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Taux de chômage en hausse : encore une fois, ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise
Un rapport publié ce mercredi par l’INSEE relève une hausse du taux de chômage officiel, s’établissant à 7,4 % pour le 3e trimestre 2023. Alors que l’inflation se maintient et que la pauvreté et la précarité se renforcent en France, le monde du travail doit refuser de payer la crise.
Selon l’INSEE, le taux de chômage repart à la hausse pour le 3e trimestre 2023, pour atteindre les 7,4 %. Il concernerait ainsi 64 000 personnes supplémentaires, pour toucher au total 2,3 millions de personnes. Une progression qui pourrait se poursuivre, dans un contexte de ralentissement de l’économie mondiale et française, et qui, pour le monde du travail, s’ajoute aux plaies de l’inflation et d’une pauvreté elle aussi en hausse.
Une hausse du chômage malgré des statistiques maquillées
Avec 0,2 points supplémentaires, l’augmentation du taux de chômage pourrait sembler anecdotique. Elle révèle toutefois des tendances de fond, d’autant plus que le nombre de chômeurs en France est sous-évalué, en raison du mode de calcul, qui exclut notamment les personnes radiées par Pôle Emploi – et qui sont toujours sans emploi. Selon Le Monde, la forte baisse du nombre de demandeurs d’emploi enregistrée pour la fin de l’année 2022 résidait ainsi « dans le nombre exceptionnellement élevé de radiations administratives enregistrées par Pôle emploi », avec 58 100 personnes supprimées des listes. Pour faire baisser artificiellement les chiffres du chômage, le gouvernement, tout en faisant passer en force sa réforme de l’assurance chômage, qui réduit la durée d’indemnisation de 25 %, a ainsi multiplié les contrôles, qui ont de leur côté, augmenté… de 25 %.
Le retour du chômage à la hausse est ainsi un nouveau caillou dans la chaussure du gouvernement, qui utilise l’argument du retour au « plein emploi » - c’est-à-dire un taux de chômage à 5 % - d’ici la fin du quinquennat pour défendre ses politiques antisociales, au premier rang desquelles les réformes de l’assurance chômage et des retraites. Si, pour l’instant, le ministre du Travail se veut rassurant, et déclare que « si l’emploi connaît une pause ce trimestre », les tensions de recrutement « restent vives dans l’économie », la tendance à la hausse a de fortes chances de s’accentuer dans les prochains mois. C’est ce que souligne Matthieu Plane, économiste au sein de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), cité dans La Tribune, et pour lequel commence « une phase de début d’inversion de la courbe du chômage dans le mauvais sens » en raison du ralentissement de l’économie mondiale.
Un indicateur de plus qui marque la précarisation et l’appauvrissement du monde du travail
L’augmentation des chiffres du chômage est un indicateur de plus des impacts des différentes crises sur les travailleuses et travailleurs, et en particulier les plus précaires. Alors que la France est aujourd’hui en tête de l’inflation en ce qui concerne les produits alimentaires, avec une augmentation des prix cumulées de 17,9% entre janvier 2022 et août 2023, les privations atteignent des niveaux records. Selon le dernier baromètre publié par le Secours Populaire, une personne sur trois n’est aujourd’hui plus en capacité de faire trois repas par jours, tandis qu’un autre rapport de l’INSEE, publié au lendemain de celui sur le chômage, confirme l’augmentation de la pauvreté et des inégalités en France. En 2021, le taux de pauvreté a ainsi augmenté de 0,9 point, passant de 13,6 % à 14,5 %, touchant plus particulièrement les familles nombreuses et les chômeurs, et la pauvreté a gagné en intensité. A l’inverse, le niveau de vie des plus aisés a lui aussi augmenté.
Face au chômage, lutter pour le partage du temps de travail entre toutes et tous !
Tandis que l’inflation plonge de très nombreuses familles dans des situations de grande précarité, le gouvernement n’a fait que multiplier les attaques contre le monde du travail. La réforme des retraites impose à ceux qui ont un emploi de travailler plus et plus longtemps, alors même que plus de 2 millions de personnes et plus de 18 % des jeunes sont au chômage. Les réformes du RSA et du lycée professionnel, quant à elles, offrent désormais une main d’œuvre toujours plus façonnée aux besoins du patronat. La casse de l’assurance chômage constitue une offensive supplémentaire pour diviser toujours plus les travailleurs, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas. Elle en constitue une attaque de plus, qui vise non seulement les chômeurs mais l’ensemble du monde du travail.
Face à une telle offensive, et alors que le chômage augmente, les directions syndicales de la CFDT, de la CFTC et de Force Ouvrière ont signé avec le MEDEF pour baisser l’indemnisation des chômeurs et faire de nouveaux cadeaux au patronat, dont les profits atteignent déjà des records. Un accord scandaleux, qui acte la régression sociale. Contre cette logique, nous devons imposer un véritable plan de lutte, et porter des revendications à même de mettre véritablement fin au chômage : le retrait des contre-réformes des retraites, du RSA, et du lycée professionnel, mais aussi de toutes les contre-réformes racistes et sécuritaires qui divisent et encourage la concurrence entre les travailleurs, ainsi qu’une partage du temps de travail entre toutes et tous les travailleurs, et une augmentations des salaires, des retraites et des pensions pour toutes et tous. Une politique qui ne pourra être menée qu’en rompant le « dialogue social » pour s’attaquer frontalement au grand patronat et à ses faramineux profits.
Publié par REVOLUTION PERMANENTE