Le 1er octobre 2016, un ouvrier est mort sur le chantier de l’Opéra, à Paris, écrasé par plusieurs plaques de verres pensant chacun 250 kilos. Six jours plus tard, dans la Drôme, c’est un apprenti bûcheron qui a perdu la vie écrasé par un arbre. À la fin de ce même mois d’octobre, trois autres travailleurs sont morts, dans le secteur du bâtiment et de l’automobile : deux après des chutes de plusieurs mètres, l’autre écrasé par un camion....
Chaque année en France, on déplore 500 accidents du travail mortels. Et ce décompte macabre stagne depuis 15 ans, après avoir beaucoup diminué – on était à plus de 2000 accidents du travail mortels en 1970 [1]. « Malgré cette hécatombe de décès depuis de nombreuses années, les employeurs et les pouvoirs publics refusent de réagir de manière efficace et choisissent l’indifférence », proteste l’Union syndicale Solidaires dans son dernier bulletin d’information « Et voilà ». « Ces derniers tentent parfois de minimiser la réalité dramatique qui se cache derrière ces données chiffrées en expliquant que la population active a légèrement augmenté sur cette période et donc que la fréquence de ces décès n’est pas si importante tout compte fait… »
Davantage que la démographie, ce qui semble en cause sont bien les défaillances de la prévention des risques professionnels par les employeurs. « Tout accident de travail est évitable », assure Pascal Jacquetin, directeur adjoint des risques professionnels à la Caisse nationale d’Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) [2]. L’analyse des causes de ces drames professionnels démontre qu’ils suivent tous des scénarios identifiables, souvent prévisibles. Mis à part les malaises, tous auraient pu être évités. Le Code du travail, quoiqu’en disent ses détracteurs, fixe les grands principes que doivent respecter les employeurs « pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».
Les personnes décédées des suites d’un accident ne sont pas les seules à mourir à cause de leur travail. Il faut y ajouter ceux et celles qui sont, chaque année, emportés par une maladie professionnelle, cancers en premier lieu, ou qui meurent lors d’un accident de trajet lié au travail. On arrive alors à un total de plus de 1200 décès de travailleuses et de travailleurs par an, soit plus de 20 000 morts au travail depuis 2000 !
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