L’intensification du travail et les tensions entre salariés progressent depuis huit ans
Une étude de la Dares du 1er juillet révèle une dégradation des conditions de travail depuis 2005. Le rythme de travail est de plus en plus contraint, et les situations de tensions entre salariés sont plus fréquentes.
La Dares a dévoilé, le 1er juillet 2014, les résultats de sa dernière enquête sur les conditions de travail, menée entre 2005 et 2013. Il en ressort une certaine dégradation des conditions de travail, notamment due à la crise économique qui a marqué cette période.
L’intensification du travail et l’existence de tensions entre collègues sont en effet fortement associées aux situations de précarité ou d’instabilité de l’emploi.
Les contraintes de rythme de travail ont augmenté depuis 2005…
Les contraintes sur le rythme de travail des salariés se sont accrues entre 2005 et 2013, touchant 35,2 % des salariés, après une stabilisation entre 1998 et 2005 (passant de 31 % à 31,6 %).
Ainsi, plus d’un tiers des salariés déclarent subir au moins trois contraintes de rythme parmi les sept suivantes :
déplacement automatique d’un produit ou d’une pièce,
cadence automatique d’une machine,
autres contraintes techniques, normes de production à respecter en une journée, dépendance immédiate vis-à-vis des collègues,
demande extérieure (clients et public)
et contraintes ou surveillances permanentes exercées par la hiérarchie.
Les ouvriers qualifiés sont les plus touchés par ce cumul de contraintes (54 %)
Par ailleurs, c’est dans la Fonction publique que le travail s’est le plus intensifié depuis huit ans (+ 7,3 points, contre + 2,7 points dans le secteur privé). Autre chiffre marquant : la part des salariés dont le rythme de travail est imposé par un contrôle ou un suivi informatisé est passée de 24,7 % en 2005 à 35,3 % en 2013. La Dares note que, au-delà d’une pression temporelle au travail accrue, le travail est aussi devenu plus « bousculé » (devoir fréquemment interrompre une tâche pour une autre ou changer de poste en fonction des besoins de l’entreprise) et plus exigeant en terme de vigilance.
La Dares constate que les marges de manœuvre des salariés se sont réduites entre 2005 et 2013 pour toutes les catégories professionnelles, à l’exception des ouvriers non qualifiés pour lesquels elles ont augmenté.
… de même que les contraintes physiques
En plus de relever une progression des contraintes de rythme de travail depuis huit ans, la Dares observe une légère augmentation des contraintes physiques.
Ainsi, en 2013, 34,3 % des salariés déclarent subir au moins trois contraintes physiques parmi les cinq suivantes
rester longtemps debout,
dans une posture pénible,
effectuer des déplacements à pied longs ou fréquents,
porter ou déplacer des charges lourdes,
être soumis à des secousses ou vibrations), contre 32,7 % en 2005.
Les ouvriers qualifiés et non qualifiés sont les plus touchés (respectivement 63,2 % et 64,6 % en 2013, contre 57,2 % et 61,4 % en 2005).
La coopération et les tensions entre salariés progressent
Dans son étude, la Dares constate une amélioration de la coopération entre salariés depuis 2005. Ainsi, 79,4 % disent être aidés par leurs collègues quand ils ont « du mal à faire un travail délicat, compliqué », contre 73,5 % en 2005. Les salariés déclarent aussi plus souvent une aide de leurs supérieurs hiérarchiques (65,5 % en 2013, contre 58,5 % en 2005).
Par ailleurs, 78,7 % des salariés ont eu l’occasion « d’aborder collectivement, avec d’autres personnes de (leur) atelier ou de (leur) service, des questions d’organisation ou de fonctionnement de (leur) unité de travail », alors qu’ils n’étaient que 72,2 % en 2005.
Selon la Dares, ce renforcement de la coopération explique pour une large part que, en dépit de l’augmentation des contraintes de rythme de travail, moins de salariés se déclarent toujours ou souvent « obligés de se dépêcher » en 2013 qu’en 2005 (46,4 %, contre 47,9 %).
En revanche, la Dares constate que de plus en plus de salariés indiquent « vivre des situations de tension, souvent ou suffisamment pour perturber le travail », ou bien « ne pas avoir des collègues ou des collaborateurs en nombre suffisant pour effectuer correctement le travail ». La proportion de salariés connaissant des tensions dans les rapports avec les collègues est passée de 18,5 % en 2005 à 22,6 % en 2013.
L’usage de l’informatique se répand
L’étude de la Dares fait enfin part de la forte progression de l’usage de l’informatique dans le travail.
Ainsi, 71,1 % des salariés l’utilisent en 2013, contre 59,6 % en 2005 et 50,9 % en 1998.
De plus, la moitié des salariés (51 %) utilise Internet pour leur activité professionnelle, surtout les cadres, les professions intermédiaires et les employés administratifs.
L’usage de l’ordinateur portable progresse également (23,8 % en 2013, contre 12,9 % en 2005), de même que celui du téléphone portable (44,8 % en 2013, contre 32,3 % en 2005).