Le tour du monde des combines
Impossible de trouver une multinationale sans filiales offshore. Apple rapatrie deux tiers de ses profits en Irlande où elle est exonérée d’impôt sur les entreprises ; Nike économise un milliard d’euros par les Pays-Bas ; Facebook rapatrie ses bénéfices aux îles Caïmans ; Whirlpool fait circuler ses bénéfices entre ses filiales offshore tout en fermant des sites industriels ; Renault, PSA ou Auchan éludent respectivement 62, 57 et 22 millions d’euros à Malte… Beaucoup de PME s’y mettent aussi sans parler des milliardaires : de Bernard Arnault à la reine d’Angleterre en passant par treize proches de Donald Trump, ministres et conseillers… Toute la bourgeoisie recourt aux paradis fiscaux pour éviter de payer ses impôts.
Les immoralistes
Qu’on se rassure : « Tout est légal », répondent en chœur les entreprises. Il suffit de disposer de bataillons de juristes et d’experts en optimisation fiscale.
De bonnes âmes, un peu gênées, ont ajouté : c’est légal, mais pas moral. Autrement dit, la légalité bourgeoise et sa justice sont immorales. On s’en doutait, mais puisque c’est eux qui le disent !
À ce grand jeu, les États en rajoutent dans l’immoralité en récompensant ces mêmes multinationales abonnées à « l’optimisation », en leur offrant toutes sortes d’exonérations pour la prétendue « compétitivité ». Du coup, comment trouver de quoi assister ces malheureux très riches ? Comme disait déjà Alphonse Allais, un humoriste du 19e siècle : « Il faut prendre l’argent là où il se trouve : chez les pauvres. D’accord, ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux ! ». Résultat, pour aider nos exploiteurs, le gouvernement fait fermer des services hospitaliers, des écoles, des bureaux de poste, laisse se dégrader le réseau ferroviaire… et multiplie les « lois travail » pour précariser et paupériser les salariés.
Voilà comment se construit tout un système politique pour faire de chaque pays un paradis (pas seulement fiscal) pour les exploiteurs.
Paradis fiscal pour les uns, enfer social pour les autres
Certains gouvernants en France et ailleurs, font semblant de s’indigner. Mais, pas gêné, c’est ainsi que Macron nous inflige tout un programme de « patriotisme économique » aux frais du contribuable : suppression de l’ISF, prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital (PFU), baisse du taux de l’impôt sur les sociétés auxquels il faut encore ajouter les centaines de milliards économisés par le patronat depuis Hollande avec le CICE. Bref, tout un programme parfaitement légal visant à faire de la France un magnifique paradis fiscal. Entre-temps, simple exemple, cinq milliards d’euros ne sont pas versés à ceux qui ont droit au RSA, mais n’ont pas de conseillers pour faire valoir leurs droits !
Comment y mettre fin ?
Les places offshores et les paradis fiscaux font partie des rouages du capitalisme. Comment y mettre fin ? Puisqu’il s’agit paraît-il de moralité, donc de justice sociale, reste à imposer à ces 1 % de profiteurs une autre légalité, celle des exploités. Cela s’appelle une révolution sociale. Il serait temps de la mettre au programme du monde du travail.
Pour l’heure, nous qui n’avons pas de quoi nous payer une armée d’experts en optimisation fiscale et ne disposons que de notre travail pour vivre, il nous reste la colère, qui s’exprime de façon encore trop rentrée ou dans des luttes bien trop dispersées.
Cela dit, en attendant les choses sérieuses, quand nous saurons nous organiser pour faire converger nos luttes locales, nous avons une occasion de nous exprimer dans la rue : lors de la prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle appelée par les syndicats CGT, FO, Solidaires et FSU le 16 novembre.
PAR CONVERGENCES REVOLUTIONNAIRES