C'est peu dire qu'Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité n'ont rien vu venir et n'ont toujours pas compris la profondeur de la crise sociale qui n'est pas née avec les gilets jaunes, mais dont ces derniers sont une expression.
Emmanuel Macron est le premier responsable de la violence à laquelle on a assisté ce week-end. À la souffrance sociale qui s'exprime au travers d'une multitude de revendications, Macron n'a pour l'heure opposé qu'un déploiement de forces de l'ordre et des réponses hors-sol comme cette taxe flottante à laquelle personne ne comprend rien, pas même son premier ministre qui s'est révélé incapable de l'expliquer. Il faut beaucoup de cynisme ou d'inconscience après les semaines que vit notre pays pour oser retourner la lorgnette et ne regarder que le prix du litre de gazole en espérant calmer la colère.
Il faut beaucoup d'aveuglement et d'irresponsabilité pour réduire ce mouvement social aux seules dégradations commises à Paris. Ce qui s'exprime va bien au-delà de la taxe carbone.
Alors que notre pays est dans le top 3 du versement des dividendes aux actionnaires, les Français ne supportent plus de ne pouvoir vivre de leur travail, de leur pension de retraite, de ne pas voir leur qualification, leurs compétences reconnues. La question centrale et urgente qui est posée, c'est celle de la redistribution des richesses créées par le travail aux salariés, jeunes, privés d’emploi et retraités.
Et c'est bien parce que cette question est centrale que le Medef est muet depuis des semaines. Comme aux abonnés absents au plus fort d'une crise sociale qu'il a amplifié par ses revendications.
À cette crise, il faut apporter des réponses. Nous avons besoin d'augmenter les salaires, les minima sociaux, le point d'indice des fonctionnaires, les pensions. Nous avons besoin que les qualifications, les responsabilités soient reconnues. Il faut aussi rendre effective l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Il faut améliorer les conditions de travail, notamment en embauchant et en réduisant la durée du travail pour travailler tous, mieux. Il faut aussi réformer en profondeur la fiscalité pour plus de justice et d'efficacité économique. Il y a urgence...
Mercredi 5 décembre, les anciens travailleurs de Marsavco, la filiale d'Unilever, ont organisé une marche pacifique jusqu'à la primature. Ils réclament le solde du décompte final après leur licenciement massif et abusif en 2001. Ils ont été reçus par un conseiller du Premier ministre. Les discussions ont duré environ une heure et devront reprendre ce jeudi.
Les manifestants ont affirmé leur détermination d'aller jusqu'au bout. « Après 17 ans, nous avons compris que nous ne pouvons plus continuer à espérer quoi que ce soit, s’indigne l'ingénieur Jean-Marie Lokoto, président du Comité de coordination des anciens travailleurs de Marsavco, la filiale congolaise d'Unilever. Eh bien, nous nous assumons et nous continuons, à partir d’aujourd’hui, de manifestations pacifiques jusqu’au jour où nous serons payés. »
Qui empêche une décision judiciaire ?
Ces anciens travailleurs de Marsavco accusent certains membres du gouvernement d'empêcher les repreneurs de l'entreprise d'exécuter une décision judiciaire qui date de plus de dix ans.
Le président du Comité de coordination des travailleurs parle de plus de 20 millions de dollars, solde sur décompte final que doit débourser la filiale d'Unilever en faveur des victimes de la rupture abusive de contrat intervenue en 2001.
Plus de 150 agents de Marsavco déjà morts
Ils étaient près de 900 agents de Marsavco à cette époque. Plus de 150 d'entre eux sont décédés depuis. Et tous les Premiers ministres qui se sont succédé ont ordonné l'exécution de la décision judiciaire pour octroyer à ces travailleurs licenciés le solde du décompte final, mais rien n'a été fait jusqu'à présent.
Adoptée en lecture définitive hier par les députés, la transformation du CICE en allégement de cotisations sociales apparaît comme un nouveau signe d’une politique aux antipodes des exigences des gilets jaunes.
Complètement à rebours des revendications sociales qui montent dans le pays depuis quelques semaines, l’Assemblée nationale entérinait, hier, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, dont le contenu ne fait que confirmer l’orientation austéritaire et pro-patronale poursuivie par le gouvernement. À côté des restrictions posées aux budgets des hôpitaux, la majorité LaREM ne bouge pas d’un cheveu sur sa politique de cadeaux aux grandes entreprises en adoptant en lecture définitive le versement de 20 milliards d’euros de CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et de CITS (crédit d’impôt sur la taxe sur les salaires) au titre de l’année 2018, mais également la transformation de ces avantages en allégements pérennes de cotisations patronales d’assurance maladie de 6 points pour les rémunérations allant jusqu’à 2,5 Smic au 1er janvier 2019. Puis dans un second temps, à compter du 1er octobre 2019, un allégement supplémentaire de 4 points imputés sur l’assurance chômage et les retraites complémentaires pour les salaires au niveau du Smic et de manière dégressive jusqu’à 1,6 Smic. Une facture salée pour les caisses de l’État et disproportionnée par rapport aux effets de ce dispositif observés sur l’emploi. « La transformation du CICE en réductions de cotisations sociales se traduit en 2019 par un quasi-doublement du coût budgétaire, avec, d’un côté, la créance de CICE au titre des années précédentes et, de l’autre, la dépense fiscale due à la réduction des cotisations sociales équivalentes pour les salaires de 2019 », soulignaient, en octobre, des économistes de l’Institut des politiques publiques (IPP), chiffrant par ailleurs à 0,8 point de PIB l’impact d’une telle mesure sur le déficit public. La transformation de cette aide en allégement de cotisation devrait, par ailleurs, bénéficier aux secteurs intensifs en main-d’œuvre peu qualifiée comme l’hôtellerie et la restauration, les services administratifs ou encore la santé et l’action sociale, d’après l’IPP.
Créé fin 2012 par le gouvernement de François Hollande pour « alléger le coût du travail » et relancer la création d’emplois, le CICE n’a eu de cesse de monter en puissance, passant de 4 % à 6 % de la masse salariale en 2014, sans pourtant jamais faire la preuve de son efficacité macroéconomique. « Les évaluations de l’impact du CICE ont été plutôt mitigées, avec des effets positifs sur les marges des entreprises, mais des effets modestes sur l’emploi, et quasi nuls sur l’investissement », rappelait l’IPP. Vu son mode de calcul, le dispositif a essentiellement profité aux grands groupes. Chez Carrefour, premier employeur privé de France, la CGT estime à 744 millions d’euros le montant du CICE versé ces cinq dernières années au poids lourd de la grande distribution. La Poste et la SNCF touchent chacune environ 300 millions d’euros annuels au titre de ce cadeau fiscal. Le groupe Banque Populaire – Caisse d’Épargne en tire, de son côté, environ 100 millions d’euros par an. Mais plutôt que d’utiliser cette manne pour créer des emplois, ces groupes ont en grande partie favorisé la restauration de leurs marges et le gonflement de leurs bénéfices. Un pur « effet d’aubaine », pour la CGT.
Ironie cruelle de l’affaire, à l’heure où les taxes sur les carburants augmentent pour le commun des consommateurs au nom de la transition écologique, c’est justement ces recettes issues de la fiscalité écologique qui seront censées compenser en partie les trous budgétaires laissés par la transformation du CICE en baisse de cotisations. De quoi jeter encore de l’huile sur le feu.
Agenouillés mains derrière la tête, en rang : l'arrestation filmée de dizaines de lycéens à Mantes-la-Jolie a déclenché un tollé sur la toile, certains politiques jugeant la scène «insoutenable». La journée de mobilisation a été émaillée d'incidents.
Mains derrière la tête, collés au mur pour certains, en rang et entouré de nombreux policiers : des dizaines de lycéens ont été arrêtés à Mantes-la-Jolie ce 6 décembre, jour d'une mobilisation étudiante émaillée de violents incidents en France. Les images de cette interpellation pour «participation à un attroupement armé» ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, cumulant des centaines de milliers de vues.
Plusieurs commentateurs se sont dit choqués par la scène, estimant notamment, à l'instar de l'ex-insoumis Djordje Kuzmanovic : «Les 145 lycéens arrêtés de Mantes-la-Jolie sont traités comme s'ils allaient être exécutés. Macron pète les plombs !»
Les 145 lycéens arrêtés de Mantes-la-Jolie sont traités comme s'ils allaient être exécutés
Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a pour sa part évoqué des «images insoutenables», alors que l'écologiste Cécile Duflot a jugé la scène «simplement intolérable».
Pour la seule journée du 6 décembre, plus de 700 lycéens ont été interpellés en France le 6 décembre. La mobilisation a été marquée une nouvelle fois par des incidents parfois violents, avec notamment des jets de projectiles, de cocktails Molotov, ou encore des incendies de voitures. Près de 280 établissements scolaires ont été perturbés, dont 45 ont été bloqués.
A Mantes-la-Jolie en particulier, deux voitures avaient été incendiées durant la nuit à proximité du lycée Saint-Exupéry. Des heurts avaient éclaté avec la police. Le commissaire de la ville, a expliqué vouloir «interrompre un processus incontrôlé».
Où va l’argent ? En 2018, Bernard Arnault est plus riche de 25.5 milliards d’euros
Au moment où la mobilisation des gilets jaunes dénonce les inégalités sociales, le patron du groupe LVMH, Bernard Arnault voit sa fortune, évaluée à 73,2 milliards d'euros en 2018, augmenter de 25,5 milliards en une année. Bernard Arnault est la première fortune de France et d'Europe et la 4e fortune mondiale selon le magazine Forbes.
En janvier 2015, une étude de l’Oxfam révélait que 62 personnes possèdent à elles seules les mêmes richesses que 3,5 milliards de personnes. Le constat est clair : « La crise mondiale des inégalités atteint de nouveaux sommets. Les 1% les plus riches possèdent désormais davantage que les 99% restants. Ils font usage de leur pouvoir et de leurs privilèges pour biaiser le modèle économique et creuser le fossé qui existe entre eux et le reste de la population. Un réseau mondial de paradis fiscaux a permis aux plus riches de cacher quelque 7 600 milliards de dollars. La lutte contre la pauvreté est vaine si la crise des inégalités n’est pas résolue. ».
Macron, l’ami des patrons !
Aujourd’hui la situation s’empire, les inégalités augmentent. Le 1% le plus riche est sorti encore plus riche de la crise économique mondiale de 2008. Le grand patronat reçoit de nombreux cadeaux alors les travailleurs se sont appauvris et les services publics n’ont cessé de souffrir de coupes budgétaires et de l’austérité. Le gouvernement Macron est particulièrement généreux avec ses amis. On peut citer les mesures emblématiques comme la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) ou encore la baisse des cotisations patronales. C’est aussi la loi travail qui permet entre autres une plus grande souplesse aux patrons pour licencier facilement et moins cher : plafonnement d’indemnités de licenciements abusifs, destruction de la représentativité syndicale. On pense aussi « au droit à l’erreur » face à l’administration. Pour être clair, les grandes fortunes peuvent désormais frauder le fisc en toute légalité.
Bernard Arnault et l’ensemble du CAC40 sont les meilleurs amis de ceux qui nous gouvernent : ils étudient ensemble, ils dînent ensemble, ils jouissent ensemble de leurs privilèges et s’offrent mutuellement des cadeaux.
Les inégalités se creusent !
Possédant les mêmes intérêts, les chiffres scandaleux dans un pays comme la France qui compte 8 millions de pauvres, 14 millions de mal logés, 6,5 millions de chômeurs. Bernard Arnault et ses amis du CAC 40 ne connaissent pas la crise. A l’aide des élites au pouvoir, ils entendent faire payer « leur crise » aux travailleurs : augmentation chômage, des attaques aux droits du travail, des coupes budgétaires dans l’éducation, la santé et les services sociaux, ou directement par l’appauvrissement extrême.
Il faudrait donc 3,4 millions d’années à un smicard pour amasser la fortune d’Arnault… sans compter toutes les dépenses ! Une telle fortune ne peut être construite que sur le vol. Il s’agit du vol des fruits de la production réalisée par des millions de travailleurs et travailleuses.
Nos vies valent plus que leurs profits !
La mobilisation des gilets jaunes qui a démarré contre une énième hausse fiscale touchant ceux d’en bas fait tomber le masque et met en lumière les inégalités colossales inhérentes à ce système. Cette semaine, le fait qu’une députée LREM ne connaissait pas le montant du SMIC en dit long sur la déconnexion totale des gouvernants amis des patrons. En France, une personne sur sept vit sous le seuil de pauvreté, tandis que d’autres se gavent de profits.
« Macron démission » est le slogan qui rassemble les gilets jaunes et permet d’agréger autour d’eux de plus en plus de secteurs. Les revendications s’élargissent. Elles sont sociales, économiques mais aussi démocratiques. Mais pour dégager définitivement Macron, il faut dégager son monde pour construire une autre société sans aucune forme d’exploitation ni d’oppression.
Alors que le mouvement des « gilets jaunes » prend de l’ampleur et se radicalise en France, son influence commence à se répandre au reste de l’Europe. Aux Pays-Bas, en Belgique ou en Bulgarie, la colère contre les politiques au service des plus riches se propage sous la forme des « gilets jaunes ».
La méfiance et la désaffection des travailleurs et des classes populaires vis-à-vis des partis traditionnels, de plus en plus perçus comme des agents des intérêts des classes dominantes, était à la base de l’effondrement du bipartisme qu’il a eu lieu partout l’Europe. Ce phénomène de désaffection dans des larges couches de la société, loin d’être un phénomène politique parmi d’autres, ouvrait la voie à une polarisation politique, notamment avec la montée des partis populistes et d’extrême droite. Dans cette tendance, le soulèvement des gilets jaunes est en quelques sorte une exception remettant à l’inverse la question de la mobilisation de masse et la question sociale au centre du jeu. Refusant de « décider pour un certain nombre d’années quel membre de la classe dirigeante écrasera le peuple au parlement », comme disait Lénine, le peuple trouve d’autres voies politiques pour résoudre leurs problèmes : bloquer le pays, manifester massivement et affronter les flics - « la colonne vertébrale » garantissant les intérêts des classes dominantes- , exiger la dissolution du sénat, mettre en question la Vème République, etc.
Si l’irruption spontané des masses sur la scène politique prend des formes beaucoup plus massives en France, la propagation de phénomène des « gilets jaunes » au reste de l’Europe n’est pas un fait de simple émulation mais le signe que les bases qui mobilisent les « gilets jaunes », la politiques au service des classes dominantes à laquelle s’opposent, n’est pas un fait ponctuel et limité en France, mais un phénomène général qui dépassent l’hexagone.
Dans plusieurs capitales européennes – Bruxelles, Amsterdam et Sofia – « la colère jaune » commence à se répandre autant sous la forme du gilet jaune que sous la forme des revendications et des méthodes d’action propres à ce mouvement.
Ce vendredi dernier, plus de 300 « gilets jaunes » manifestaient en Belgique contre « le carnage social » et pour la démission du premier ministre Charles Michel. Comme en France l’appel à manifester a été lance via les réseaux sociaux. En scandant « le peuple c’est nous, Charles Michel tu es fini » les manifestants se dirigeant vers les institutions européennes installées en Bruxelles où ils ont été réprimées par des canons à eus sous le prétexte préféré du gouvernement et de ses flics : les casseurs. De même, depuis le 16 novembre, de nombreux blocages de routes et des dépôts de carburant ont été organisés tout à la longue du pays, ce qui a fini pour entrainer la pénurie de carburant dans plusieurs stations de service.
Du côté des Pays-Bas, ce samedi, plusieurs centaines de gilets jaunes se sont manifesté devant le parlement à la Haye contre la vie chère et la difficulté à boucler leur fin de mois. Au même moment, un groupe d’une cinquantaine de « gilets jaunes » bloquait l’autoroute A2. Même si la mobilisation reste encore initiale, celle-là commence à prendre de l’ampleur comme en témoigne le nombre d’adhérents sur la page facebook : avant la manifestation du samedi ils étaient 2000, ce lundi déjà 12000.
En Bulgarie, le pays les plus pauvres de l’Union Européenne, depuis le 19 novembre, plusieurs milliers de personnes, parmi lesquelles beaucoup avec des gilets jaunes, bloquaient les principaux axes routiers et les postes-frontières avec la Turquie et la Grèce pour protester contre l’augmentation du prix du carburant. Depuis lors, de centaines de manifestants s’organisent pour bloquer la circulation à la capitale du Pays, Sofia.
Le cas Allemand est particulier. L’extrême droite cherche à capitaliser sur le raz-bol généralisé et a cru trouver une bonne manière de le faire en s’habillant avec le gilet jaune et tentant de détourner la colère populaire contre les migrants. Ce samedi, plusieurs organisations d’extrême-droite, parmi lesquelles Pegida, a appelé à manifester devant la Porte de Brandebourg contre la mesure approuvée la vielle par le Bundestag : le pacte des Nations Unies « pour des migrations sures ordonnés et régulières ». Comme l’exprimait un manifestant interviewé, il s’agit de « finir avec les politiques inconséquentes qui donnent tous les droits aux étrangers alors que les européens de souche sont traités comme des citoyens de seconde ».
La manœuvre de l’extrême droite est simple, alors que les travailleurs et les classes populaires se révoltent contre la vie précaire qui lui imposent les classes dominantes par le biais de la caste politicien et les institutions d’Etat, l’extrême droit cherche à sauver ces derniers en détournant la colère vers les migrants.
… Des Champs Elysées à Paris aux villes et aux campagnes de France
La mobilisation des gilets jaunes samedi 1er décembre marque un tournant dans la situation politique du pays. Avec persévérance, voire obstination, sur tout le territoire national, des dizaines et des dizaines de milliers de travailleurs, salariés, retraités ou jeunes se sont rassemblés, ont tenu les barrages, occupé les ronds-points, ont manifesté. Comme les samedis et les semaines précédentes, c’est la France du NON au référendum de 2005, la France opposée à Maastricht en 1992, qui relève la tête et fait entendre sa voix. Comme il avait déjà tenté de le faire la semaine précédente, le gouvernement a voulu réduire ces mobilisations à des affrontements qui ont eu lieu entre manifestants et forces de police à Paris, mais aussi à Toulouse, à Marseille, Nantes, Saint-Nazaire, Strasbourg… C’est ne rien comprendre, ou plus exactement ne rien sembler comprendre.
Ces affrontements bien réels ont émaillé toute la journée du samedi. Ils expriment une colère grandissante qui confine à la rage contre le gouvernement qui refuse de reconnaître l’existence de millions et millions de français qui n’en peuvent plus, et qui pour seule réponse affiche orgueil, morgue, mépris, à l’image du Président de la République qui bat tous les records de détestation.
Le pourrissement que joue le pouvoir, dans sa surdité à la France réelle, est la principale source de violence qui met en lumière l’incapacité et la responsabilité directe du ministre de l’intérieur pour les troubles connus notamment dans la capitale.
De son QG d’où les rues de paris sont observables par caméras interposées, il annonçait la présence de 5000 policiers sur le terrain, soit selon ses propres chiffres 1 policier par manifestant. Et ses propres troupes auraient été débordées ? Castaner incompétent, menteur ou les deux à la fois ?
L’arc de triomphe dévasté… Mais comment le ministre a-t-il pu décider de laisser ouvert le monument situé au centre de la manifestation ? Provocation, recherche « d’images fortes » destinées aux chaines « d’info en continu » pour enrayer la lame de fond qui peut tout emporter ?
Qu’il s’agisse d’incompétence, d’erreurs, de volonté délibérée, le ministre de l’intérieur est responsable politique de la situation sur le terrain et devrait être démissionné de ses fonctions.
La crise politique qui a franchi un pas supplémentaire et qui approche du point de rupture s’est illustrée dans la visite de Macron avenue Kléber ce 2 décembre, au lendemain des manifestations.
Comme en 1968, le général De Gaulle entrant de l’étranger et s’exclamant à la vue des arbres coupés par « les katangais de la Sorbonne » boulevard Saint Germain, « même les allemands n’avaient pas laissé Paris dans cet état », voilà Macron devant les devantures des restaurants dont les vitrines ont été brisées et devant quelques véhicules calcinés, jouant mal, l’air faussement stupéfait et horrifié.
Communiqué de l'UD CGT 13 après le meurtre d'une personne âgée dues à l’explosion d’une grenade lacrymogène et suite aux violences policières contre les lycéen.ne.s hier.
Les dernières semaines ont été marquées par de fortes mobilisations partout en France. Au niveau départemental, la contestation s’organise également dans de nombreux endroits. La journée de samedi 1er décembre a vu plusieurs manifestations converger sur le Vieux Port, de plus depuis vendredi des milliers de lycéens sont mobilisés sur leur lycée.
Face à cette colère, la seule réponse du gouvernement est la répression et la violence policière. Depuis vendredi de nombreux blessés sont à dénombrer ; Samedi l’usage de la force s’est fait notamment face à des familles et des personnes âgées.
Aujourd’hui de nombreux lycéens ont été blessés, dont un grièvement brûlé au 3e degré.
De plus nous venons d’apprendre qu’une personne âgée résidant sur la Canebière était décédée suite à ses blessures dues à l’explosion d’une grenade lacrymogène devant sa fenêtre au 4e étage.
Ce jour encore, lundi 03 décembre, les lycéens réunis devant la préfecture et des militants CGT ont essuyé la répression policière orchestrée par un pouvoir aux abois entraînant plusieurs blessés par flash Ball.
Nos organisations condamnent l’usage de la force contre des manifestants pacifistes et prendront toutes les mesures nécessaires pour que les revendications puissent continuer à s’exprimer et faire plier ce gouvernement à la solde du grand capital.
Jean Gadrey : Professeur honoraire d’économie à l’Université Lille 1
L’aide sociale et les minima sociaux coûtent environ 70 milliards d’euros par an aux finances publiques, soit 3 % du produit intérieur brut (PIB). Ces prestations contribuent de façon décisive à réduire la pauvreté et les inégalités.
Face à cela, le coût de « l’assistance aux plus riches » pourrait être de l’ordre de 150 milliards d’euros par an hors fraude et évasion fiscales, et de l’ordre de 250 à 300 milliards au moins en incluant ces deux derniers coûts, comme le développait un billet de blog récent. Avec comme impact certain un creusement des inégalités et en particulier un enrichissement devenu indécent des très riches : les 500 individus les plus riches gagnent en moyenne 1 670 fois plus que la moyenne des plus pauvres. Je précise : 1 670 fois plus, après impôts.
Le coût de « l’assistance aux plus riches » pourrait être de l’ordre de 150 milliards d’euros par an hors fraude et évasion fiscales
On peut retenir trois grands postes de « cadeaux » aux plus riches. Chacun d’eux a été développé et amplifié par étapes depuis le milieu des années 1980. C’est aussi depuis ce moment que les inégalités, qui avaient nettement reculé depuis 1900 et au cours des « Trente Glorieuses », ont repris une tendance à la hausse. Cette dernière s’est certes avérée moins forte qu’aux Etats-Unis, mais elle est néanmoins nette, comme l’indique entre autres constats l’évolution de la part du revenu des ménages « accaparée » par les 1 % les plus riches :
La concentration de la richesse repart à la hausse depuis les années 1980
Niches fiscales et niches sociales
Le premier des principaux postes de « coûts de l’assistance aux riches » est constitué des niches fiscales et des « niches sociales » (réductions ou exonérations de cotisations sociales). Certaines répondent à des objectifs d’intérêt général, comme les réductions d’impôt pour les dons aux associations ou pour des travaux d’isolation. D’autres bénéficient avant tout aux personnes plus riches et ne peuvent pas être considérées comme justes. D’autres vont aux entreprises, comme des crédits d’impôt ou des exonérations de cotisations sociales. Ces dernières sont le plus souvent défendues au nom de l’intérêt général (l’investissement, l’emploi, etc.) mais quand elles remplissent mal, ou pas du tout, ces missions, elles ne font que grossir les bénéfices non réinvestis et les dividendes et, in fine, c’est principalement dans la poche des riches qu’on les retrouve.
Le modèle social français est bel et bien efficace
Si on estime, en étant « modestes », que la moitié des quelque 200 milliards de niches fiscales et sociales relève de l’intérêt général, le reste est du cadeau sans contrepartie
Un rapport parlementaire de 2010estimait que les « niches » accordées depuis 2000 représentaient un total de 100 à 120 milliards d’euros de pertes de recettes fiscales à la fin de cette décennie. Si on y ajoute les gros morceaux ajoutés en 2014, l’impôt compétitivité emploi (Cice) et le pacte dit de responsabilité, on doit approcher les 150 milliards d’euros de niches fiscales. Il faut y ajouter les « niches sociales », estimées par Le Monde à 52 milliards de coût pour la Sécu. Si on estime, en étant « modestes », que la moitié des quelque 200 milliards de niches fiscales et sociales relève de l’intérêt général, le reste est du cadeau sans contrepartie.
Une fiscalité de plus en plus douce
Le deuxième gros poste correspond à la forte baisse de la fiscalité des plus riches et des entreprises depuis une trentaine d’années. On peut estimer à 50 milliards d’euros au moins (voir ici ) le cadeau fiscal accordé aux riches, par rapport aux taux, seuils et tranches qui existaient encore au milieu des années 1980, pour l’impôt sur le revenu et pour l’impôt sur les sociétés, et par rapport aux normes de 2000 pour l’impôt sur les successions et donations.
A ce stade, le montant atteint 150 milliards d’euros de coûts publics de l’assistance aux riches, plus de deux fois les aides sociales destinées aux plus pauvres et précaires. Mais il reste une troisième rubrique, qui concerne l’évasion fiscale et la fraude fiscales, qu’il semble légitime d’assimiler à des « cadeaux » aux plus riches dans la mesure où il est certain que des politiques publiques déterminées pourraient mettre fin à – ou réduire dans de fortes proportions – ce que certain.e.s militant.e.s nomment « du vol en bande organisée ».
Au moins 100 à 150 milliards par an
La fraude fiscale « nationale » peut se distinguer de l’évasion, bien qu’une bonne partie de l’évasion fiscale à l’étranger soit frauduleuse. Pour la seule évasion à l’étranger, les estimations prudentes la situent généralement entre 60 et 80 milliards d’euros par an.
Il semble bien que la magie opère quand il s’agit d’argent allant vers le haut
Dans un billet de juin 2017 qui s’appuyait sur une expertise de Gérard Gourguechon, je posais la question : « Fraude et évasion fiscale en France : 200 milliards par an ?
1 Sur cette base, on peut estimer que le coût annuel de l’évasion et de la fraude fiscales est compris entre 100 et 150 milliards par an, sans être excessif.
Emmanuel Macron prétend qu’il n’y a pas d’argent magique, mais il semble bien que la magie opère quand il s’agit d’argent allant vers le haut.
Certains diront « à être défendu », d’autres « à lutter tous ensemble ». En fait, les deux idées sont inséparables. Le syndicat sert à s’unir, à s’organiser et à agir collectivement pour se défendre dans la lutte des classes et conquérir de nouveaux droits.
Le syndicat d’entreprise est la base du syndicalisme, car situé au plus près du salarié. Il fonctionne avec les syndiqués qui proposent, orientent et décident de l’activité.
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