Commencer un régime à l'approche des fêtes de fin d'année relève au mieux de la témérité, au pire de l'inconscience. Et lorsqu'on baigne dans la crème glacée comme le fabricant de Magnum et Carte d'Or, Unilever, un acte que l'on sait manqué à l'avance. La vente tant attendue de ses margarines (Flora, Rama, ProActiv, etc) pour 6,8 milliards d'euros au fonds d'investissement KKR offre un cas doublement emblématique d'une destruction de valeur et d'une mauvaise décision prise sous la pression sur lequel pourront tartiner les étudiants en école de commerce. Entre l'huile de palme qui entre dans leur composition et la diététique qui les fait sortir des menus, le déclin programmé des « spreads », comme on les appelle outre-Manche (-2 % au troisième trimestre), pèse sur la croissance organique du numéro 4 mondial des biens de consommation. Il conduit son patron, Paul Polman, sommé de donner des gages de transformation après le rejet de l'OPA à 143 milliards de dollars de Kraft Heinz, à prononcer ce « Sprexit », selon le mot de l'analyste de la Société Générale, qui lui fait abandonner une activité plus rentable que la moyenne (20 % de marge opérationnelle) pour une valorisation (10 fois l'Ebitda de 2016) moitié moindre de celle obtenue par Reckitt Benckiser pour ses sauces et moutardes . Pour compenser la dilution de son bénéfice (entre 7 % et 10 % selon les courtiers), Unilever va utiliser le produit net de la vente (6 milliards) pour racheter ses propres actions, valorisées, elles, à près de 15 fois l'Ebitda. Du mauvais beurre pour les épinards des actionnaires.