Autrefois, il y a 20-30 ans, les entreprises investissaient dans le matériel, les salaires et, pour une moindre part, dans l’actionnariat. Aujourd’hui, les salariés font les frais de la crise, à travers la précarité de l’emploi, les dégâts sociaux, leurs protections sociales… Par contre, pour les actionnaires c’est l’explosion : ils se gavent des dividendes : » la part de la valeur ajoutée revenant au capital, sous forme d’intérêts versés aux banques et de dividendes octroyés aux actionnaires, a été multipliée par plus de 7, passant de 39,1 milliards d’euros à 298,6 milliards. Les seuls dividendes, qui pesaient 5 % de la valeur ajoutée il y a trente ans, en représentent 22,4 % en 2012. Les entreprises versent donc près de cinq fois plus de dividendes actuellement que dans les années 1980, alors que, dans le même temps, elles ont comprimé la part du gâteau réservée au travail. C’est bien le capital qui a tiré son épingle du jeu. Et on peut constater que, crise ou pas, que la santé des entreprises soit bonne ou mauvaise, les actionnaires sont désormais toujours gagnants : leur rémunération est préservée et toujours à la hausse. Ce, alors que, selon la théorie libérale classique, ces financiers prennent des risques en investissant, et seraient donc exposés à de mauvaises fortunes. En réalité, les risques ont été transférés sur les salariés : l’emploi et la rémunération sont les véritables variables d’ajustement. » (voir ici)
Le discours reste le même : les travailleurs sont rendus responsables de la crise économique et de ses conséquences alors qu’ils sont les seuls à faire des sacrifices… On parle du coup du travail trop élevé alors qu’il ne fait que baisser ou est voisin de celui de l’Allemagne et très proche de celui des États-Unis.
C’est ignorer délibérément le coût prohibitif du capital ! « Ce qui pénalise tous ceux qui souhaitent investir et créer de l’emploi, c’est le coût du capital, qui n’a cessé de progresser depuis trente ans. Des preuves ? D’après les comptes de la nation établis en 2010 par l’Insee, les sociétés non financières (autres que banques et assurances) ont dépensé 145 milliards d’euros en cotisations sociales et patronales, contre 309 milliards d’euros en intérêts et en dividendes. En 2011, les cadeaux aux actionnaires ont occasionné un surcoût du capital entre 50 % et 70 % ! Faut-il préciser que ce coût financier du capital ne correspond à aucun service économique rendu, ni aux entreprises (les investissements) ni à la société tout entière ?… À quoi servent les milliards d’argent public déversés sans contrôle en crédits d’impôt et autres allégements de cotisations sociales – environ 220 milliards d’euros ! –, si ce n’est à nourrir cet appétit sans fond des actionnaires ? Et pourquoi les dividendes, qui pesaient 5 % de la valeur ajoutée il y a trente ans, pèsent désormais près de 23 %, alors que, dans le même temps, la part réservée au travail n’a cessé de diminuer ? La France mérite une opération vérité. Pour que les idées alternatives s’expriment. Pour repousser chaque jour un peu plus la résignation ambiante. » Jean Emmanuel Ducoin en 2013
Les « grands » patrons tirent aussi leur épingle du jeu : Quand Lakshmi Mittal licenciait 600 salariés à Florange il empochait plus de 3 millions d’euros. Frank Riboud de Danone qui renâcle à augmenter ses employés récupère 6 millions. Carlos Ghosn qui impose un gel des salaires chez Peugeot voit sa rémunération augmenter de 174 % par rapport à 2013 et empoche 7,2 millions sans compter une somme équivalente pour son activité chez Nissan.
Bien sûr, ils ont un code de bonne conduite … qu’ils ne respectent pas : Pierre Gattaz du Médef s’est accordé une rallonge de 30 % en 2013.