Les actionnaires sont amenés à voter fin octobre. De nombreux fonds indiciels britanniques pourraient s'opposer à cette décision.
La colère monte chez les gérants de fonds londoniens. Lundi, Aviva Investors, la société de gestion d'actifs de l'assureur Aviva, a fait savoir, via le Financial Times, qu'elle voterait contre la décision d'Unilever de supprimer son siège social de Londres et de faire de Rotterdam son seul quartier général. Ce point sera à l'ordre du jour des assemblées générales qui auront lieu le 25 octobre à Rotterdam, et le 26 octobre, à Londres. Pour être adopté, il doit être approuvé par 50 % des actionnaires aux Pays-Bas et par 75 % des actionnaires britanniques.
Cette décision que le fabricant du savon Dove et des glaces Carte d'or et Magnum a pris en mars dernier, n'est pas sans conséquence sur les marchés financiers. Unilever, dont la capitalisation représente plus de 124 milliards de livres (140 milliards d'euros) va sortir du FTSE 100, l'indice de référence de la Bourse de Londres. Par conséquent, les fonds de gestion passifs, qui répliquent les indices boursiers, vont devoir vendre leurs titres.
Neuvième actionnaire du conglomérat anglo-néerlandais, Aviva Investors détient 1,4 % du capital. Il n'est pas le seul gestionnaire d'actifs à critiquer la stratégie du géant de biens de consommation. Nick Train, co-fondateur de Lindsell Train, un autre grand actionnaire d'Unilever, avec 2,5 % du capital, a fait état des mêmes inquiétudes. Le Financial Times rapporte que 10 autres fonds sont préoccupés. Ils ne souhaitent pas vendre leurs titres à une date et à un prix qui leur sont imposés.
Faire adhérer 75 % des actionnaires britanniques ne sera pas une tâche aisée. Il reste peu de temps à Unilever avant la fin octobre pour réussir à convaincre les actionnaires du bien-fondé de cette décision. Le capital du groupe est fragmenté, avec beaucoup d'actionnaires qui détiennent de toute petite part. Seuls BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs, et Leverhulme, détiennent plus de 5 % du capital, selon les données Bloomberg. Vanguard possède un peu plus de 4 % des titres.
Le fait de n'avoir plus qu'un siège social à Rotterdam n'est pas de nature à créer de la valeur pour l'actionnaire. Cette décision s'est imposée pour des raisons de gouvernance. Pour les gérants, elle a été prise après que le groupe, qui détenait cette structure bicéphale depuis près de 100 ans, a lancé une revue de sa structure à deux têtes en 2017 suite à l'OPA hostile de 143 milliards de dollars initiée par son concurrent américain Kraft Heinz .
De son côté, Unilever, interrogé par « Les Echos », explique qu'une simplification de sa structure juridique le rendrait plus compétitif pour acheter ou vendre un actif et le doterait d'une meilleure gouvernance d'entreprise en termes de démocratie actionnariale grâce à l'instauration du principe d'une action, un droit de vote. Le groupe s'est engagé auprès de ses actionnaires et est convaincu qu'une large majorité soutiendra la proposition du conseil d'administration.