Ce dont le Medef rêvait, le gouvernement l’a fait. Sur son site « service-public.fr », l’administration a mis en ligne un « simulateur des indemnités en cas de licenciement abusif » à l’usage des patrons. C’est très simple d’usage. Si vous êtes un patron, vous saisissez l’ancienneté du salarié et la taille de l’entreprise (plus ou moins de 11 salariés), puis vous cliquez sur « calculer ». C’est tout. Vous avez ainsi le prix d’un licenciement. Pas cher. Et en bonus, le modèle type de la lettre de licenciement est en ligne sur le même site ! Le Medef salue évidemment cette « bonne initiative ». Combien de temps allons-nous l’accepter ?
Cette cynique calculatrice est le résultat des ordonnances de Macron. Elle définit le nouveau cadre légal concernant les indemnisations prud’homales en cas de licenciement abusif.
Il y est écrit à titre d’exemple que si un salarié licencié illégalement après 20 ans d’ancienneté dans une entreprise saisit les Prud’hommes, il aura droit à une indemnité comprise dans une fourchette de 3 mois de salaire à 15,5 mois maximum.
Il est donc logique que les patrons sortent les calculatrices (enfin, celle que le gouvernement met gracieusement à leur disposition) : si un travailleur coûte trop cher à leur goût car il a de l’ancienneté, ou s’il est souvent en arrêt maladie suite à un accident du travail par exemple, ou parce qu’il s’est cassé le dos durant ses nombreuses années de boulot… cela ne coûterait-il pas moins cher de le licencier, de payer cette petite indemnité, et en prendre un moins cher à la place, ou encore répartir son travail entre ses collègues restants ?
Nous-mêmes, ou nos collègues, sommes directement menacés par cet odieux calcul.
Les travailleurs les plus âgés sont donc les plus menacés par ce changement. Et un nouvel obstacle s’oppose encore à eux. Depuis le 1er novembre est entrée en vigueur la nouvelle convention d’assurance chômage, signée sous Hollande.
Jusqu’à maintenant, la durée maximale d’indemnisation était de 36 mois pour les plus de 50 ans, contre 24 mois pour tous les autres. Désormais, ce plafond est ramené à 24 mois pour les personnes ayant entre 50 et 52 ans. Entre 53 et 54 ans, il est de 30 mois. Ce n’est qu’à partir de 55 ans que les 36 mois sont maintenus.
Donc un travailleur qui a bossé pendant 30 ans dans la même entreprise, licencié sans motif à l’âge de 50 ans, a droit à deux ans de chômage et 20 mois maximum d’indemnité. Et après ? Après gouvernement et patrons se fichent qu’on risque de finir nos jours dans la misère.
Pourtant on nous répète à longueur de médias que tout va bien, puisque la croissance est repartie ! Oui, le PIB (produit intérieur brut) a encore augmenté, ce qui veut dire qu’on produit encore plus de richesses en France. À qui profite notre travail ? Pas à nous manifestement.
Dans toutes les entreprises, il faut donc nous attendre à voir des licenciements illégaux, encore plus qu’avant. Le peu de protections légales qui pouvaient faire hésiter les patrons a disparu. Ce que nous avons donc à opposer, c’est notre capacité à nous mobiliser à chaque fois que ça arrivera. Se battre ensemble, par la grève, dès qu’un de nos collègues sera menacé, ce sera se battre aussi pour la sauvegarde de notre propre emploi.
Cette nécessaire solidarité entre travailleurs, nous allons aussi l’exprimer lors d’une prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle appelée par les syndicats CGT, FO, Solidaires et FSU le 16 novembre. Des journées isolées ne suffiront pas à faire plier le gouvernement sur ces ordonnances. Mais saisissons-nous de toutes les opportunités qui existent pour montrer qu’on n’est pas prêts à plier sous leurs sales calculs égoïstes.
PAR Convergences révolutionnaires