«Les élections à venir se déroulent dans un climat exacerbé de crise sociale, politique, institutionnelle et morale. Affaires, petits arrangements et petits cadeaux entre amis, mépris des engagements et de la parole donnée, mensonges à répétition, coups bas, candidats médiatiques fabriqués de toutes pièces par les puissances d’argent… tout cela témoigne de la faillite de ceux qui gouvernent depuis des années et de l’état de pourrissement préoccupant dans lequel ils ont plongé le pays. »(1) Beaucoup de nos concitoyens sont consternés et écœurés par le spectacle que nous offrent la quasi-totalité des politiciens. Beaucoup restent dans l’incertitude de leur choix à quelques jours des élections présidentielles.
Après des décennies de libéraux au pouvoir (droite ou PS) les travailleurs ont vu leurs droits disparaître progressivement au profit du pouvoir des patrons, leur pouvoir d’achat s’amenuiser d’année en année, leur vie se précariser de plus en plus. Et aujourd’hui, ces travailleurs se demandent d’où viendra la solution pour eux et leurs familles.
Car sur le fond, comme le rappelait Philippe Martinez, Secrétaire Général de la CGT, tous ces candidats sont déconnectés de la réalité du monde du travail. Il suffit pour s’en rendre compte de voir ce qu’ils disent des fonctionnaires en général (d’après eux, en gros, des fainéants trop payés), et en particulier des fonctionnaires des hôpitaux (toujours d’après eux, trop nombreux et ne travaillant pas assez…).
En réalité, le choix pour les travailleurs est très réduit. De Hamon à Le Pen, en passant bien sûr par Macron et Fillon, tous sont des candidats soutenus par le patronat et la finance, tous sont des serviteurs du capitalisme (libéraux, néo-libéraux, ultra-libéraux, « national-libéraux »…), c’est-à-dire des candidats dont le but, une fois parvenus au pouvoir, sera de réduire les droits des travailleurs (et des citoyens en général), afin de mieux passer des lois permettant aux plus riches de s’enrichir en appauvrissant encore plus les travailleurs, des lois mettant les travailleurs à la merci des employeurs et des petits chefs (comme la Loi Macron, la Loi Travail ou le Plan Hirsch par exemple).
Tous parlent de nous faire travailler plus longtemps en allongeant l’âge de la retraite, d’augmenter le temps de travail quotidien sans changement de salaire (ce qui revient donc à baisser nos salaires), bref, tous préconisent de nous exploiter encore plus, au plus grand bénéfice des patrons et des actionnaires (ce qui pour nous dans les hôpitaux passe aussi par la privatisation accrue des services publics).
Pour certains travailleurs, le Front National de Marine Le Pen semble un recours possible, ou tout au moins une façon d’exprimer leur écœurement et leur ras-le-bol. Il est vrai que Marine Le Pen et ses collaborateurs ont soigneusement travaillé ces dernières années leur image de marque et leur communication. Dans la boutique FN, cette avocate issue d’une famille très riche a su afficher un discours (copié sur la CGT) sur les salaires ou la retraite à 60 ans par exemple, mais Gattaz et le Medef sont dans l’arrière-boutique… « Le Pen porte, derrière son discours « populaire » de façade, l’intérêt des puissants à diviser les travailleurs en fonction de leur origine et son slogan « La France en ordre » sonne de manière lugubre voire fasciste tandis que ce « parti de l’ordre » qui se présente comme le parti qui veut renverser l’ordre établi… est invité par le Medef à venir présenter son programme, certifié 100% libéral. »(1) Outre la collusion évidente entre le FN et le patronat, Marine Le Pen, malgré les apparences médiatiques qu’elle se donne, n’a pas renoncé à rétablir en France un régime basé sur le modèle de celui de Pétain, dont les premières mesures furent de supprimer les libertés individuelles et syndicales et de promulguer des lois racistes… Si elle parvient au pouvoir, elle pourra utiliser pour ce faire l’état d’urgence mis en place par Hollande.
« Fillon et Macron représentent directement, avec quelques nuances de teinte, le programme de l’euro-patronat : menaces sur les syndicats, sur le droit du travail (aggravation de la loi El Khomri, suppression de la durée légale nationale du travail, fin des statuts et des conventions collectives,« ubérisation générale »), sur la santé et la Sécu (privatisation), les retraites (retraites individuelles par points, recul de l’âge de la retraite et nouvel affaiblissement des pensions), la fonction publique et les services publics (- 120 000 fonctionnaires pour l’un, - 500 000 pour un autre, qui dit mieux ?), nouveaux cadeaux géants pour le patronat, destruction des diplômes nationaux, marche à une Europe renforcée réduisant à rien les souverainetés populaires… »(1)
Quant à Hamon, « [il] représente les lambeaux d’un PS en voie d’explosion, et il ressert comme à chaque élection les vieux plats ressassés depuis 30 ans par [le PS], lui qui a été ministre de Hollande et a voté tous les budgets depuis 2012, […] qui ne veut même pas abroger la loi travail et qui [réclame] l’augmentation des dépenses militaires et l’arrimage renforcé de la France au sein de l’Union Européenne et de l’OTAN, via notamment un nouveau parlement de la zone euro, c’est-à-dire de nouvelles modalités de transfert de souveraineté ! »(1)
Le Pen et Fillon ont puisé dans de l’argent public (Le Pen au Parlement Européen, et Fillon un peu partout), Macron c’est le banquier qui demande aux citoyens de lui signer un chèque en blanc (vous signeriez, vous, un chèque en blanc à votre banquier qui vous dirait : « signez, on verra après » ?),quant à Hamon, c’est avant tout l’homme du PS, donc d’un parti massivement aux ordres du patronat.
Dans tous les cas, les travailleurs auront tout à redouter de ces candidats.
Parmi les candidats potentiellement éligibles, seul Mélenchon se positionne sur un programme qui prend en compte les difficultés des travailleurs dans l’exercice de leurs professions, qui prend en compte les difficultés des familles à joindre les deux bouts, bref, qui se positionne sur un programme visant avant tout le bien public et non pas les intérêts particuliers des grands groupes financiers et patronaux. Certes, pour les travailleurs son programme comprend certains points qui le mettront face à ses contradictions. Mais dans l’ensemble sa ligne directrice est celle qui permettra le mieux aux travailleurs de défendre leurs droits et leurs acquis, et de tenir la dragée haute au patronat. Et voter Mélenchon, dans un système politique dominé par les puissances de l’argent, reste le seul moyen de ne pas laisser le champ libre aux pires ennemis des travailleurs et de la démocratie.
D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit de voir avec quelle hargne les médias s’en sont pris à Mélenchon dès lors qu’il est apparu qu’il avait une chance d’être au deuxième tour des présidentielles ! Les patrons et la finance ne s’y trompent pas : leur ennemi, c’est Mélenchon !
L’élection d’un Président de la République n’est pas une fin en soi, ni la solution aux nombreuses difficultés endurées par les travailleurs. Derrière l’élection présidentielle se profilent les élections législatives, et quel que soit le (ou la) président élu il n’est pas certain qu’il disposera d’une majorité parlementaire pour mener sa politique.
Mais en tout état de cause, quel que soit le résultat des présidentielles, c’est dans la rue, dans les entreprises et dans les services publics que les travailleurs devront faire entendre leur voix et imposer un partage équitable des richesses. Comme en 1936, 1945 ou 1968, les grandes conquêtes sociales, le maintien et le développement de nos grands acquis ou de nouvelles conquêtes ne résulteront pas seulement de l’accès au pouvoir d’un candidat porteur d’une véritable politique alternative. Elles résulteront de la mobilisation générale des travailleurs et de leur détermination à imposer leurs droits : droit au travail, droit à une vie décente, à des salaires décents, à un avenir décent pour leurs enfants, à une retraite décente pour leurs parents, à des services publics gratuits et de qualité, etc., toutes choses qui seraient possibles sans les actionnaires et les grands patrons qui puisent dans les caisses pour leur seul profit et appauvrissent la population.
Comme travailleurs gardons en tête que notre mobilisation et notre détermination doivent être permanentes et qu’elles ne cesseront pas après les élections.
La CGT Cochin, quant à elle sera toujours au rendez-vous, aux côtés de ceux qui souffrent et qui luttent.
La CGT Cochin sera toujours aux côtés de tous ceux qui militent pour une société plus juste.
Bernard Giusti
Secrétaire Général Adjoint CGT Cochin
(1) Front Syndical de Classe