Syndicat CGT Unilever HPCI France
Après l'annonce de 4.600 suppressions d'emploi en France, la saignée continue chez le groupe Renault. En particulier chez les intérimaires, et chez les sous-traitants comme au Technocentre de Lardy où 70 emplois sont menacés et où les salariés prestataires se sont mis en grève ce jeudi.
Technocentre de Lardy le 27 mars 2020, les salariés protester contre le maintien de l’activité en pleine crise sanitaire. Crédit Photo : LP/Gérald Moruzzi
Chez Renault le plan d’économie commence déjà a faire des ravages. Après avoir annoncé 15.000 suppressions de poste dans le monde dont 4.600 en France, et menacé de fermeture les sites de Choisy-le-Roi et Maubeuge, ce sont les sous-traitants qui risquent également de payer la facture. Au Technocentre du Lardy dans l’Essonne qui compte 60% de techniciens et 40% de cadres, ce sont plus de 500 prestataires de contrats privés qui travaillent côte à côte avec les 1.300 salariés du groupe Renault.
L’externalisation chez Renault n’est pas due au hasard. C’est un mode de fonctionnement qui va de la logistique aux bancs moteurs, pour encore précariser, mettre en concurrence les salariés et ainsi pouvoir s’en séparer quand les commandes baissent ou lorsque le groupe veut faire des économies. Comme nous le voyons aujourd’hui avec plus de 25 bancs moteurs arrêtés à à Renault Lardy où 70 salariés qui faisaient des contrôles sur ces bancs moteurs vont perdre leurs postes.
Aujourd’hui l’ensemble des secteurs du groupe Renault sont concerné par le plan d’économie annoncé par la direction après la crise sanitaire. A Renault Guyancourt ce sont par exemple 1.500 postes d’ingénieurs qui sont menacés. Mais les suppression d’emplois seront encore bien plus importants dans la sous-traitance, où il n’y aura pas de départs volontaires mais des licenciement secs. Ainsi la CGT de Renault Lardy prévoit que la direction va vouloir supprimer 600 postes de prestataires.
La direction de Renault prétend que les suppression de poste et l’arrêt des banc moteur au Technocentre de Lardy n’ont rien a voir avec le plan d’économie du groupe Renault. Cependant la baisse significative de l’activité et la mise à l’arrêt des bancs moteurs sont une première depuis que le Technocentre existe. En réponse les salariés se sont mis en grève pendant une heure jeudi 2 juillet pour protester contre cette décision. Et pour cause, la saignée de l’emploi ne risque pas de s’arrêter là, puisque pour arriver aux 2 milliards d’économie sur lesquelles table la direction du groupe, elle compte faire des gains de productivité ce qui induit que de nombreux postes de travail vont encore disparaître.
La cure austéritaire ne fait que démarrer non seulement chez le groupe Renault, mais bien dans l’ensemble du secteur automobile. Pendant ce temps le gouvernement Macron octroie 8 milliards octroyer « pour soutenir la filière automobile » dit-il. Mais en réalité cet argent public va finir dans les caisses du patronat, tandis que les salariés vont subir les plans de licenciement, les baisses de salaires et les fermetures d’usines.
C’est pour pour cette raison que la coordination de l’ensemble du secteur est d’une urgence impérative pour imposer zéro suppression de postes, l’interdiction des licenciements, et le rejet de tous les Accords de Performance et de Compétitivité pour baisser les salaires. Des donneur d’ordre aux sous-traitants jusqu’aux précaires comme les intérimaires qui paient déjà la crise avec des vagues de fin de mission depuis le début du confinement, c’est tous ensemble qu’il s’agit de s’organiser pour refuser de payer la crise.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Dans son interview jeudi à la presse sur la suite de son quinquennat en contexte de crise économique, Emmanuel Macron a confirmé sa volonté relancer la réforme des retraites, avec la reprise de concertations cet été. Il maintient ainsi le cap des attaques anti-sociales.
Crédit photo : Ludovic Marin / AFP
Avec l’instauration du confinement, les réformes en cours au début du mois de mars ont été suspendues. C’était le cas de la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), du deuxième volet de la réforme du chômage et surtout de la réforme des retraites. Cette réforme a fait exploser pendant trois mois, à partir de 5 décembre 2019, une colère qui grondait depuis longtemps, qui est venue s’ajouter à la séquence ouverte par les Gilets jaunes et qui a été une véritable démonstration de force de la force de la grève, en particulier dans les secteurs du transport (SNCF et RATP) où elle a marqué le record de longévité pour une grève depuis 1968 ! Un mouvement qui a été également soutenu par une large part de l’opinion, opposée au modèle de la retraite par points, attaque mal déguisée en acte de « justice sociale » par le gouvernement.
Hier, lors d’un entretien donné à la presse quotidienne régionale, Macron se confie sur plusieurs sujets à propos de la suite de son quinquennat. Reconfinement, jeunesse, plan de relance dans l’aéronautique, convention citoyenne du climat, Ségur de la Santé, tout y passe... et la réforme des retraites fait son retour. Macron souhaite « réengager rapidement une concertation en profondeur, dans un dialogue de responsabilité associant les partenaires sociaux dès l’été ». Il se donne donc la période estivale pour préparer les attaques de la rentrée. S’il est apparu très clair sur le fait de maintenir le cap de la réforme, « « Il n’y aura pas d’abandon d’une réforme des retraites. » ; le niveau d’approximation sur les contours qu’elle va prendre reste fort. Il ajoute « Je suis ouvert à ce qu’elle soit transformée. » Transformée ? Mais comment ? Aucune précision n’est faite sur ces potentielles transformations. On sait seulement qu’il va y avoir des concertations et un « dialogue social ». Des formulations préfabriquées et un faux-semblant de discussions pour anticiper et contenir la colère accumulée avec les mobilisations de cet hiver, et la gestion catastrophique de la crise sanitaire.
En somme, rien n’est clarifié, tout est soumis à la « discussion ». Pas de précision sur l’âge pivot qui était censé être gelé, et un potentiel allongement de la durée de cotisation est évoqué, toujours avec le même flou qui plane : « Cette réforme ne peut pas être reprise de manière inchangée à la sortie de crise, mais la question du nombre d’années pendant lesquelles nous cotisons demeure posée. ». Beaucoup d’arabesques et de formulations pour un come-back d’une réforme dont le fond n’ a pas changé d’un iota : passer du calcul des 25 meilleures années (ou les 6 meilleurs mois pour la fonction publique) à toutes les années (aussi mauvaises soient-elles) avec le système par point, supprimer les régimes spéciaux faire baisser les pensions, augmenter le nombre d’années à travailler pour partir à la retraite.
Macron maintient malgré tout l’esbroufe du visage social de sa réforme en affirmant (le ridicule tue moins que l’austérité) qu’elle sera favorable aux travailleurs de « seconde ligne », « ces Françaises et ces Français engagés dans des petits emplois précaires qui ont fait tenir le pays » poursuit-il. Alors même que ce sont ces « héros de la nation » qui ont le plus subi la gestion catastrophique de la crise par le gouvernement, et qui se sont retrouvés dans des situations de grande précarité, ou ont vu leurs conditions de travail se dégrader fortement. Macron tente de cacher tant bien que mal qu’en vérité, cette réforme va précariser l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. Il essaye de masquer que si la réforme était en application aujourd’hui, ce serait une hécatombe. Baisse des droits ouverts à la retraite lors de périodes de chômage comme des dizaines de milliers de personnes vont le vire (sans savoir pour combien de temps), de même qu’une baisse globale des pensions puisque 14 % du PIB aurait été alloué aux pensions de retraite. Pas besoin d’avoir fait de grandes écoles pour comprendre que 14 % d’un PIB qui s’effondre de 12 % comme cela va être le cas pour cette année, cela signifie une baisse généralisée des pensions à l’arrivée.
Pour tenir le cap de cette réforme malgré les remous de colère qui grondent encore et qui sont prêts à exploser à tout moment, Macron s’est bien entouré. Conscient qu’il lui fallait un allié de premier choix qui n’hésitera pas à foncer la tête la première pour venir à bout de son projet de réforme ; il profite du remaniement et du départ d’Edouard Philippe annoncé ce vendredi, pour rebattre ses cartes. Ainsi, nous apprenons vendredi matin qu’il choisit à ses côtés comme nouveau Premier Ministre, le sarkozyste Jean Castex, qui semble déterminé et dévoué pour accompagner Macron dans ses réformes les plus austéritaires. Lui-même a sur son CV quelques lignes qui en font un responsable de premier chef dans la casse de l’hôpital public, de-même qu’il était directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère du Travail quand se dessinait la réforme des retraites passée sous Sarkozy.
La bourgeoisie dans son ensemble, effrayée par le potentiel explosif des réactions à la crise, veut absolument réhabiliter le « dialogue social » pour contenir la combativité qui pourrait repartir à tout moment. D’ailleurs, quand on lui demande s’il se sent responsable de la colère des mobilisations de cet hiver, Macron répond : « J’ai ma part de maladresse. J’ai parfois considéré qu’il fallait aller vite sur certaines réformes. Cela ne peut marcher que par le dialogue. » Macron joue la carte du mea-culpa, et de l’empathie. Il affiche un visage de remise en question prêt à faire des concessions. Pourtant, les quelques concessions vaguement promises ne sont que des carottes pour attirer à la table des négociations et ravir les bureaucraties syndicales qui ne demandent en général pas beaucoup pour être satisfaites.
Et pour le coup, les directions syndicales n’ont pas tardé à faire connaître leur avis. Les dirigeants confédéraux FO, CGT et CFDT critiquent la volonté de Macron de remettre la réforme des retraites sur le devant de la scène.« Ce n’est pas vraiment le bon moment de remettre ce dossier sur la table », dit Yves Veyrier, le leader de FO. Comme s’il y avait un bon moment pour faire passer cette réforme de casse sociale. Les directions syndicales ne s’insurgent pas pour les bonnes raisons. Elles se positionnent contre, certes, mais seulement derrière l’argument de l’unité nationale et de la paix sociale qui ne sont agitées que par le gouvernement qui espère faire oublier ses responsabilités en période de crise. Selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, « tout le monde sait que cette réforme va donner lieu à des mobilisations. Est-ce qu’on veut repartir là-dedans ou est-ce qu’on calme le jeu ? ». La situation en est-elle à calmer le jeu alors que les attaques contre les conditions de travail, contre les salaires et contre les emplois pleuvent dans tous les secteurs d’activité ? Déjà, le 13 novembre 2019 alors que la perspective d’un mois de décembre historique se profilait, Martinez appelait à la grève avec une lance à incendie en indiquant au gouvernement sur Sud radio : « on peut éviter la grève du 5 décembre ». Pourtant il n’y a jamais rien eu à négocier sans retrait total de la réforme.
Dans le contexte social actuel, et aux vues des attaques multipliées qui attendent les travailleurs, les classes populaires et la jeunesse, il apparaît de plus en plus évident que toute forme de dialogue social ne peut être qu’un piège visant à nous faire payer la crise. C’est pourquoi il est vital de préparer une contre-offensive massive, en misant sur la convergence des différents mouvements de ces derniers mois, contre la politique de Macron. A ce titre, il est indispensable d’exiger que ces directions syndicales coupent toute forme de dialogue social, et proposent un plan de bataille à la hauteur des enjeux. A ce titre, la rentrée sociale de septembre se doit d’être chaude.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
La hache de guerre est déterrée. Entre 150 et 200 personnes se sont rassemblées, hier soir, devant la Bourse du travail, à l’appel de l’Union départementale CGT de la Haute-Garonne. Un "meeting" où les prises de paroles se sont enchaînées en guise de hors-d’œuvre avant un "grand rassemblement" prévu, jeudi 9 juillet, au rond-point Dewoitine à Blagnac. Les manifestants entendent se rendre jusqu’à l’aéroport Toulouse Blagnac et se mobiliser pour "sauver les 110 000 emplois directs" du secteur aéronautique durement éprouvé après l’annonce de 3 600 suppressions de postes chez Airbus à Toulouse.
"Où sont les profits ?"
Certes, la CGT n’est pas très représentative chez l’avionneur européen, mais la sidération est palpable chez ses délégués. "Où sont les 40 milliards d’euros de profit réalisés par Airbus ces dernières années ?" a questionné Patrice Thébault qui parle d’une "catastrophe" sur le plan social. Il pointe le "cynisme" de la direction d’Airbus "qui a organisé son plan social alors que les salariés étaient en chômage partiel".
Ironique, Véronique, déléguée CGT chez Air France, fait le parallèle "entre les 7 milliards d’euros d’aides de l’Etat et les 7 000 suppressions de postes en France". Du pain bénit pour Air France, relève la salariée, "qui rêvait de lowcostiser une partie de son activité". Les sous-traitants aéronautiques, nombreux en Occitanie et en France, disent également leur inquiétude.
Les salariés de Derichebourg Aeronautics Services, DSI, Ateliers de la Haute-Garonne et d’autres sociétés bataillent avec leur direction respective contre l’APC (accord de performance collective), qui remet à plat le statut des employés et les acquis sociaux. Mathieu, délégué syndical du groupe de génie électrique SNEF, compte mobiliser les troupes et "refuser cet APC qui nous fera perdre notre 13e mois et va supprimer la majoration des heures supplémentaires".
Robert Pollaert, employé chez Aubert-Duval, dit sa crainte de voir sombrer les "3 000 salariés de l’aéronautique en Ariège". "Encore une fois, Airbus a fait construire de nouvelles usines et ne respecte pas ses contrats", accuse-t-il. Les cabinets d’études sont aussi dans la nasse. "Ce qu’on voit arriver, c’est le pire du CDD et le pire du CDI, ce sera un contrat avec une période d’essai permanente", se désole Robert Amade.
Gérald Camier
Publié par FSC
Édouard Philippe a présenté ce matin sa démission. Pour le remplacer au poste de Premier Ministre, Jean Castex l'ex-conseiller de Sarkozy. Pour Macron qui annonçait jeudi vouloir relancer la réforme des retraites dès cet été, c'est sans surprise le choix d'un gouvernement de combat contre les travailleurs et les classes populaires.
Le nouveau Premier ministre Jean Castex et le président français Emmanuel Macron, à Créteil, le 9 janvier 2019. Pool via REUTERS / Ludovic Marin
C’est après le second tour des élections municipales qu’Édouard Philippe a présenté la démission de son gouvernement. Pourtant le Premier Ministre est bien l’un des seuls membre de la majorité présidentielle à en être sorti vainqueur en s’étant fait réélire à la mairie du Havre. En dehors de cela, la déroute annoncée pour le gouvernement a bien eu lieu. Entre l’abstention record et la déculottée dans les grandes villes comme Lyon ou Paris, La République En Marche a pris une claque. Logique, après trois ans de quinquennat Macron marquée par des attaques toutes plus anti-sociales les unes que les autres, combinées à l’autoritarisme croissant du gouvernement signe de son incapacité à imposer les réformes néo-libérales autrement que par la matraque.
Car le bilan du gouvernement d’Édouard Philippe c’est d’abord les ordonnances Macron qui permettent aujourd’hui au patronat d’imposer des Accords de Performance et de Compétitivité rétrogrades par le chantage à l’emploi. Une plus grande facilité pour les licenciements également que Macron a fustigé dans la presse en regrettant « la maladie française : la préférence pour le chômage ». Mais c’est aussi la casse du service public ferroviaire en 2018, et la casse de l’université publique avec la mise en place de Parcoursup et l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. De même, c’est ce gouvernement qui a baissé les APL de 5€ pour les jeunes pendant qu’il supprimait l’ISF, et qui a voulu faire payer la facture écologique aux classes populaires en augmentant les taxes sur le carburant. Autant de provocations et de signes de mépris qui ont participé au déclenchement du mouvement des Gilets Jaunes, lui-même réprimé à coups de LBD et de grenades lacrymogènes.
Sans oublier évidemment la réforme des retraites passée à coups de matraque et de 49.3, malgré l’opposition de la majorité de la population (plus de 60% contre la réforme, et plus de 70% contre l’usage du 49.3), ni la gestion catastrophique et répressive de la crise sanitaire qui a fait près de 30.000 morts en France et a participé à dévoiler les carences d’un système de santé public rendu exsangue par les classes dominantes. Une politique anti-sociale et autoritaire qui a donc abouti entre autres à déclencher deux des mouvements de contestation parmi les plus importants sous la Vème République, et n’a pas été sans incidence sur la majorité présidentielle qui s’est elle-même effritée au fil des échéances, avec le départ d’un certain nombre de marcheurs et la perte de la majorité absolue de LREM à l’Assemblée Nationale en mai dernier.
Ce n’est donc pas pour rien qu’après son départ de Matignon, Emmanuel Macron a confié à Édouard Philippe une nouvelle mission. Selon BFM TV l’ancien premier ministre a désormais pour tâche de travailler à reconstruire la majorité présidentielle pour 2022, c’est-à-dire « de serrer les rangs du Modem, d’Agir, des Radicaux, ainsi que d’une partie des Républicains mais aussi de la gauche derrière le chef de l’Etat ». Une unité dans les rangs présidentiels avec comme point d’équilibre le centre-droit du juppéiste Édouard Philippe, marquée par la perte d’une base sociale populaire pour la majorité présidentielle.
Pour un Président qui se rêve en Jupiter, il n’est pas évident de laisser la place à n Premier ministre. Mais Macron a très vite retenu la leçon quand le pays s’est mis à scander chaque samedi « Macron démission » : il y a besoin de fusibles à faire sauter pour ne pas sauter soi-même. Édouard Philippe a donc été mis plus en avant comme l’exécutant des grandes orientations décidées à l’Élysée. A l’instar de la réforme des retraites ou du déconfinement du 11 mai annoncé en grande pompe par le président pour pousser le gouvernement à improviser l’organisation de la reprise de l’activité économique à marche forcée, au détriment des risques sanitaires. Cependant autant la réélection du Premier Ministre au Havre et son assise à droite, que la nécessité de renouveler l’image écornée de la majorité présidentielle pour les deux prochaines années du quinquennat ont poussé Emmanuel Macron à remanier son gouvernement. A la fois pour anticiper l’ombre que pourrait lui faire Édouard Philippe en vue des élections de 2022, pour faire peau neuve et relancer les attaques anti-sociales. En effet, la crise sanitaire et économique aidant, Emmanuel Macron sait qu’il va devoir mettre les bouchées doubles pour donner des gages au grand patronat en menant l’offensive contre les droits des travailleurs et des classes populaires.
En effet, dans une interview donnée le 2 juillet et retranscrite par Le Parisien, il affirmait ainsi « il y a des plans sociaux et il y en aura ». Après avoir que son gouvernement ait annoncé qu’il faudrait « vivre avec le virus », le président de la République annonce qu’avec la crise économique, il faudra donc vivre avec les plans sociaux . Une manière de réaffirmer son objectif : faire payer la crise aux salariés et sauvegarder les profits du grand patronat. Il va falloir travailler plus, il va falloir payer la dette : la réforme des retraites et les attaques contre les autres branches de la sécu refont surface avant l’été.
Dans ce contexte la nomination de Jean Castex au poste de Premier Ministre est le moyen pour Emmanuel Macron de renouveler le visage de son gouvernement afin de se préparer à mener une nouvelle offensive anti-sociale. Un « couteau suisse » selon Franck Louvrier qui déclarait au moment de sa nomination au poste de « ministre du déconfinement » que « non seulement c’est un haut fonctionnaire qui connaît très bien l’administration, mais, avec son expérience d’élu local, il sait comment fonctionne concrètement le pays. Il a l’habitude de travailler avec tout le monde, à chaque niveau de l’État. Le genre de profil qui manque à la macronie. En cette période de crise, il en faudrait dix comme lui… »
Cet énarque, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy et maire LR de Prades, a d’abord été haut-fonctionnaire à la Cour des Comptes avant de devenir directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Solidarité et de la Cohésion sociale entre 2004 et 2006, mais aussi directeur de cabinet de Xavier Bertrand au ministère de la Santé entre 2005 et 2007, et au Travail l’année suivante. Mais l’un de ses plus grands faits d’armes reste certainement d’avoir été au cœur du processus législatif conduisant à la Loi Hôpital 2005, dont il a fait adopter le décret d’application et qui introduisait ouvertement la logique de rentabilité au sein de l’hôpital public avec notamment la tarification à l’acte et l’encadrement strict du budget des hôpitaux. Le tout en centralisant le pouvoir de décision dans les mains des directeurs administratifs des hôpitaux. Un moment charnière dans la casse du système de santé public, soumis aux lois du profit, qui n’a fait qu’empirer depuis. Et pour cause, au cours des six dernières années, ce sont 13631 lits d’hôpital qui ont été supprimés pour des questions de coût.
Mais on ne pourrait définir aussi rapidement cet homme qui n’est pas que celui qui a participé à détruire l’hôpital public et à remplacer Raymond Soubie pour conseiller Nicolas Sarkozy, en qualité de Secrétaire général adjoint de l’Élysée (2011-2012). C’est aussi un haut-fonctionnaire, cumulard notoire, qui profite gracieusement des différents mandats qu’il collectionne. Ainsi au sujet de sa dernière déclaration datant du 14 janvier 2020, L’Obs rendait compte en détail : « Président de l’Agence nationale du sport (depuis 2019), il est aussi le monsieur JO 2024 de l’exécutif en tant que délégué interministériel (depuis 2017) aux jeux Olympiques et Paralympiques et aux grands événements sportifs. Il a perçu, pour cette dernière fonction, une rémunération de 160 467 € net en 2019. Il faut ajouter ses émoluments de maire soit 22 044 € brut par an et 25 670 € brut annuel pour son mandat de conseiller départemental. Soit un total de plus de 200 000 € par an. »
On l’aura compris, avec Jean Castex la macronie s’assure de ménager son centre-droit, c’est-à-dire à peu près tout ce qui lui reste de base sociale et électorale après trois ans de quinquennat, tout en évitant de participer à construire un potentiel concurrent en vue des élections présidentielles de 2022 comme Édouard Philippe pouvait l’être. Ces dernières semaines, Macron laissait même faire dire dans la presse qu’il réfléchissait à supprimer la fonction de Premier ministre. S’il ne le supprime pas, il s’arroge les services d’un exécutant fiable qui ne sera pas trop remuant. Macron-Jupiter, même en mettant des gardes-fous veut gouverner seul.
Le monde d’après du "nouveau monde" macronien n’a donc rien à envier au monde d’avant, et ce remaniement ministériel acte la volonté de Macron de continuer à s’en prendre aux classes populaires. Après la nomination de Castex comme « ministre du déconfinement » pour organiser la reprise de l’activité économique à marche forcée et au mépris des risques sanitaire, la nomination au poste de Premier Ministre de ce haut-fonctionnaire familier des attaques contre la fonction publique et habitué à conseiller la droite dure incarnée par Nicolas Sarkozy s’inscrit dans la continuité des politiques néo-libérales et antisociales menée par Macron et le grand patronat pour faire payer la crise aux travailleurs. Macron insiste sur la cooptation des "partenaires sociaux", sur le dialogue social. Il n’y aura encore et toujours rien à trouver à négocier dans les mêmes bureaux et salons, de ces mêmes bureaucrates aux visages nouveaux. D’ores et déjà, il faut travailler à l’unité des rangs de notre classe pour faire face aux attaques qui continuent de tomber et engager la contre-offensive.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Le tribunal administratif de Montreuil a jugé l’État responsable dans la prescription de Dépakine aux femmes enceintes. À l’origine de malformations congénitales et de troubles neuro-développementaux, les risques élevés de ce médicament sur les foetus des femmes enceintes étaient connus du groupe Sanofi qui le commercialise, comme de l’État. Mais dans leur course aux profits, la santé importe peu.
Ce jeudi 2 juillet, l’État est reconnu responsable dans l’affaire Dépakine. Selon le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis), “ l’État a manqué à ses obligations de contrôle en ne prenant pas les mesures adaptées et engagé sa responsabilité. ” comme le rapporte La Depêche, puisqu’il n’a pas assuré “ l’information donnée aux praticiens et aux malades sur la dangerosité de ces médicaments lorsqu’ils sont donnés aux femmes enceintes. ” En conséquence, l’État est condamné à indemniser trois familles à des montants de 290 000 euros, 200 000 euros et 20 000 euros, selon l’âge des enfants concernés.
La justice a aussi déclaré que ces mêmes responsabilités étaient partagées par le laboratoire Sanofi et les médecins prescripteurs. En effet, c’est en septembre 2016 qu’une enquête est ouverte au sujet de la commercialisation de l’antiépileptique de référance Dépakine. Elle visait à établir s’il y avait eu “ tromperie sur les risques inhérents à l’utilisation du produit et les précautions à prendre ayant eu pour conséquence de rendre son utilisation dangereuse pour la santé de l’être humain ”, suivant Le Monde.
C’est la molécule valproate de sodium qui semble à l’origine du problème, commercialisée depuis 1967 sous la marque Dépakine par Sanofi, et utilisée pour répondre aux troubles bipolaires et à l’épilepsie. Lorsqu’elle est prise par une femme enceinte, le risque pour le foetus de développer des malformations congénitales et/ou des troubles neuro-développementaux est très élevé. Si ces conséquences sont connues depuis longtemps, un sondage de l’Agence nationale de sécurité du médicament datant de 2015 avait dévoilé que 62 % des femmes traitées par la Dépakine n’étaient pas ou peu informées sur les effets, et que 94 % n’avaient pas signé le formulaire d’accord de soins.
Selon différentes études, le nombre d’enfants handicapés à cause du valproate de sodium est estimé entre 15 000 et 30 000. La condamnation de l’État dans le cas de ces trois familles est une première, et montre la responsabilité partagée par l’État français et le groupe pharmaceutique Sanofi. Le groupe n’hésite aucunement à mettre en péril la santé des patients lorsqu’il s’agit d’éviter la baisse des profits, de la même manière qu’il n’hésite pas à détruire un millier d’emplois provoquant le suicide de certaines de ses employées. L’État, défenseur des intérêts capitalistes veille à ce que les profits augmentent au détriment de nos vies, et n’hésite à devenir complice lorsqu’il s’agit de fermer les yeux, comme dans le cas de l’affaire Dépakine.
La gestion catastrophique de la pandémie a montré dans quelle mesure la santé des travailleurs, des femmes et des migrants n’entre pas dans la liste des priorités gouvernamentales. Dans un monde d’exploitation et d’oppressions, la santé est un marché comme les autres où on n’hésite pas à mettre en péril des milliers de vies si cela permet d’augmenter les profits. L’industrie pharmaceutique ne devrait pas répondre aux intérêts capitalistes, mais aux intérêts des travailleurs et travailleuses, leur vie et bien-être.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
La vague des plans sociaux est là, et bien là ! En ce début de semaine, les projecteurs sont braqués sur NextRadioTV qui prévoit la suppression de plus de 300 postes et sur Nokia qui a annoncé 1233 emplois en moins ce lundi 22 juin. Pourtant, ces deux-là ne sont pas encore enregistrés dans les statistiques inquiétantes dévoilées mercredi 24 juin par la Dares. Pour la seule semaine de 15 au 21 juin, 35 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont été initiés pour un total de 9479 licenciements. Soit près de deux fois plus de PSE que la semaine précédente (19), et cinq fois plus d’emplois concernés (1963).
Si pendant la période de confinement, le nombre de PSE a nettement reculé – moins de 10 par semaine entre le 9 mars et le 22 mai, et même moins de 5 pendant plusieurs semaines – il a retrouvé depuis, et même dépassé, son niveau d’avant les premières mesures de restrictions d’activités (11 PSE la première semaine de mars). Le nombre d’emplois promis à la destruction s’est lui envolé : 677 la semaine du 2 mars, 1132 celle du 18 mai, 2506 la première de juin et 9479 cette semaine.
Sur l’ensemble de la période comprise entre début mars et mi-juin, 19 287 licenciements sont envisagés, contre 11 036 l’année précédente à la même période. Soit déjà une augmentation de 75 %.
Ce Mercredi 1er Juillet, des travailleurs de la restauration ferroviaire ont effectué un rassemblement pour exiger l'internalisation au sein de la SNCF.
Leurs conditions de travail sont très similaires à celles des contrôleurs, et pourtant les travailleurs de la restauration ferroviaire ne sont pas dans la même convention collective, ni dans la même entreprise. Retour sur un secteur qui a été touché de plein fouet avec la crise sanitaire du Covid-19, alors que l’activité de la restauration à bord des trains n’a toujours pas repris.
Pourtant c’est bien à un cas de dumping social auquel nous sommes en train d’assister. En effet avec la fusion prévue entre Thalys et Eurostar en 2021, c’est un nivellement vers le bas qui va être imposé aux travailleurs de la restauration ferroviaire.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Le gouvernement et le patronat tentent de faciliter l’acceptation des licenciements par l’utilisation de dispositifs made in Macron et d’une belle mise en scène. D’abord l’annonce est brutale : 5000 emplois supprimés chez Airbus en France ; ensuite un gouvernement qui se pose en sauveur, annonçant pouvoir finalement conserver 2000 emplois grâce à sa politique, qui a elle-même ouvert la voie à ces licenciements massifs.
Alors qu’Airbus vient d’annoncer la suppression de 5 000 emplois en France, Jean-Baptise Djebbari Ministre des transports et invité de Jean-Jacques Bourdin mercredi matin tente de tempérer les plans sociaux en assurant pouvoir sauver 2000 emplois en France grâce à des dispositifs made in Macron. Dans le même sens, le DRH d’Airbus se veut rassurant et valorise l’aide de l’État sur BFM TV le même jour.
Selon le ministre des transports, les 5000 licenciements qui vont être annoncés demain en France « ne tiennent pas compte des différents dispositifs d’État et des dispositifs d’entreprises. Si vous mettez en place l’activité partielle longue durée qui a été annoncé et qu’Airbus va évidemment utiliser, c’est 1500 emplois qui seraient sauvés. Nous investissons aussi massivement sur l’avion de demain, c’est 500 emplois qui vont être sauvés pour Airbus. Cela fait déjà 2000 emplois sauvés. Et après vous avez les dispositifs d’entreprises : le volontariat, les plans de départs volontaires, les congés formations, les mobilités à l’intérieur du groupe ».
Evidemment, en aucun cas ces dispositifs n’assurent la pérennité des emplois, d’autant que ce sont ces mêmes dispositifs mis en place par Macron et son gouvernement qui ont ouvert la voie aux licenciements, tout en renflouant les caisses du patronat. Les ordonnances Macron issus de la loi travail XXL ont permis de faciliter les licenciements par le dispositif de ruptures conventionnelles collectives (qui est un PSE déguisé et où les droits des salariés sont bafoués : fin du droit à un contrat de sécurisation professionnelle (CSP), des propositions de reclassement, des actions de formation et de soutien aux employés licenciés), mais aussi le plafonnement des indemnités prud’homales, la réduction du temps de recours aux prud’hommes en cas de licenciement, la fin de l’obligation pour l’employeur de motiver le licenciement ou encore la réduction de l’appréciation de la cause économique du licenciement.
Ces ordonnances ont aussi permis la mise en place du dispositif d’accords de performance collective (APC) qui permet lui aussi d’élargir les marges de manœuvre du patronat sur le dos des travailleurs et cela sans assurer l’emploi. A côté de cela le chômage partiel, et maintenant l’activité partielle de longue durée, financés par l’argent des contribuables, permettent au patronat de ne pas mettre la main à la poche et de prendre en charge l’activité partielle de leurs salariés. Or le gouvernement a choisi de ne pas interdire les licenciements dans le cadre du recours à ces mesures, laissant ouverte cette possibilité sous réserve d’accord majoritaire avec les syndicats.
L’État a également fait don, entre aides directes et prêts garanties, de 450 milliards aux entreprises, pour adoucir l’arrêt de l’économie, dont 20 milliards d’aides versé directement aux entreprises françaises dites « stratégiques » dont Airbus et plus récemment 15 milliards pour le secteur de l’aéronautique.
Cette mise en scène entre le gouvernement et le patronat permet de donner du grain à moudre aux syndicats et simuler des sauvetages d’emplois pour ainsi tenter d’éteindre les luttes des travailleurs. Comme cela a été le cas avec la direction de Derichbourg qui avait annoncé 700 licenciements sur les 1400 emplois et qui a finalement négocié un accord de performance collective, comme « moindre mal », où pour autant les salariés ont engagé une lutte exemplaire
« L’État est aux côtés d’Airbus et d’Air France » poursuit le Ministre des Transports, et il a raison, mais en aucun cas aux côtés de l’emploi et des travailleurs. C’est pourquoi nous avons intérêt à engager un combat uni contre les différentes attaques du gouvernement et du patronat et pour 0 licenciement et 0 perte de salaire en cette période de crise qu’ils souhaitent faire payer aux plus précaires, comme l’appuie le syndicaliste CGT aux ateliers de la Haute Garonne, Gaëtan Gracia :
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
La Prime Covid était une des promesses importantes du ministre de l’économie Bruno Lemaire et de la ministre du travail Muriel Pénicaud pour envoyer coûte que coûte les ouvriers, et souvent les secteurs les plus précarisés, au travail afin de maintenir les profits du patronat. Qu'est-il réellement advenu de cette promesse du gouvernement ?
Crédits : AFP - LIONEL BONAVENTURE
Alors que la France a été confinée plus de deux mois, il fallait pour le gouvernement, derrière les appels à rester chez soi, maintenir les ouvriers au maximum au travail. Selon un baromètre Odoxa, environ 20% des actifs étaient en télétravail et 25% ont dû continuer à travailler en présentiel. Les inégalités sociales se sont vues de manière forte durant le confinement, « alors que les cadres ont pu conserver leur travail et l’exercer confortablement en télétravail, les catégories populaires soit l’ont perdu, soit se trouvent contraintes de l’exercer en présentiel » souligne Odoxa. Bfm business a révélé que plus de 50% des ouvriers ont continué à travailler en présentiel.
La colère sociale est très vite montée dès le mois de mars dans de nombreux secteurs importants, comme la métallurgie, le BTP, l’agro-alimentaire, ou encore l’aéronautique. L’absence de protection, ou encore la volonté des patrons à maintenir une production non essentielle, dans une période où les soignants multipliaient les appels à rester chez soi, pour éviter la propagation du virus, a donné lieu à de nombreux débrayages, forçant le patronat à fermer les usines sous la contrainte des travailleurs en colère. Le gouvernement toujours inquiété par le spectre des « gilets jaunes » et après une période de lutte intense contre la réforme des retraites, a pris les devants sans attendre.
La prime dite « Macron » ou plutôt prime « gilet jaune » sorti du chapeau par Macron durant la période la plus subversive de ce mouvement, a été ressorti au cours de la crise sanitaire. Cette prime avait vu le jour en décembre 2018 afin d’éviter la jonction entre les gilets jaunes et les grands bastions du mouvement ouvriers, qui soutenaient ce mouvement hétérogène venu de cette France périurbaine de plus en plus paupérisée.
C’est donc en réutilisant cette mesure qui a participé à fragiliser le mouvement des gilets jaunes, que le gouvernement par la voix du ministre de l’Economie Bruno Lemaire, a relancé cette fameuse prime défiscalisée, « j’invite toutes les fédérations, toutes les entreprises qui ont un accord d’intéressement, notamment dans les secteurs vitaux, comme l’agroalimentaire ou la grande distribution, à verser une prime de 1000 euros qui est totalement défiscalisée ». Dans un premier temps à hauteur de 1000€, le ministre est allé jusqu’à doubler la somme quelques semaines après. 2000€ de prime pour celles et ceux qui continuent à travailler durant la crise sanitaire, « Il s’agit de récompenser les salariés au front qui tiennent leur poste de travail pendant cette période » expliquait Muriel Penicaud. Voilà de quoi donner de l’espoir à de nombreux travailleurs dans les secteurs essentiels comme la santé, les transports, la grande distribution ou encore la logistique.
Après les déclarations de façade du gouvernement pendant le confinement, les travailleurs des secteurs les plus engagés durant la période ont un sentiment amer, sinon de colère pour la plupart d’entre eux. Bien que pendant deux mois ils aient été applaudis sur tous les balcons de France, le secteur de la santé ne s’est jamais autant senti arnaqué, derrière les belles paroles et les médailles, le véritable changement ne pointe toujours pas le bout de son nez. Pourtant qui aurait cru qu’après cette période sans précédent depuis un siècle, le gouvernement d’Emmanuel Macron, snoberait aussi vite ceux qu’il qualifiait de « héros de la nation » hier. Ils étaient au front dès le départ, médecins, internes, soignants, agents d’entretien, agents techniques, plus de 12 00 contaminés par le Covid et de nombreux morts dans leurs rangs. Pourtant malgré les mobilisations importantes depuis la fin du confinement dans de nombreux hôpitaux, les hausses de salaire n’arrivent toujours pas et les primes sont données que partiellement.
On imagine bien vu le rôle qu’ont joué les soignants, que dans d’autres secteurs moins visibles, le patronat ne se donnerait même pas la peine de distribuer des primes. C’est le cas pour cette deuxième ligne comme l’a qualifié le président de la république, à savoir les transports, l’agroalimentaire, la logistique, la grande distribution ou encore le nettoyage, sans oublier de nombreux secteurs du privé et de la fonction publique comme l’Education Nationale.
Ce sont des millions de travailleurs pour beaucoup qui au démarrage ont pris des risques, parce que le patronat niait encore la gravité du Covid, ne faisant respecter ni geste barrière, ni règles sanitaires. Des centaines sont morts d’ailleurs des suites du Covid19, parfois sans pouvoir prouver s’il s’agissait d’un accident du travail, ou si ce dernier avait été contracté en dehors du lieu de travail. Le département français avec le plus fort taux de mortalité reste la Seine-Saint-Denis avec une composante importante de cette classe ouvrière qui a continué à travailler quand les patrons étaient confinés à domicile.
La casse du syndicalisme avec les ordonnances Macron de 2017 a permis à de nombreux patrons, de faire ce qu’ils voulaient pendant cette période, ne distribuant ni masque, ni gel pour les salariés. De la même manière on s’aperçoit à quel point le télétravail a été source de nombreuses arnaques financières, avec des patrons déclarant les salariés encore en chômage partiel malgré l’activité à domicile, ou encore refusant de dédommager les frais lié à ce télé-travail. Ce n’est pas anodin que sur seulement 3000 entreprises contrôlées par le ministère, un tiers de ces entreprises présentent des arnaques au chômage partiel, financé à plus de 70% par l’Unedic et donc par le contribuable. C’est dans ce cadre que le patronat a esquivé le versement de cette prime pour des milliers, sinon des millions de travailleurs.
Le gouvernement fait mine d’ignorer que les promesses n’ont pas été tenues, concernant cette prime, essayant de mettre en avant la crise économique qui s’intensifie. Pourtant les travailleurs refusent de payer la crise sanitaire et ils ont raison, les héros d’hier sont les oubliés d’aujourd’hui et le monde d’après ressemble bel et bien au monde d’hier. Les patrons récupèrent des milliards et les annoncent de licenciement se multiplient.
Même si le déconfinement a eu lieu depuis presque deux mois, il n’en demeure pas moins que de nombreux salariés qui ont souhaité témoigné sur Révolution Permanente, ont en travers de la gorge les promesses non tenues et pire encore pour certains qui, après les efforts fournis, se voient aujourd’hui menacés de perdre leur emploi.
C’est le cas par exemple de Samantha 19 ans qui a travaillé en CDD à l’hopital de Fontenay-Le-Comte en Vendée durant toute la période de confinement « mon travail consistait à nettoyer les locaux de l’hôpital et les chambres contaminés par la Covid », en première ligne pendant l’épidémie et dans un des métiers les plus dangereux pendant cette période, Samantha ressent « de la frustration et de l’incompréhension, car d’autres collègues en CDI l’ont touché, sauf ceux en CDD ».
De la même manière de nombreux travailleurs précaire dans la santé, en intérim ou CDD n’ont eu le droit à rien, ainsi que dans les entreprises sous traitante dans ce domaine. Dans de nombreux Ephad des milliers de salariés n’ont rien perçu, C. qui a souhaité témoigner anonymement déclare « Je suis étudiante en 3eme année de Médecine, j’étais aide soignante dans un Ephad Orpea, je n’ai reçu aucune prime, pire encore j’attends mon salaire ».
Dans de nombreuses entreprises parfois importante comme à la RATP, SNCF ou encore Transdev aucune prime n’a été donnée aux cheminots et traminots qui ont maintenu les transports durant tout le confinement, parfois les conducteurs comme à la RATP étaient menacé de sanction s’ils portaient un masque. Clément agent de maintenance au Technicentre de Châtillon « J’ai entretenue le matériel roulant tout le confinement, on a déjà fait grève en Novembre car nous sommes des salariés précaires, mais au final on a le droit à rien à la SNCF. ». Et que dire des agents du nettoyage en gare, parfois devant vider les poubelles à la main faute de livraison de sac poubelle suffisant, Fernande Bagou travailleuse du nettoyage expliquait « Nous n’avions même pas eu de masque, pas de gel, au départ, ensuite quand les transports étaient de moins en moins nombreux, je devais marché des kilomètres pour aller au travail, parce qu’il y’avait pas suffisamment de bus ». D. Machiniste à Transdev Vulaines-sur-Seine « Nous étions plus de 40 conducteurs à travailler non stop, ils ont promis des primes et à la fin rien. Bruno Lemaire a arnaqué les travailleurs qui ont pris des risques ».
Ce n’est pas mieux dans la grande distribution, avec par exemple les caissiers et caissières dont les patrons ont fait mine de découvrir l’importance de leur métier, alors qu’ils suppriment des emplois chaque année à tour de bras, préférant les caisses automatiques. Pourtant la crise sanitaire les a mis en lumière, certaines caissières expliquant même « pour la première fois on m’applaudissait au travail, alors que d’habitude on ne nous dit même pas bonjour ». Karim qui est chef de caisse dans un supermarché franchisé s’est vu lui remettre à la place de cette prime « un panier garnie avec une boite de foie gras et une bande dessinée ». Nous avons vu d’ailleurs dans ce secteur de nombreux jeunes étudiants, souvent salariés en caisse à temps partiel, faire grève comme à Auchan pour dénoncer le fait qu’ils soient exclus des primes sous prétexte de leur contrat précaire. De la même manière chez Casino ou encore Intermarché, Robin raconte « des primes ont été données en bon d’achat de 50 euros », Laura ajoute « Dans mon Intermarché pas de prime, juste des chocolats de Pâques invendus ». Ailleurs chez Monoprix, une salariée de plus de 20ans qui avait attrapé le Covid19 a expliqué « avoir attrapé le Covid19 m’a retiré 800€ de prime », pourtant après avoir travaillé jusqu’à tomber malade et finir en réanimation.
Nous pouvons également ajouter les témoignages de Omar chauffeur routier « on n’a pas arrêté durant le confinement au final rien », Kevin ascensoriste qui a travaillé durant le confinement « rien a changé pour nous, à part certains chantiers arrêtés, pour le reste on a continué ou encore les interventions pour dépannage d’ascenseur ou de gens bloqués, mais on a aucune prime ».
Bien sûr dans plusieurs secteurs des primes ont finalement été transmises, souvent dans la santé ou la grande distribution, malgré les critères excluants qui ont été appliqués. Cependant de manière globale les promesses de Bruno Lemaire n’ont pas été tenues par le patronat, dans une période où justement 56% des travailleurs en chômage partiel disent avoir perdu du salaire pendant la crise, et même lorsqu’ils ont travaillé, c’est le cas par exemple de Salim préparateur de commande dans la grande distribution « J’ai travaillé durant tout le confinement, je n’ai pas eu de prime, mais en plus de cela mon planning a beaucoup bougé durant la période, ce qui m’a fait perdre des horaires que je faisais avant le confinement, qui payées mieux ».
Ces témoignages que nous avons recueilli de nombreux salariés dans différents secteurs, montrent à quel point ont été révélés les antagonismes de classe et le mépris, une fois de plus, des salariés par le patronat et le gouvernement. L’absence de cette prime Covid ou l’attente encore de son versement, est présente dans les esprits à l’heure où à certains endroits les plans sociaux tombent, demandant une fois de plus aux travailleurs de se sacrifier pour la "survie" des entreprises, et où à d’autres endroits encore les promesses (insuffisantes) de primes et d’augmentations salariales, comme dans les services publics, s’assortissent d’un rallongement du temps de travail et d’une poursuite de la privatisation. Toutes ces inégalités, violences humaines, économiques et sociales, générées par la gestion capitaliste de la crise par le gouvernement ne tarderont pas à lui revenir comme un boomerang dans la période qui s’ouvre.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE
La commission d'enquête parlementaire a auditionné Agnès Buzyn qui, selon elle, aurait eu une attitude irréprochable dans la gestion de la crise sanitaire avant son départ pour sa "conquête" de la mairie de Paris. Son discours d'autosatisfaction sans aucune reconnaissance des retards et des erreurs commises est lamentable. Après les omissions qui s'apparentent à des mensonges du directeur général de la santé devant cette même commission, nous pouvons nous interroger sur les résultats de cette enquête.
En effet, tous les responsables nous expliquent qu'ils ont été irréprochables et que l'hôpital aurait tenu bon.
Je m'inscris en faux contre cette affirmation. Non l'hôpital n'a pas tenu. Nous avons manqué de moyens, notamment de lits de réanimation, ce qui a entraîné une surmortalité qui aurait pu être éviter. A cela s'ajoute l'abandon des EHPAD en début de crise avec la catastrophe que l'on connaît.
Non, le gouvernement et l'administration du ministère de la santé portent une lourde responsabilité qu'ils ne veulent pas reconnaître, ce qui est scandaleux. En effet, comment espérer dans ces conditions les corrections nécessaires pour que de tels manquements ne se reproduisent pas.
Le refus d'Olivier Véran de proposer des réponses à la hauteur des revendications des hospitaliers est une confirmation de cette attitude de déni face à la gravité des faits.
Nous ne pourrons pas tolérer encore très longtemps cette situation.
Docteur Christophe Prudhomme
Praticien hospitalier
SAMU 93
Publié par FSC
Rebelote et dix de der pour Olivier Masini, secrétaire général de l’Union départementale CGT du Var. Après avoir été convoqué en décembre suite à une opération péage gratuit au Capitou à Fréjus dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites du gouvernement, c’est cette fois-ci pour une autre action, à Bandol, toujours en décembre, que le responsable syndical doit être entendu ce jeudi à 10h par la brigade autoroutière de CRS.
Olivier Masini avait déjà écopé d’un PV pour non-respect du code routier. Il avait également été prévenu que Vinci-Autoroute pouvait porter plainte pour manque à gagner et perte d’exploitation. C’est visiblement chose faite puisqu’il est auditionné jeudi. « C’était une intersyndicale, précise Olivier Masini. C’est curieux de voir que seule la CGT est convoquée ». Le syndicat appelle à un rassemblement à 10h devant la brigade autoroutière.
« Une attaque de la parole syndicale »
Le secrétaire général de l’UD CGT 83 dénonce une « véritable attaque au mouvement social. » Il rappelle que ce mouvement a été inédit et que le gouvernement commençait à revenir sur ses positions avant le confinement.
« Ce n’est que de l’intimidation, on est face à de la répression syndicale pour essayer de faire taire toute contestation, proteste-t-il, on ne le rappellera jamais assez : il n’y a pas de conquête sociale sans liberté syndicale ». Il maintient qu’il y a une volonté de réduire les syndicats au silence : « Mais ce n’est pas ça qui fera taire la parole syndicale, loin de là ».
Publié par FSC
501542
Se syndiquer CGT ?
Certains diront « à être défendu », d’autres « à lutter tous ensemble ». En fait, les deux idées sont inséparables. Le syndicat sert à s’unir, à s’organiser et à agir collectivement pour se défendre dans la lutte des classes et conquérir de nouveaux droits.
Le syndicat d’entreprise est la base du syndicalisme, car situé au plus près du salarié. Il fonctionne avec les syndiqués qui proposent, orientent et décident de l’activité.
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Hébergé par Overblog