supplémentaires par mois. En reconnaissance du service accompli et de la difficulté toujours croissante de la mission des soignants, mais aussi pour revaloriser l’attractivité du métier, qui peine à recruter et où leturn-overest très important.
Enfin, l’augmentation des effectifs. Le chiffrage de ce manque est stupéfiant : si, comme le collectif inter-urgences, l’on se réfère aux estimations du syndicat Samu-Urgences de France, il manque pas moins de sept cents postes rien que dans les vingt-cinq services d’urgences de Paris pour permettre un service à la hauteur[10].
L’indifférence du pouvoir
Comme réponse à ces suppliques et cris d’alarme, le pouvoir a, manifestement, fait le choix du silence et du mépris. Le 19 avril, plus d’un mois après le début de la mobilisation, la ministre de la Santé Agnès Buzyn—que l’on a connue plus prompte à s’indigner d’incidents dans des hôpitaux lorsqu’ils étaient fictifs — déclarait au sujet de celle-ci : « Cela fait suite à des problèmes d’agressions et ce n’est pas lié aux conditions de travail, même si à l’APHP les négociations sont en cours avec le directeur pour améliorer les conditions de travail, notamment de sécurité ». En tentant—maladroitement, comme souvent lorsque l’on nie une évidence — de séparer la conséquence (« problèmes d’agressions ») de la cause (« conditions de travail »), Buzyn s’inscrit pleinement dans la stratégie macronienne de fuite en avant et de déni de la réalité.
Plus tard, le 27 mai, elle affirmait « entendre la fatigue et l’agacement » des urgentistes, et disait savoir que « les urgences sont en tension dans notre pays » puis ajoutait immédiatement : « Il n’y a pas de solution miracle tant que nous n’avons pas plus d’urgentistes formés dans notre pays, c’est une problématique qui est aujourd’hui internationale ». Faisant écho au « Je n’ai pas d’argent magique » d’Emmanuel Macron, Agnès Buzyn fait donc mine d’ignorer que la crise actuelle est causée par les choix budgétaires des gouvernements successifs, le sien compris, et fait passer une absence de volonté politique pour une incapacité de l’État.
En tentantde séparer la conséquence (« problèmes d’agressions ») de la cause (« conditions de travail »), Buzyn s’inscrit pleinement dans la stratégie macronienne de fuite en avant et de déni de la réalité.
Enfin, le 04 juin, Mme Buzyn fit part de son mécontentement.« Ça n’est pas bien », dit-elle, pour condamner… les grévistes de l’hôpital de Lariboisière, qui se sont mis en arrêt maladie. « Ça accroît, ça entraîne une surcharge de travail pour les autres, pour les pompiers […] La règle dans le monde médical, c’est que quand on fait grève, on met un brassard mais on vient travailler, pour ne pas mettre en danger la vie d’autrui »a-t-elle ajouté. Oubliant manifestement que c’est précisément ce qui a été fait depuis le début de la mobilisation, et faisant soudainement preuve de la considération pour patients et soignants que ces derniers ont attendue en vain des mois durant, jusqu’à pousser certain d’entre eux dans de telles extrémités.
Si le fameux « plan santé 2022 » professe des intentions louables, dans le sens d’un désengorgement des hôpitaux et des services d’urgence par une restructuration de la médecine de ville et des soins de proximité, il ne suffit pas à répondre aux enjeux actuels des soignants. La crise est telle qu’elle nécessite des mesures d’urgence, à effet immédiat, et donc de mettre des sommes conséquentes sur la table. Mais la logique budgétaire du gouvernement reste inflexible. « Notre système de santé ne souffre pas d’abord d’un problème de sous-financement, il pêche par un vrai handicap d’organisation », déclarait Emmanuel Macron le 18 septembre 2018. Le cap sera maintenu, pour reprendre l’expression désormais consacrée. Le temps nous dira si le renforcement de la médecine de ville et le maillage de soins de proximité qui seront progressivement mis en place parviendront, à moyen terme, à alléger la pression sur l’hôpital public. Rien n’est moins sûr, tant les fermetures de services sur les territoires, tendance que le gouvernement ne semble pas souhaiter enrayer, risquent de faire de ces centres de proximité des coquilles vides[11].
Reste que les urgences, par définition, ne sont pas à moyen terme.
[1] Caroline Coq-Chodorge, « Aux urgences, la grève s’étend « pour la décence et la dignité » », Mediapart, 26 mai 2019
[2] William Plummer, « Grève dans les hôpitaux parisiens : « On ne devrait pas travailler de cette manière » », Le Figaro, 18 avril 2019
[3] Edouard de Mareschal, « Paris : une femme retrouvée morte 12 heures après son admission aux urgences », Le Figaro, 19 décembre 2018
[4] Mireille Weinberg, « L’été s’annonce explosif aux urgences des hôpitaux », L’Opinion, 26 mai 2019
[5] Caroline Coq-Chodorge, « Aux urgences de Lons-le-Saunier, « l’équipe est anéantie » », Mediapart, 2 juin 2019
[6] Loi de financement de la sécurité sociale pour 2019
[7] Solveig Godeluck, « Assurance-maladie : 4,2 milliards d’économies en 2018 », Les Echos, 25 septembre 2017
[8] « L’AP-HP, « en situation financière dégradée », va supprimer près de 800 postes non médicaux », Le Monde, 23 novembre 2018
[9] « State of Health in the EU, France, Profils de santé par pays 2017 », Commission européenne, Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, OCDE
[10] Olivier Monod, « Combien y a-t-il de services d’urgence actuellement en grève en France ? », Libération, 21 mai 2019
[11] Sylvie Ducatteau, « Maternités : Agnès Buzyn met les sages-femmes en première ligne », L’Humanité, 22 mars 2019
La justice s'intéresse enfin à la trahison des classes dirigeantes dans la défense des intérêts stratégiques de la nation, avec macron en tête de ce bradage industriel !
A quand donc la condamnation ferme de ces pratiques ?
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SOURCE : Libération
ÉPÉE DE DAMOCLÈS
Il y a un peu plus d’un an, le député LR d’Eure-et-Loir, Olivier Marleix, avait pointé du doigt le rôle décisif d’Emmanuel Macron dans la vente d’Alstom Energie à l’américain General Electric lorsqu’il était ministre de l’Economie sous François Hollande entre 2014 et 2016 :
«En autorisant la vente d’Alstom à GE, l’Etat a failli à préserver les intérêts nationaux», accusait-il. Mais le rapport de la commission d’enquête parlementaire qu’il présidait sur «les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle», et en particulier le dossier Alstom, avait été «neutralisé» par la majorité LREM à l’Assemblée et rangé sur une étagère.
Voilà que la justice s’intéresse désormais aux circonstances de cette cession annoncée en 2014 et finalisée en 2015, a-t-on appris moins d’une semaine après l’annonce de plus d’un millier de suppressions d’emplois chez GE France. Un plan social drastique qui frappe durement Belfort et contredit complètement les engagements du groupe américain.
Selon nos confrères de l’Obs, Olivier Marleix, qui avait saisi en janvier la justice pour qu’elle enquête sur les conditions de la vente de la branche énergie d’Alstom à GE il y a quatre ans pour près 10 milliards d’euros, a été entendu le 29 mai sur son signalement par les enquêteurs de l’Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff) à la demande du parquet de Paris. Ce dernier «souhaitait lui faire préciser les termes de sa dénonciation», selon une source judiciaire citée par l’hebdomadaire. Laquelle précise : «Son signalement et ses déclarations sont désormais en cours d’analyse au parquet qui étudie les suites à donner.»
«Pacte de corruption»
Dans une lettre adressée le 17 janvier au procureur de la République de Paris, Olivier Marleix s’étonnait que la justice n’ait «jamais ouvert d’enquête» sur la vente soudaine d’Alstom à l’américain GE, alors que l’entreprise française avait dû verser une amende de 772 millions de dollars à la justice américaine en 2014 pour des faits de corruption et qu’un de ses cadres, Frédéric Pierucci avait été emprisonné pendant deux ans aux Etats-Unis.
Il relevait qu’Emmanuel Macron avait suivi de bout en bout le dossier Alstom, comme secrétaire général adjoint à l’Elysée, puis ministre de l’Economie, et avait «formellement donné son autorisation» à la vente du groupe. Marleix s’interrogeait aussi «sur un lien éventuel entre le rôle joué par Emmanuel Macron dans plusieurs dossiers industriels et le financement de sa campagne».
«Le fait que l’on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées [Alstom, Technip, Alcatel, ndlr] ne peut qu’interroger, souligne le député dans son courrier.
S’il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption.»
Des affirmations que l’entourage d’Emmanuel Macron a toujours réfutées, en les qualifiant d'«affabulations» et de «basses manœuvres politiques» de la part d’un parlementaire «en manque de publicité». Dans un livre sorti lui aussi mi-janvier, le Piège américain (JC Lattès), l’ancien cadre d’Alstom au cœur de l’affaire américaine, Frédéric Pierucci, accrédite pour sa part la thèse d’un chantage du Département de la justice américain (DoJ) pour contraindre les Français à vendre la branche énergie d’Alstom à General Electric : l’abandon des poursuites pouvant remonter jusqu’au PDG d’Alstom de l’époque, Patrick Kron, aurait été négocié, selon lui, en échange de la vente forcée de l’entreprise française à GE. Le tout avec l’aval du gouvernement français de l’époque et de son ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Son prédécesseur à Bercy, Arnaud Montebourg, s’était lui opposé à ce marché, avant de devoir quitter le gouvernement.
«Bilan catastrophique»
On saura dans les jours qui viennent si les enquêteurs de l’Oclciff décident de pousser plus loin leurs investigations et si la justice décide d’ouvrir formellement une information judiciaire sur ce dossier miné. Pour sa part, Frédéric Pierucci estime dans un entretien fleuve au FigaroVox que «le bilan de la vente d’Alstom est catastrophique pour l’emploi et notre souveraineté» après l’annonce des 1 000 suppressions de postes chez GE France la semaine dernière : «Que de hauts représentants de l’Etat osent encore prétendre que l’opération de vente d’Alstom Energie à General Electric était une bonne opération est non seulement scandaleux mais démontre un jusqu’au-boutisme indécent dans la tentative de justifier les erreurs passées», assène-t-il. Sur ce point-là au moins, les choses semblent avérées.
Certains diront « à être défendu », d’autres « à lutter tous ensemble ». En fait, les deux idées sont inséparables. Le syndicat sert à s’unir, à s’organiser et à agir collectivement pour se défendre dans la lutte des classes et conquérir de nouveaux droits.
Le syndicat d’entreprise est la base du syndicalisme, car situé au plus près du salarié. Il fonctionne avec les syndiqués qui proposent, orientent et décident de l’activité.
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