La multiplication de ces faits de répression et d'entrave au fonctionnement des organisations syndicales et de la CGT en particulier est sans conteste indicatif de la volonté des forces de conservation des privilèges et de l'exploitation de faire perdurer ces privilèges derrière les déclarations anesthésiantes sur l"après coronavirus qui ne serait plus comme avant!
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SOURCE : Le Parisien

« On ne peut pas laisser les syndiqués, les ouvriers, les citoyens, les consommateurs, les sans-papiers… tous ces gens sans aide ! » Betty fait partie de ces membres de la CGT qui passent du temps dans la petite permanence de l'union locale à Persan. Au pied de l'un des immeubles du Village, le syndicat reçoit dans quelques pièces discrètes un public très varié. Mais bientôt, tous ces habitants du Haut-Val-d'Oise et des environs ne pourront plus venir toquer à cette porte simplement floquée d'un autocollant CGT.
Car l'union locale est priée de quitter les lieux. Dans le cadre de la requalification du Village, « et en accord avec la commune », le bailleur Val-d'Oise habitat qui est propriétaire du bâtiment souhaite en effet reprendre la main sur ces pièces en rez-de-chaussée. « Le local sera destiné à la création d'un commerce de proximité, c'est son objet initial », nous indique-t-on.
Une présence depuis les années 1960
La CGT n'avait pourtant jusque-là pas été avisée d'un tel projet. « Le 22 avril, en plein confinement, nous avons reçu une lettre avec accusé de réception nous demandant de partir », expliquent les militants. Ils parviennent à obtenir un délai jusqu'au 31 août à la place du 31 mai. Mais pas davantage. Les syndiqués se sentent pris de court. « Nous avons eu plusieurs locaux en ville, toujours prêtés par la commune depuis les années 1960 », se souvient Gisèle. Voilà déjà une quinzaine d'années que l'union s'est installée rue Ambroise-Croizat.
Récemment, les militants ont profité de travaux nécessaires, à la suite d'un dégât des eaux, pour rénover l'ensemble du site, qui compte une petite salle de réunion, une de pause et un bureau.
Un lieu d'aide et de conseils pour tous
« Nous avons investi environ 8 000 euros pour tout refaire et avoir quelque chose de propre », expliquent les membres du syndicat, qui ne pensaient pas être délogés sitôt la rénovation achevée. Pour tenter de convaincre la mairie, ils ont remis aux services municipaux une liste de leurs missions. Car la vocation de l'union ne se limite pas au soutien des membres de la CGT.
« Nous faisons du conseil aux salariés et nous accompagnons les employés de toutes les entreprises quand ils en ont besoin », expliquent-ils. « En ce moment, nous recevons au moins trois ou quatre personnes par semaine, et vu la conjoncture, cela ne va pas s'arranger, constate Betty. Et puis souvent, la maison de la justice et du droit renvoie des personnes chez nous quand il s'agit d'un problème de droit du travail. »

Un QG pour de nombreux mouvements
Daniel, Gisèle, Yvan, Jean, Luc ou Micha reçoivent aussi des sans-papiers « pour les aider à faire leur dossier avant d'aller en préfecture ». La branche Indecosa de la CGT veille aussi à l'information et la défense des consommateurs.
Enfin le local de Persan sert aussi de base à d'autres mouvements. C'est là que se retrouvent par exemple les membres du comité de défense de l'hôpital de Beaumont-sur-Oise ou ceux du collectif Nord 95 pour le retrait de la réforme des retraites. « Nous accueillons aussi dans notre local des formations, explique Gisèle. Pour toutes ces raisons, il est évident que nous avons besoin d'une salle permanente, dans laquelle nous pouvons entreposer du matériel. Quand un salarié appelle, il faut que nous puissions le recevoir dans la journée. »
« Une ville n'a pas à payer pour un syndicat »
De son côté, la mairie souligne qu'à l'heure actuelle, elle débourse un loyer à Val-d'Oise habitat pour ce local. « Or, une ville n'a pas à payer pour un syndicat. » La municipalité rappelle que d'autres locaux ont été proposés, « qui peuvent être utilisés de manière régulière sur des créneaux fixes. Nous donnons même la possibilité à la CGT de déposer ses affaires sur place de manière sécurisée », détaille Morgan Touboul, du cabinet du maire.
Pas question cependant pour la ville de prêter une salle de manière permanente : « Nous ne pouvons pas avantager ce syndicat par rapport aux associations de la ville par exemple, ce ne serait pas équitable. Mais notre porte reste ouverte à la discussion s'ils souhaitent adopter une des solutions que nous leur soumettons. »
Publié par FSC