« Choose France », c'est l'arbre qui cache la forêt de la nouvelle saignée industrielle
Ces suppressions d’emplois ou menaces de suppressions, le patronat et l'exécutif veulent les dissimuler derrière les dorures du château de Versailles.
D'après Altares le chiffre des défaillances cumulées 2023/2024 pourrait atteindre le niveau record de 2008...
Preuve que les cadeaux fiscaux, sociaux, les déréglementations du code du travail, les assouplissements des possibilités de licencier voire de licencier abusivement et sans motif, le vol de deux années avant de prendre sa retraite, la réduction honteuse des droits des chômeurs traduisent juste une absence de stratégie industrielle et économique et débouchent sur une impasse économique et un déficit commercial abyssal.
Les statistiques officielles et notamment la DARES, relève une augmentation de 15% des licenciements économiques au 1er semestre 2024.
Les emplois créés à grand renfort d'argent public compensent à peine ces suppressions et ne bénéficient en général pas aux salariés licenciés. Malgré les cocoricos de l'exécutif, notre secteur manufacturier représente 10% du PIB, bien loin de la moyenne européenne et de celle des pays de l'OCDE.
Signer des chèques aux grands groupes ne fait pas une politique industrielle.
Notre industrie est toujours plus centrée sur l'armement et le luxe, en décalage complet avec les besoins de la population française et européenne et avec une spécialisation dangereuse car rendant notre tissu productif fragile aux modifications de conjoncture. Cet état des lieux catastrophique démontre que se contenter de signer des chèques aux grands groupes ne fait pas une politique industrielle.
Les aides publiques n'ont jamais été aussi élevées et atteignent 170 milliards d’euros en 2023, soit encore plus qu'avant le COVID.
Choose, c’est le court terme
Le Président de la République se targue de l'augmentation des investissements étrangers, mais ils sont de courte durée et ont un effet très incertain sur l'emploi.
Par exemple, IBM annonce à Choose France 50 recrutements d'ici 2025 mais oublie de rappeler qu'il vient d'en supprimer 200 !
Choose, c'est 15 milliards d’euros d'investissements pour créer ou maintenir plus de 10 000 emplois soit un coût de 1,5 million d'euros par emploi… Sans compter, les aides publiques qui ne manqueront pas de tomber généreusement dans les poches des investisseurs.
Un coût du capital qui pèse sur l'industrie
Avec 97 milliards d’euros distribués aux entreprises du CAC 40, la France détient le record européen des dividendes. Ce coût du capital plombe l’industrie.
« Les entreprises qui licencient et se gavent d'aides publiques sont aussi celles qui rémunèrent grassement leurs actionnaires » constate la numéro un de la CGT.
En effet, ces richesses s'évaporent dans les dividendes au dépend des investissements pour transformer l'appareil productif et répondre au défi environnemental.
Le scandale du nouveau tour de vis pour les droits à l’assurance chômage
L'ampleur de ces suppressions d'emploi confirme le scandale de la réforme de l'assurance chômage annoncée par le gouvernement. Alors que le gouvernement avait justifié ses réformes violentes par la (légère) amélioration de la conjoncture économique, en s'engageant à améliorer les droits des privés d'emploi en cas d'augmentation du chômage, il renie sa parole.
« Les comptes de l'assurance-chômage sont au vert, rien ne justifie cette réforme honteuse » a dénoncé Sophie Binet. « La CGT interpelle donc solennellement le gouvernement et les responsables politiques. Il faut changer de braquet d'urgence en commençant par renoncer à la réforme de l'assurance-chômage. »
Pas question, au prétexte de sauver l'industrie, de mettre sur pause la nécessaire transformation environnementale
« Pas question, pour occulter les responsabilités du capital et des multinationales de prétendre que notre industrie serait en danger du fait des normes environnementales.
La ficelle est grosse, on l'a vu pendant la mobilisation des agriculteurs et agricultrices dont l'exigence était la garantie d'un revenu décent » selon Sophie Binet.
En effet, pour ne pas remettre en cause les marges de l'agro-industrie, les normes environnementales sont allégées au détriment des agriculteur·rices qui en sont les premières victimes car ils et elles sont les premiers exposés aux produits chimiques et au changement climatique.
La CGT refuse de choisir entre sauver l’emploi et la planète
Cette mise en opposition entre le social et l'environnemental n’est plus acceptable. L'état de l’industrie française est le résultat de 40 ans d'abandon par la puissance publique face aux politiques néolibérales. C'est ce déclassement qui fait le terreau de l'extrême droite.
« Pour la combattre, il faut dépasser les contradictions entre le social et l'environnemental et enfin affronter les forces de l'argent qui sont les grandes gagnantes du tournant néo libéral des années 80. Il faut réhabiliter le courage, l'intégrité et l'honnêteté avec des dirigeants politiques au service de l'intérêt général et pas des puissants. »